vendredi 26 février 2010

jeudi 25 février 2010

Oiseaux volent

Un vieux dessin de Guepetto



J'ai retrouvé ce vieux dessin dans un carton, par hasard. Je l'avais fait à partir d'une illustration de Guepetto dans un livre de contes.Illustration que je trouve toujours charmante, c'est pourquoi je l'avais recopiée sans doute.

vendredi 19 février 2010

Lu hier après-midi : L'œil de l'auberge

De Yvelines Gimbert

À propos de ce roman :

C’est l’histoire d’un amour indéfectible, celle d’une mère et de son enfant né avec des malformations physiques. L’enfant sera prénommé Secret. Doué d’une vive intelligence, il comprend la raison des consignes de sa mère : rester caché. La seule personne à connaître l’existence de Secret est sa tante, nul autre en qui Amélie ait eu suffisamment confiance. Ce que pensent les gens est en effet primordial pour sauvegarder son commerce, sa vie sociale. Hors Secret n’étant pas un enfant dit légitime, ils imputeraient, d'après elle, ces difformités à une malédiction divine ou autre, avec tout ce que cela comporte de rejet à leur encontre. Cet enfant à la physionomie repoussante, Amélie va se mettre à l’aimer profondément, sa laideur très vite ne constituera pas de barrage affectif ; la communication s’établit entre eux, époustouflante. Elle pense que la société, si elle savait, irait plus loin encore que le fait, déjà grave en soi, de ne plus fréquenter son auberge, elle s’emparerait de son enfant pour le catapulter à l’asile : raison de plus pour décidément ne pas révéler son existence. Cet amour clandestin durera des années. Mais nous sommes dans le contexte de la seconde guerre mondiale. Les miliciens piétinent tout, cette belle histoire aussi. L’Œil de l’auberge, un roman écrit dans un style limpide, parlant de choses graves mais il y a tellement d’instants de bonheur, de complicité entre ces deux là. Une très belle relation qu’ils ont su préserver, en se cachant.

mercredi 17 février 2010

note à propos d'une lecture

Quand les extravagances se côtoient et se multiplient, tout peut arriver. Le tragique surtout, absurde mais l’amour également, tout aussi inattendu. L’étrange se mue peu à peu en familier, nous pouvons aider alors, la peur en moins.

humeur coquelicot

mardi 16 février 2010

Autre bouquin à lire


Télérama de la semaine.

jeudi 11 février 2010

Gabriel Chevallier — La Peur

Guerre 14-18, en Artois. Jean a 19 ans lorsqu’il se retrouve au front. Il raconte la terrible expérience des poilus.


"... La seconde marche dura douze heures et eut lieu pendant la nuit. Nous partîmes à l’improviste. Tout le bataillon somnolait et nous marchions les yeux fermés, butant les uns contre les autres. À chaque halte, nous nous endormions sur les talus. Les marches de nuit sont terribles, parce que rien n’accroche le regard et ne distrait l’esprit qui détourne à son tour le corps de sa fatigue. Nous étions à tout instant rejetés sur les bas-côtés par des caissons d’artillerie galopant furieusement, des files de camions et de lourds autobus de ravitaillement, qui n’avaient aucun ménagement pour les titubantes colonnes d’infanterie. Ces véhicules soulevaient des tourbillons d’une poussière blanche, qui se plaquait sur nos visages en sueur et les rendait craquants comme un émail. Nous étions une troupe de fantômes et de vieillards, qui ne savaient que crier : « La pause ! ». Mais toujours des sifflets nous remettaient debout, déclenchaient notre douloureux mécanisme de porteurs de fardeaux, et il semblait que nous avancions, non plus pour couvrir une étape, mais pour atteindre les limites de cette nuit, déployée sur la terre à l’infini.

Nous fûmes tirés de cette torpeur par un embrasement du monde. Nous venions de franchir une crête, et le front, devant nous, rugissait de toutes ses gueules de feu, flamboyait comme une usine infernale, dont les monstrueux creusets transformaient en lave sanglante la chair des hommes. Nous frémissions à la pensée que nous n’étions qu’une houille destinée à alimenter cette fournaise, que des soldats là-bas luttaient contre la tempête de fer, le rouge cyclone qui incendiait le ciel et ébranlait les assises de la terre. Les explosions étaient si denses qu’elles ne formaient qu’une lueur et qu’un bruit. On eût dit que sur l’horizon inondé d’essence on avait posé une allumette, que quelque génie malfaisant entretenait ces diaboliques flammes de punch et ricanait dans la nue pour fêter notre destruction. Et pour que rien ne manquât à cette fête macabre, pour qu’une opposition en accentuât mieux le tragique, on voyait monter de gracieuses fusées, comme des fleurs de lumière, qui s’épanouissaient au sommet de cet enfer et retombaient, mourantes, avec une traînée d’étoile. Nous étions hallucinés par ce spectacle, dont les anciens seulement savaient la poignante signification. Ce fut ma première vision du front déchaîné. ..."

