LE BLUET
La nature, toujours variée dans ses combinaisons, a su entremêler ses bienfaits de manière à éviter l’uniformité dans les nuances ; ainsi, au milieu d’une nappe dorée d’épis, on retrouve épars çà et là le bluet dont le nom indique suffisamment la couleur. C’est avec son calice azuré, détaché de sa tige, que les habitants des champs se tressent des couronnes que l’ambitieux citadin ne leur envie guère.
Au courage mâle et guerrier
Echoit pour couronne un laurier ;
A tout moderne Démosthène
On offre la feuille de chêne ;
Pour la bergère qui lui plaît
Le berger tresse le bluet.
Si des bords fortunés où coule le Parnasse,
Les enfants d’Apollon ont moissonné les fleurs ;
Il peut être permis aux timides auteurs
De cueillir les bluets que le hasard leur laisse.
Si des bords fortunés où coule le Parnasse,
Les enfants d’Apollon ont moissonné les fleurs ;
Il peut être permis aux timides auteurs
De cueillir les bluets que le hasard leur laisse.
LE LIMACON ET LA CHENILLE
Fable
A quoi sert, disait la chenille
A certain limaçon,
De vous cloîtrer d’aussi sotte façon
Dans votre ennuyeuse coquille ?
En vérité, le ciel n’y pensait pas
Quand il vous fit cette triste masure ;
Sans la traîner vous l’osez faire un pas ;
C’est une erreur de l’antique nature.
Bien plus que vous la nature eut raison,
Dit l’escargot à la dame railleuse :
Elle a rendu ma destinée heureuse.
Rien de plus cher que ma simple maison ;
Lors des frimas, elle est mon seul refuge,
J’y brave en paix et chaleurs et déluge.
Aux douceurs de la liberté
Je préfère ma sûreté.
En s’étalant, l’indiscrète commère
Riait tout bas de ses sages raisons,
Et se jouant de diverses façons,
Raillait son lourd et tranquille adversaire
Qui, Diogène nouveau,
N’osait sortir de son tonneau,
Mais tout-à-coup l’atmosphère se couvre,
L’aquilon souffle, un nuage s’entr’ouvre
Et de grêlons blanchit les alentours ;
Or, des rivaux finirent les discours.
Le limaçon rentra dans sa coquille.
Point n’en fut onc pour la pauvre chenille ;
Qui reconnut à son dernier soupir :
Qu’utilité passe avant le plaisir.
Jean Claude Léonard Poisle Desgranges ( Wiki source)
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