Il n’est pas étonnant que Dostoïevski fasse exprimer à l’un des personnages de son roman un certain scepticisme au sujet de la notion de découverte en soi (lorsque ce personnage parle de Christophe Colomb notamment), traduisant peut-être par là son propre sentiment de fatalité quant à la destinée du Prince Muichkine. Celui-ci va en effet de découverte en découverte à travers entre autre, l’expression des visages de ceux qu’il traite d’emblée comme des proches, leurs discours etc., sans trop comprendre de quoi il retourne parfois, ou ne le comprenant que trop bien à d’autres moments. La dernière découverte, particulièrement macabre, ne sera d’ailleurs pas digérée du tout : retour donc à la case départ pour lui. Le contexte de violence sociale qui va bientôt atteindre son paroxysme en Russie se fait ressentir dans la défiance des personnages entre eux. Lebedev joue double, voire "triple-jeu", selon bien entendu ses intérêts, s’adapte à toutes les situations avec sa dose quotidienne de cynisme à rebours, lui et "ses amis" oscillent entre des attitudes généreuses ou prédatrices envers Léon Nicolaïevitch Muichkine. Ils finissent pourtant par être, le plus souvent, sincèrement amicaux avec lui, étant donné la candeur désarmante du prince Muichkine, et ses efforts évidents pour échapper à la condition d’inadapté tant redoutée de lui, et pour cause ; efforts d’adaptation qu’il nomme "sa bonne volonté". La Haute société quant à elle, Dostoïevski nous la montre comme un infernal panier de crabes où son héros, au comble de la tension nerveuse, perd littéralement pied en raison d’une crise d’épilepsie qui le terrasse soudainement. On se dit évidemment devant ce marasme qu’il eût mieux valu, dans cette situation, ne serait-ce qu’un tout petit peu de misanthropie de la part du prince Muichkine, de défiance que l’on pourrait apparenter à l’instinct de conservation. Mais le prince voulut à tout prix faire montre de cette confiance dans le prochain que sa foi lui intime d’avoir ; confiance qu’il semble éprouver de façon toute artificielle, à en juger par son agitation lorsqu’il se retrouve parmi la Haute société. Est-ce une interprétation du destin de Jésus qui transparaît chez Dostoïevski dans ce roman ou l‘expression de sa foi en l’homme qui vacille dans un contexte historique très difficile ? Ce livre L’Idiot représente en tout cas un travail colossal, reconnaissance de la part des lecteurs oblige !
lundi 25 octobre 2010
Mes impressions après la lecture de L'Idiot
Il n’est pas étonnant que Dostoïevski fasse exprimer à l’un des personnages de son roman un certain scepticisme au sujet de la notion de découverte en soi (lorsque ce personnage parle de Christophe Colomb notamment), traduisant peut-être par là son propre sentiment de fatalité quant à la destinée du Prince Muichkine. Celui-ci va en effet de découverte en découverte à travers entre autre, l’expression des visages de ceux qu’il traite d’emblée comme des proches, leurs discours etc., sans trop comprendre de quoi il retourne parfois, ou ne le comprenant que trop bien à d’autres moments. La dernière découverte, particulièrement macabre, ne sera d’ailleurs pas digérée du tout : retour donc à la case départ pour lui. Le contexte de violence sociale qui va bientôt atteindre son paroxysme en Russie se fait ressentir dans la défiance des personnages entre eux. Lebedev joue double, voire "triple-jeu", selon bien entendu ses intérêts, s’adapte à toutes les situations avec sa dose quotidienne de cynisme à rebours, lui et "ses amis" oscillent entre des attitudes généreuses ou prédatrices envers Léon Nicolaïevitch Muichkine. Ils finissent pourtant par être, le plus souvent, sincèrement amicaux avec lui, étant donné la candeur désarmante du prince Muichkine, et ses efforts évidents pour échapper à la condition d’inadapté tant redoutée de lui, et pour cause ; efforts d’adaptation qu’il nomme "sa bonne volonté". La Haute société quant à elle, Dostoïevski nous la montre comme un infernal panier de crabes où son héros, au comble de la tension nerveuse, perd littéralement pied en raison d’une crise d’épilepsie qui le terrasse soudainement. On se dit évidemment devant ce marasme qu’il eût mieux valu, dans cette situation, ne serait-ce qu’un tout petit peu de misanthropie de la part du prince Muichkine, de défiance que l’on pourrait apparenter à l’instinct de conservation. Mais le prince voulut à tout prix faire montre de cette confiance dans le prochain que sa foi lui intime d’avoir ; confiance qu’il semble éprouver de façon toute artificielle, à en juger par son agitation lorsqu’il se retrouve parmi la Haute société. Est-ce une interprétation du destin de Jésus qui transparaît chez Dostoïevski dans ce roman ou l‘expression de sa foi en l’homme qui vacille dans un contexte historique très difficile ? Ce livre L’Idiot représente en tout cas un travail colossal, reconnaissance de la part des lecteurs oblige !
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