Philo : la querelle du relativisme

Par Michel Daccache
"... Dans le cas de l’origine du peuplement indien, le relativiste admet fatalement des faits de niveau supérieur, posés comme des absolus. Par exemple, c’est pour lui un fait qu’il existe deux théories concurrentes. Et même si ce fait-là était relativisé, d’autres prendraient sa place. Il faut donc renoncer au constructivisme général des faits. ..."
...
"... En définitive, Paul Boghossian montre que rien ne nous conduit à remettre en question les concepts traditionnels de vérité, de réalité et de connaissance. Reste donc à identifier les raisons du succès de l’option relativiste. « Pourquoi cette peur du savoir ? », s’interroge l’auteur (p. 162). Le relativisme séduirait pour deux raisons, l’une n’étant « qu’apparemment bonne » et l’autre « foncièrement mauvaise » (p. XXV). La première concerne les droits des dominés : ceux-ci seraient mieux garantis par une approche semblant donner même statut à toutes les visions du monde. Mais « si les puissants ne peuvent plus critiquer les opprimés parce que les catégories épistémiques fondamentales sont inévitablement liées à des perspectives particulières, il s’ensuit également que les opprimés ne peuvent plus critiquer les puissants. Voilà qui menace d’avoir des conséquences profondément conservatrices » (p. 162). La seconde raison, plus inavouable, c’est que l’option relativiste « donne du pouvoir » (p. 162), notamment au sein de l’univers académique. Son premier effet serait de rabaisser l’ensemble des connaissances disponibles, permettant ainsi au penseur relativiste de s’attribuer un point de vue supérieur. L’ouvrage de Paul Boghossian a donc pour vertu de valider les indéniables acquis du constructivisme (il « révèle les contingences de certaines pratiques sociales qui ont pu être considérées à tort comme fondées en nature », p. 161) tout en critiquant ses excès (« il s’égare quand il aspire à devenir une théorie générale de la vérité ou de la connaissance », p. 161). Outre le fond, le texte se signale par un style sobre et clair, typique de la philosophie analytique anglo-saxonne. ..."
...
"Un relativisme construit ?
La méthode employée dans l’ouvrage peut cependant être discutée. En effet, critiquer un argumentaire que l’on a soi-même constitué (selon des modalités qui ne sont à aucun moment explicitées) pose quelques problèmes. Par exemple, on peut se demander si, à trop vouloir reconstituer des arguments relativistes jamais énoncés tels quels dans la réalité, l’auteur ne finit pas par construire un front de lutte certes homogène mais en partie imaginaire. Par ailleurs, en qualifiant de relativistes ou de constructivistes des approches extrêmement variées − sous prétexte d’embrasser large pour mieux passer au crible l’ensemble des arguments relativistes −, l’auteur inclut peut-être dans la cible de sa critique des courants de pensée qui n’y ont pas leur place. Ainsi, certains ont souligné que l’on pouvait être « anti-factualiste » (c’est-à-dire contester l’existence de faits indépendants) sans pour autant être relativiste (Deroy, 2008). Dans le même ordre d’idées, on peut faire grief à l’auteur d’interpréter certaines positions intellectuelles dans un sens relativiste alors que cela ne va pas de soi. C’est notamment le cas de sa lecture de la pensée Michel Foucault, que d’autres (on pense ici à Paul Veyne, 2008) qualifieraient plus volontiers de sceptique, se méfiant non pas de la vérité en général, mais des vérités générales, alors que d’autres encore verraient dans son œuvre une interrogation constante sur les conditions historiques et sociales d’apparition d’une vérité transhistorique. Sur le plan épistémologique, certains auteurs ont également souligné que l’on pouvait tout-à-fait « concevoir que la réalité aille de pair avec l’accessibilité épistémique, mais, s’il s’agit là aussi d’une thèse relativiste, toute philosophie anti-réaliste (au sens dumettien du terme [c’est-à-dire considérant qu’un énoncé n’est vrai que s’il est vérifiable et faux s’il est réfutable]) se voit placée dans l’obligation de se démarquer explicitement du relativisme » (Deroy, 2008). On peut par ailleurs reprocher au texte, malgré une véritable logique dans la construction de l’argumentation, d’affirmer certains points qui, sans être réellement étayés, ressemblent plus à des énoncés apodictiques qu’à de véritables arguments. C’est notamment le cas au niveau de la critique de l’inconsistance et de l’instabilité de l’épistémologie du constructivisme de la justification (développée au chap. 6 et reprise en annexes, p. 176-177, pour critiquer la démarche foucaldienne). Enfin, au lieu de les laisser pour les annexes (où ils sont d’ailleurs abordés de manière rapide), on aurait souhaité voir l’auteur discuter dans le corps du texte les arguments de tel ou tel auteur. Car, à trop vouloir dépersonnaliser l’objet de sa critique, l’auteur manque parfois une véritable discussion avec les textes constructivistes.
C’est pour toutes ces raisons que cet ouvrage semble, pour le moment, avoir plus agité le camp anti-relativiste, qui y reconnaît volontiers ses options théoriques, que les relativistes eux-mêmes, qui restent indifférents à la critique d’une argumentation qu’ils n’ont jamais revendiquée en tant que telle. La Peur du savoir n’en reste pas moins un ouvrage important qui contribuera certainement à clarifier le débat autour du constructivisme de la connaissance. Il s’agit par ailleurs d’un texte fondamental pour les sciences sociales et cela pour au moins deux raisons. D’abord, parce qu’il permet une meilleure maîtrise de leur épistémologie par les chercheurs en sciences humaines et sociales. Ensuite, parce qu’il a une portée politique réelle – notamment en ce qui concerne les droits des dominés – qui ne peut laisser sociologues et historiens indifférents"

