Betty n’a pas beaucoup de repères pour affronter la vie. Durant son enfance, elle a peut-être envié Marie, la bonne de la famille autour de laquelle tournent les hommes ; elle l’a plusieurs fois surprise dans des ébats à teneur fortement érotique. Jamais dans une quelconque discussion : Marie incarnait la soumission, la dévotion à l’homme. Est-ce qu’à partir de là, on peut se mettre à divaguer profondément ? Peut-être bien. En tout cas ça dérape plus tard pour Betty vers un besoin irrépressible d’amants et d’alcool, d’hommes qui infligent des blessures comme pour Marie car les enfants perçoivent l’acte sexuel comme une violence envers la femme assure-t-elle lors de ses confidences à Laure, une infirmière qui l’a recueillie, également alcoolique.
Il y avait eu le bannissement, la condamnation de la famille du mari, mais l’histoire se met à peser d’autant plus que Betty continue de jouer les femmes "écervelées" en dépit du dévouement de Laure. Laure, une infirmière peut-être plus éprouvée qu’elle encore par la vie car beaucoup plus seule. C’est pour elle qu’est allée peu à peu ma sympathie parce que Betty ruse quand l‘autre garde beaucoup de fraîcheur d‘âme. Stéphane Audran, toujours belle, incarne à merveille cette infirmière à l’écoute malgré ses propres épreuves. Marie Trintignant restitue bien la Betty de Simenon, très jolie et très perdue à la fois. Notre héroïne a dans le collimateur, même à bout de forces, l’amant de Laure. Elle les a entendus et même vus lors de leurs retrouvailles quand l’infirmière la croyait endormie. C’est lourd comme le passé et ça fait déraper : elle ne saisit pas la chance de faire de cette femme généreuse son amie véritable et lui pique son amant comme par manie. Les films de Claude Chabrol font toujours beaucoup cogiter. Betty est une adaptation très réussie d’un roman de Simenon.
vendredi 25 juin 2010
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