lundi 5 octobre 2015

Une fois le corbeau parti

Une fois le corbeau parti, chacun retrouva ses esprits. L'heure était à la désolation pour Zébra. Le ruisseau se faisait moins présent ou plutôt elle était moins sensible à ses gazouillis. Une colombe était morte dans la gueule d'un chien. Que pouvait-elle faire, elle, pour compenser cette perte auprès du corbeau ?
 
— Phil, dit-elle au bout d'un moment, je pense que le corbeau s'est trompé à notre sujet comme à celui du chien, comme à celui du chat. Il doit nous rendre la liberté. Tu n'as pas à t'occuper de Lulu, il se débrouillera bien tout seul, rencontrera une chatte et tout rentrera dans l'ordre pour lui. Vois ce qui est arrivé à la colombe, pourquoi n'en serait-il  pas de même pour moi un jour avec le chat ? sans vouloir me comparer à une colombe. Pourquoi défier les lois naturelles ?
 
— Tu as perdu la foi ?
 
— La foi que la dessinatrice m'avait communiquée. Son esprit nous dit de nous en aller vivre libres, elle va sans doute récupérer son chat et saura mieux s'en occuper que nous ou le corbeau.
 
— C'est vrai qu'elle nous avait communiqué tant d'informations sur son monde... Informations étranges qui nous faisaient peut-être confondre un peu les choses car en vrai, je ne suis pas vraiment au point avec la philo. Parfois elle me souffle un peu mal les choses, vois-tu. Suis-je vraiment descendant de Pégase par exemple ? Me voici assailli de doutes. 
 
— oui, répondit Zébra,  c'est comme son histoire de Disney par exemple, qui a anobli les souris. Maintenant elle me souffle de m'en aller où bon me semble, d'oublier. Je suppute que tout ça ne soit que des histoires d'humains. Nous, ils s'en fichent .... notre état de conscience, ils s'en fichent voilà tout.
 
— Je l'entends aussi. Je te dis qu'elle va récupérer le chat en même temps.
 
En effet Lulu, affamé, tendait l'oreille à l'appel de sa maîtresse, appel fait d'ondes particulières car tout restait silencieux autour du ruisseau après la mort de la colombe. Lui  aussi avait envie que l'aventure se termine avec Crasscoa malgré la reconnaissance qu'il lui devait,  et avec les humains si cela se trouvait, compte tenu de l'esprit de la maîtresse qui  communiquait des choses au cheval et à Zébra, et surtout, qu'elle se termine avec ces deux-là justement. S'il allait avoir la pulsion qu'avait eue le chien envers la colombe, cela ficherait une embrouille de tous les tonnerres avec le cheval qui aimait tant sa protégée. Il pourrait se faire amocher sérieusement à coups de sabot et ce serait pire qu'avec l'aigle. Il écouta la souris reprendre son dialogue avec Phil :
 
— Phil, le mieux serait que je reprenne ma taille de souris véritable et que tu redeviennes totalement cheval en oubliant Pégase et toutes ces choses. Tiens-toi prêt. Je me rapetisse en souris de taille normale, et vais m'accrocher à ton crin. Je ne veux plus être une amazone, juste une souris. Et que tous les deux nous trottions près du cours d'eau. Crasscoa s'il ne me voit plus et si tu ne lèves pas la tête quand il appelle, n'insistera pas. La perte de la colombe va l'occuper un moment. Il  se débrouillera seul avec ses désillusions, nous avons bien assez d'échapper à la folie des hommes.
 
— Et Chevaline, ma compagne, que crois-tu qui lui soit arrivé ? La même chose qu'à la colombe ?
 
— Non, puisque celle qui la montait lui disait des poèmes m'as-tu dit. Tu ne communiques plus avec elle  par la pensée ?
 
— Si. Mais ces mauvaises nouvelles m'ont mis à cran. Elle doit sentir comme un vide là-bas. Je n'ai plus l'énergie de lui parler en moi-même.
 
— Justement, partons de l'avant en reprenant notre liberté.
 
Zébra se mit à fondre et, petite souris, s'accrocha à la crinière de Phil. Tous deux s'en allèrent ainsi droit vers l'horizon, laissant Lulu,  qui avait tout entendu,  sur le carreau. Ce n'était pas si grave, il n'avait jamais vraiment fait connaissance avec eux.
 
Ainsi se termine ce conte.
 
   
 
 
 
 

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