C'est ici : http://www.laviedesidees.fr/La-querelle-du-relativisme.html

mercredi 10 février 2010

Hors-champ

... "Comme le dit le grand dramaturge Edward Bond, « que nous resterait-il aujourd’hui des Grecs s’ils ne nous avaient laissé une philosophie, un théâtre, une mythologie, des temples, des statues ? » Autrement dit un immense arrière-plan artistique et culturel créé à partir d’outils symboliques : une langue, des codes, des signes qui nous relient à une mémoire commune, à une volonté d’être ensemble et de rencontrer l’autre, de se frotter à l’inconnu, qui nous constituent en tant qu’êtres pensant, rêvant, imaginant, désirant, créant, construisant l’improbable avenir.

Ce sont ces outils qui nous permettent de nous penser, de nous ressentir, autrement qu’en tant que consommateurs ou marchands…

Notre histoire récente fut traversée de soubresauts où cette aspiration - ce désir collectif, parfois confus, souvent éclatant et vibrant - s’est manifestée. Des outils ont été construits avec le Conseil National de la Résistance. C’est ce que l’on appelle « le service public de la culture ». Il ne s’agit, en réalité, de rien d’autre que la manifestation concrète, politique, d’une volonté de donner à l’esprit sa vraie valeur dans la collectivité.
Ce service public, qui en France fut incarné par un ministère de la Culture, est en passe d’être démantelé. ..."


Ici : http://www.hors-champ.org/spip.php?article3211

Zébra cherche un job

mardi 9 février 2010

Extrait de la préface du livre intitulé La Peur

Ce livre, tourné contre la guerre et publié pour la première fois en 1930, a connu la malchance de rencontrer une seconde guerre sur son chemin. En 1939, sa vente fut librement suspendue, par accord entre l'auteur et l'éditeur. Quand la guerre est là, ce n'est plus le moment d'avertir les gens qu'il s'agit d'une sinistre aventure aux conséquences imprévisibles. Il fallait le comprendre avant et agir en conséquence.

On enseignait dans ma jeunesse - lorsque nous étions au front - que la guerre était moralisatrice, purificatrice et rédemptrice. On a vu quels prolongements ont eu ces turlutaines : mercantis, trafiquants, marché noir, délations, trahisons, fusillades, tortures ; et famine, tuberculose, typhus, terreur, sadisme. De l'héroïsme, d'accord. Mais la petite, l'exceptionnelle proportion d'héroïsme ne rachète pas l'immensité du mal. D'ailleurs, peu d'êtres sont taillés pour le véritable héroïsme. Ayons la loyauté d'en convenir, nous qui sommes revenus.

La grande nouveauté de ce livre, dont le titre était un défi, c'est qu'on y disait : j'ai peur. Dans les livres de guerre que j'avais pu lire, on faisait bien parfois mention de la peur, mais il s'agissait de celle des autres. L'auteur était un personnage flegmatique, si occupé à prendre des notes qu'il faisait tranquillement risette aux obus.

