lundi 31 mai 2010

Les apories de la ville durable

Par Stéphane Füzesséry et Nathalie Roseau
"Encore peu présente dans le débat public en France il y a seulement dix ans, la notion de « ville durable » (Sustainable City) suscite aujourd’hui un intérêt certain auprès de l’État, des collectivités locales, des associations, des entreprises, des praticiens ou encore des chercheurs. Pourtant, tout comme celle de « développement durable » dont elle s’inspire, l’expression demeure passablement confuse. Plus encore, la question de son opérationnalité reste, aujourd’hui encore, largement ouverte. Né dans les années 1990 dans le sillage de l’écologie urbaine, dans un contexte marqué par la multiplication des politiques urbaines environnementales, le concept de « ville durable » soulève en effet plusieurs séries de contradictions sémantiques et pratiques.
Définie comme une ville totalement ou partiellement autosuffisante, c’est-à-dire une ville capable, pour assurer sa longévité, de satisfaire localement les besoins fondamentaux de ses usagers sans faire peser ses coûts de développement sur d’autres territoires, la ville durable pose tout d’abord le problème de l’articulation entre les enjeux environnementaux globaux et les logiques propres de son développement. En effet une ville, si elle ne souhaite pas peser négativement sur son environnement global, peut-elle durablement mettre en œuvre une stratégie de mutation « endogène », c’est-à-dire maîtriser l’impact de son extension et privilégier la compacité de son développement, recycler ses flux, équilibrer sa consommation et sa production, réduire ses dépendances, voire parer de manière efficace les menaces qui pèsent sur elle ? ..."

Intégral : http://www.laviedesidees.fr/Les-apories-de-la-ville-durable.html

Un poème de Pekka Parkkinen

Pekka Parkkinnen est né en 1940. Poète d’expression finnoise, aéronaute. Poésie très personnelle où la notation sensible est toujours sauvée par l’humour avant de devenir sensiblerie. Plusieurs recueils dont : Si j’aimais mon pays, 1967 ; C’est ainsi, 1970 ; Plume, 1978. (de la revue littéraire mensuelle europe, juin juillet 1985 - littérature de Finlande)

entre les troncs de la forêt je m’avançai
et furent présentes la pierre et la fleur
présente la demeure de pins
toit d’aiguilles étanche pièces si
denses et avec tant de portes
que dedans je me trouvai partout en même temps
dans la lumière de la forêt je marchai et jetai une ombre
Je vis ainsi où commençaient mes pieds
et s’achevait ma tête
les murs de chaque pièce vacillaient dans le vent
mon ombre sur les bruyères ne pesait rien
je mesurai des bras la distance entre deux arbres
ç’eût été une porte à sa mesure si l'ours fût venu habiter ici
et puisque j'en étais à meubler la forêt
j'allai à la recherche de l'ours et le découvris
mais il était déjà cerné vendu tué
et bon pour les propos de table de ces messieurs
pour leurs photos et articles aux journaux étrangers
sa peau acquise par un Allemand
bouffeur de saucisses et lorsque
là-dessus je fus revenu
la forêt était abattue les troncs mis en stères
le contremaître distribuait à l'orée de la coupe
babioles rondes
un argent de tôle aux bûcherons

* * *


parle, parler
parler peuplier saule pin parasol
horizon couché lune décorative

appeler les voix de la nuit
le silence et le crépuscule
puis la lumière
voir le noir

aller, aller
aller sous les vastes voûtes de l'esprit
parmi l'automne et le printemps
percevoir des relents de trépas
et comme le jardin de la vie sent bon

frapper, frapper
frapper contre la face de la lune
avec un crayon de pin parasol
y écrire
lune lune lune

ouvrir les pages rondes du livre lunaire
y lire la louange à la nuit
cette nuit qui est cendres
et que voilà soupoudrant mon papier

* * *


j'ai vu le sourire d'un homme
trahi par son ami
le feu de grande mélancolie étalé
à travers ses yeux
puis le cadre gravé du miroir
j'ai vu la fléole des prés en fleur
la forêt de mâts des bateaux à voile
et comment elle chante
j'ai vu la mer
les commissures des lèvres écumantes
se jeter sur le passant
et j'ai senti ce sel sur mes yeux
j'ai souri.

