mardi 17 août 2010

Une marche pas forcée

Hier j’ai marché durant une trentaine de kilomètres. C’était sous une pluie fine pas désagréable. Je n’ai rencontré pratiquement personne, les gens étaient sûrement chagrinés par ce temps d’allure maussade. J’avais donc le chemin du halage pour moi seule. Faute de pouvoir faire l’expérience du chemin de Compostelle, qui paraît-il en vaut la peine, j’ai arpenté celui du halage en sportive invétérée alors que j’ai perdu l’habitude de me bouger autant. Des pensées affluaient à mon esprit, mais je sentais mon rythme cardiaque très apaisé, signe que l’initiative était bonne. Je me suis mise à penser involontairement à une personne en particulier que j’aurais aimé rencontrer un jour, afin de lui parler de ces situations parfois compliquées, qui embrouillent tout alors que les intentions sont bonnes, situations qui ne sont que le miroitement de relations difficiles entre des protagonistes n’ayant rien à voir avec vous mais qui bloquent tout comme par esprit de contrariété. La pluie s’est mise à battre son plein, cette douche me faisait un bien fou. Les jambes tenaient bon, d’humeur allègre je laissais les pensées suivre leur cours. La veille au soir, j’avais vu une émission sur Elvis Presley. J’imaginai son incroyable maman souriant parmi son élevage de poules, se fichant pas mal de la Cadillac rose d’Elvis, mais heureuse de toute cette affection que lui portait son fils. « That’s all right mama anyway you do … », ces deux là étaient positivement réconfortants. De loin je voyais se profiler un pont, l’endroit où je me trouvais n’avait d’importance que par la perspective qu’il offrait, promettant des kilomètres de marche à l’infini. Je me suis remémoré ce jour où j’étais arrivée chez Wally. Grand admirateur d’Elvis, il chante son répertoire sur la scène de son café auberge devant un public familial. Un jour, avec mon compagnon, nous étions parvenus à destination, c'est-à-dire chez lui, un peu au pif, alors que sa prestation allait bientôt commencer. Nous ne connaissions pas l’endroit, un serveur nous a conduits aux deux places restées vacantes, juste devant la scène ; il y avait de grandes photos d’Elvis, dont certaines lorsqu’il était bébé, je lui trouvai un petit air de poupin asiatique. Ça avait été un moment magique. Mon ami avait à l’époque, écrit une nouvelle un peu dérangeante concernant les imitateurs du king et semblait confondu face à la sincérité et au talent de Wally. Il y a un mystère Elvis, un esprit bienveillant semble habiter ceux qui l’apprécient à ce point. Bien d’autres drôles d’images liées à des souvenirs me traversèrent l’esprit durant cette marche qui se déroulait sur ce chemin déserté à cause de la pluie. La pensée des Musulmans en plein ramadan, finit de me plonger dans cet état d’esprit assez mystique. J’étais en train de me solidariser avec eux en ce moment, depuis le temps que durait cette marche, j’avais l’estomac creux et noué. Toute vraie aventure est un peu mystique à vrai dire…ainsi ai-je pensé tout naturellement encore à Marilyn Monroe chantant «My heart belongs to daddy» à un moment donné. «My heart belongs to daddy
And my daddy belongs to my heart».
Le Daddy peu être entendu comme la divinité, au bout du compte, et la terre comme une mère nourricière. Pas mal de personnes, encore de ce monde ou pas, se présentèrent à mon esprit durant ce marathon, jusqu’à ce que je rentre complètement trempée à la maison, mais nettoyée, lavée, lessivée.
Et ce matin je me sens plutôt encline à recommencer l’expérience «I’m singing in the rain».

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