L'auteur du présent livre estima qu'il y aurait improbité à parler de la peur de ses camarades sans parler de la sienne. C'est pourquoi il décida de prendre la peur à son compte, d'abord à son compte. Quant à parler de la guerre sans parler de la peur, sans la mettre au premier plan, c'eût été de la fumisterie. On ne vit pas aux lieux où l'on peut être à tout instant dépecé vif sans connaître une certaine appréhension.

...G.C
La Peur, un roman de Gabriel Chevallier

Le théâtre en partage par Fabienne Pascaud

"Il y a un demi-siècle, Georges Wilson, qui vient de mourir, travaillait à la mise en scène d’Arturo Ui, de Bertolt Brecht, et s’apprêtait à jouer du Strindberg au festival d’Avignon sous la direction de Jean Vilar. Leurs noms restent associés au projet du Théâtre national populaire, le TNP : conquérir un vaste public avec "des œuvres de haute culture et un art de la scène libéré et exigeant". C’était leur profession de foi artistique et politique, formulée et martelée par Vilar. Georges Wilson était le dernier grand témoin de ce formidable élan culturel qui a bouleversé la France. Il fallait libérer l’art dramatique des conventions historiques et ritualisées dans lesquelles la bourgeoisie cultivait ses valeurs. Il fallait leur substituer des réalités brutes, des vérités fortes que tout le monde pourrait comprendre. Les effets de voix ont alors cédé le pas au pur langage des dramaturges et des poètes qui ne se souciaient pas de distraire mais labouraient au plus profond de la vie. Les spectateurs novices y trouvaient assez de repères pour que naisse le désir d’en savoir plus. Ainsi s’est développé le public du TNP, trois lettres d’un poids égal : le Théâtre dans sa grandeur séculaire, National dans sa grandeur géographique, Populaire dans sa grandeur sociale. Et c’est de ce théâtre que Georges Wilson hérita en 1963, tandis que Jean Vilar s’en allait à Avignon pour y rassembler une communauté d’artistes au service du partage de la culture. 1968, année du dernier acte de son utopie. Vilar, insulté, traité de "Salazar" — chef d’État et dictateur du Portugal —, affrontait une foule de manifestants les bras en croix. On lui crachait au visage. Un tournant a été pris, on ne reviendra plus en arrière. Le désir d’une relation sociale idéalement fondée sur le langage de la "haute culture" va lentement disparaître. Reste la relation par le langage du slogan. Mai 68 en inventa de mémorables. La publicité, dont c’est le métier, dispense généreusement ses formules racoleuses. La presse n’y est plus insensible, tout comme les médias audiovisuels. Les acteurs politiques ont pris des leçons chez ces professionnels et se montrent particulièrement zélés.
Le XXIe siècle met le langage en coupe réglée. Des mots disparaissent avec les réalités qui s’y rattachent, d’autres prennent leur place. Un exemple : la "compétition", qui est devenue un principe de pensée et d’action, pour tout dire, de vie. Une morale. Ainsi le mot, connexe, de "gagnant" a fait surface et enterré tous les perdants qui dans l’organisation de notre société sont encore les plus nombreux. Cette réduction du langage par le slogan est sans doute consécutive aux avancées des techniques de communication qui imposent la vitesse. Mais il y a des causes plus profondes. Le rêve du TNP reposait sur des mots qu’on n’oserait même plus prononcer. Fraternité. Les hommes unis par un lien sensible ont des obligations les uns envers les autres. Et notamment celle de partager le savoir. La situation est aujourd’hui ambiguë : un certain savoir circule en énorme quantité sur le réseau Internet, les individus se connectent. Mais ils ne se connaissent pas et ne se connaîtront jamais. Le lien sensible se nourrit des regards, des paroles, des gestes. Les microcaméras des ordinateurs n’y suffiront pas. Il faut réinventer le TNP."
Fabienne Pascaud dans Télérama (semaine du mercredi 10 février 2010)

"témoigner – à travers plusieurs réalités – des joies et des souffrances d’un homme sacrifié ...'

"Jérôme Mattogalli, dit Matto, né dans une ville volcanique endormie, suicidé dans une des chambres étouffantes de son hôpital psychiatrique, d’où l’on s’échappe vers l’Auvergne, Tanger, Buenos Aires, Dacca, ses propres écrits, pour y revenir immanquablement et assister à sa mise à mort. L’ambition de l’auteur est de témoigner – à travers plusieurs réalités – des joies et des souffrances d’un homme sacrifié, le long d’un récit ni cynique, ni ironique, ni militant, ni engagé, et pourtant cynique, ironique, militant et engagé. C’est un roman biographique, une biographie romancée, de l’ami de toujours que l’auteur veut saluer."