Traduit du finnois par Natalia Baschmakoff
et adapté par Mohammed Dib

lundi 24 mai 2010

samedi 22 mai 2010

L’arrière-champ social et politique de la psychanalyse

"L’anthropologue se doit de travailler un terrain exotique. Ici le provincial se déplace dans les cabinets parisiens et lacaniens, mais l’essentiel réside plutôt dans l’extraterritorialité de la psychanalyse. Une pratique difficile à situer dans l’espace social, qui est à la fois omniprésente médiatiquement et dont les acteurs cultivent une forme d’invisibilité, ce dont témoigne l’imprécision des statistiques (5 000 praticiens français ?). L’anthropologue de proximité n’en rencontre pas moins l’inhospitalité, puisqu’il se refuse à employer les bons « mots de passe ». L’enquête du non-initié patine. L’anthropologue s’épuise à négocier perpétuellement sa place aux frontières de la cure. Sans passer de l’autre côté, l’enquêteur change certes finalement de statut, de patient potentiel à médiateur, mais l’arrière-monde de la psychanalyse reste invisible. C’est donc dans le champ social et politique que l’anthropologue décide de déplacer son regard.
La souveraineté freudienne sur « la juridiction des problèmes personnels » repose, selon Lézé, sur une légitimité intellectuelle profonde et sur la réponse concrète apportée par la psychanalyse dans les champs de la psychiatrie, de la pédiatrie ou de la psychosomatique. La psychanalyse a été reçue à la fois comme un discours intellectuel critique et comme une source d’émancipation individuelle. Mais, au-delà de ces fondements bien connus, c’est l’organisation militante charismatique, c’est l’institution non académique, qui permettent de préserver une autorité tout à la fois au cœur et en marge de l’espace social. Cette « dignité » de la psychanalyse qui transparaît dans l’asymétrie patient-analyste est fondée sur une éloquence et une présence spécifiques qui rompent avec le régime de conversation usuelle et soutiennent l’individu : le « bon » psychanalyste est un corps et une voix. L’analysant s’affilie en fin de compte à un mouvement social, sa conversion étant aussi un acte militant au service de la cause. Dans ce dispositif, la cure psychanalytique peut être assimilée à un fait d’organisation politique."


L'article intégral : http://www.laviedesidees.fr/Anthropologie-politique-de-la.html

lundi 17 mai 2010

Mississippi burning







Très bon film, que j'ai regardé ce soir sur la deux de la chaîne Belge.

jeudi 6 mai 2010

Suite de l'extrait de l'avant-propos du livre Aux origines des plantes

« Les plantes sont vulnérables et n’opposent à la destruction que leur nombre. Détruire une plante est toujours aisé ; elle ne risque pas de s’enfuir. Avec une simple tronçonneuse, quelques minutes suffisent pour jeter à bas un arbre de dix siècles ; sa longévité ne le protège pas ; non violent par nature, il tombera sans se défendre ni se plaindre.
La vulnérabilité végétale fait perdre la raison à ceux pour qui la destruction correspond à un gain financier ; on le voit actuellement avec la déforestation au Canada, au Brésil, en Malaisie, au Gabon ou encore en Tasmanie, où les coupeurs de bois, devenus fous furieux à force de ne s’intéresser qu’à leurs propres bénéfices, mettent en danger l’avenir de la planète.
Mais pour le commun des mortels cette totale vulnérabilité a un effet apaisant et suscite plutôt un sentiment de compassion. « Chênes, les vents tirent de vous des chants si plaintifs et si doux qu’ils m’enchantent et me bouleversent », disait Paul Fort.
Chasser un animal pour le tuer confère du prestige, mais il n’y a pas d’éloges à attendre pour avoir détruit une plante, incapable de fuir et de se défendre. Pour Pierre Lieutaghi, cela remonte aux origines de l’espèce humaine : « À Lascaux déjà, on ne voit rien de végétal ; l’animal-roi semble occuper tout l’espace … . C’est seulement que la plante ne prête pas à gloire, qu’on ne la vainc pas dans les périls. Rien pour la mémoire des exploits … »
L’esthétique a une place de choix parmi les aspects bienfaisants des plantes. Rares sont ceux qu’elle laisse indifférents, et des personnalités très diverses en témoignent. « Regardez les lis des champs, dit le Christ, ils ne tissent ni ne filent, et pourtant, je vous le dis, Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’a jamais été vêtu comme l’un d’eux. » L’architecte Abel Hermant est lui aussi sous le charme : « Avec plus de force et de pureté que le plus bel édifice humain, l’arbre nous donne un exemple d’équilibre parfait entre la Fonction, la Structure, la Forme et l’Action : exactitude et harmonie qui se nomment Beauté. » …
À l’attrait visuel s’ajoute, plus importante peut-être, l’esthétique olfactive, car les végétaux sont les maîtres des parfums. Les témoignages sont innombrables et incroyablement variés … La palme revient à Colette : « Quant aux géraniums rouges, ils exhalaient, humides, ce parfum complet qui fait songer à l’amour et regretter de n’être pas amoureux. »
On le voit, l’intérêt envers les plantes n’est pas sans fondement. S’il s’avère qu’elles sont nos amies, qu’elles nous apaisent par leur calme et leur silence au point de faire de nous des non-violents ; si leur esthétique somptueuse, capable de nous élever jusqu’aux sommets de la spiritualité, est « opposable » au pire », alors peut-être est-il temps que nous commencions, collectivement, à prendre la mesure de leurs mérites ? Cela nécessite d’abord de faire leur connaissance, ce que vous propose l’ouvrage que vous tenez entre les mains. »

L'ouvrage s'intitule donc "Aux origines des plantes" sous la direction de Francis Hallé, chez Fayard. Post-face : " Sous la direction scientifique de Francis Hallé, les meilleurs spécialistes mondiaux racontent les plantes, les arbres, les fleurs ... Un véritable hymne à l'évolution et à la biodiversité..."