Ce livre est dédié à François Carrolaggi
dit Carro, né le 21 novembre 1970 et mort,
beaucoup, beaucoup trop tôt, par suicide,
le vendredi 27 décembre 2002 entre cinq
et sept heures du matin, dans sa chambre
de l’Hôpital Psychiatrique Sainte-Marie
au Puy-en-Velay, Haute-Loire.
Il avait 32 ans.


C'est ici : http://www.editionsgunten.com/catalog/product_info.php?cPath=2&products_id=130?abcde6191abcdesauge@wanadoo.frabcdeClic1

dimanche 7 février 2010

Sous le soleil d'un poète

Roland Dubillard

C’est arrivé à moi

Une étrange fille, tout à fait l’envers
d’une autre qui était
venue un jour et ne s’en allait pas ;
une fille offrant d’abord
ce que l’autre ne m’avait
donné qu’ensuite ;
achetant les boîtes pour leur couvercle
et réservant pour dans longtemps
le plaisir de se découvrir ensemble, par exemple,
à la même fumée deux cigarettes différentes ;
ronde vers le dehors et satisfaite
comme de fournir des fruits,
tandis que l’autre était creuse et secrète
comme d’aimer manger des coquillages.

Je n’ai pas reconnu tout de suite
qu’elles pouvaient l’une et l’autre toucher
d’un doigt semblable un cercle de même rayon ;
et l’une et l’autre se toucher
à travers des fenêtres semblables.
J’avais déjà beaucoup à faire
à ne pas me tromper d’œil pour les voir
et à les toucher sans colère l’une après l’autre
comme les seins d’une troisième qui semblait
me venir d’elles par moments.

Étais-je seul dans leur pensée
et dans leurs quatre mains à la manière des pianos ?

Les vêtements que l’une m’enlevait
étaient ceux-là dont au même instant je sentais
l’autre me vêtir.

Elles s’en sont allées, la perle de l’une à l’oreille de l’autre
et inversement,
tandis que je voyais mes mains faire deux ombres
sur une même table avec un seul soleil.

(Je dirai que je suis tombé, éd. Gallimard)

samedi 6 février 2010

Salon du livre à La Couture


En tout cas tout un chacun peut tjrs s'amuser à faire passer ses petits dessins sur l'ordi, histoire de se relaxer.

L'après-Grande Guerre dans la région Nord - Pas-de-Calais







Le Cabaret des oubliés


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vendredi 5 février 2010

mardi 2 février 2010

L'assassinat de Robert Ford, le jeune homme qui tua Jesse James



La peur que suscitait Jesse James chez ses cousins allait grandissant. Jesse James pour régler ses comptes, en proie à des crises de paranoïa suscitées par les récompenses offertes pour sa capture n'hésitait pas, d'après le film, à tirer dans le dos. Il justifiait ses règlements de compte par sa morale érigée en loi : pas de pitié envers ceux qu'il soupçonnait de bassesse, qui projetaient sans nul doute à ses yeux, de le livrer pour de l'argent. Jesse James s'enferma dans ce cercle vicieux, sa justice expéditive. Peu à peu son plus jeune cousin, Robert Ford, de qui il avait d'abord été le héros éprouva moins de peur que de révolte à l'encontre de Jesse et se détacha naturellement de lui. Un jour Jesse James le recruta, lui et son frère, pour faire un coup, comme s'il leur accordait une faveur. Mais n'était-ce pas une de ses mises en scène lorsqu'il partait en mission punitive contre ceux qu'il considérait comme suspects. Les jeunes gens n'avaient pas d'autre choix que d'accepter ce soit-disant braquage, craignant d'être abattus sur le champ.
Robert Ford n'est encore qu'un tout jeune homme lorsqu'il se fait sacrifier sur l'autel de la vénération portée à Jesse James. Pour nombre de gens de cette époque, il a lâchement abattu un véritable héros. Ce film dont j'ai mis un extrait est remarquable par la justesse de ton des acteurs. Le tourment des cousins notamment, dont l'admiration se délite peu à peu sous l'effet de la peur, de l'influence des autorités et de sentiments plus confus est rendu de manière tout à fait crédible. Il s'agit évidemment aussi d'une tragédie familiale.
C'est plus l'assassinat de cet enfant qu'était encore Robert Ford que celui du héros de légende Jessie James, qui bouleverse dans ce film que j'ai regardé comme un plaidoyer convaincant pour "l'anti-héros".

lundi 1 février 2010