« Les plantes sont vulnérables et n’opposent à la destruction que leur nombre. Détruire une plante est toujours aisé ; elle ne risque pas de s’enfuir. Avec une simple tronçonneuse, quelques minutes suffisent pour jeter à bas un arbre de dix siècles ; sa longévité ne le protège pas ; non violent par nature, il tombera sans se défendre ni se plaindre.
La vulnérabilité végétale fait perdre la raison à ceux pour qui la destruction correspond à un gain financier ; on le voit actuellement avec la déforestation au Canada, au Brésil, en Malaisie, au Gabon ou encore en Tasmanie, où les coupeurs de bois, devenus fous furieux à force de ne s’intéresser qu’à leurs propres bénéfices, mettent en danger l’avenir de la planète.
Mais pour le commun des mortels cette totale vulnérabilité a un effet apaisant et suscite plutôt un sentiment de compassion. « Chênes, les vents tirent de vous des chants si plaintifs et si doux qu’ils m’enchantent et me bouleversent », disait Paul Fort.
Chasser un animal pour le tuer confère du prestige, mais il n’y a pas d’éloges à attendre pour avoir détruit une plante, incapable de fuir et de se défendre. Pour Pierre Lieutaghi, cela remonte aux origines de l’espèce humaine : « À Lascaux déjà, on ne voit rien de végétal ; l’animal-roi semble occuper tout l’espace … . C’est seulement que la plante ne prête pas à gloire, qu’on ne la vainc pas dans les périls. Rien pour la mémoire des exploits … »
L’esthétique a une place de choix parmi les aspects bienfaisants des plantes. Rares sont ceux qu’elle laisse indifférents, et des personnalités très diverses en témoignent. « Regardez les lis des champs, dit le Christ, ils ne tissent ni ne filent, et pourtant, je vous le dis, Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’a jamais été vêtu comme l’un d’eux. » L’architecte Abel Hermant est lui aussi sous le charme : « Avec plus de force et de pureté que le plus bel édifice humain, l’arbre nous donne un exemple d’équilibre parfait entre la Fonction, la Structure, la Forme et l’Action : exactitude et harmonie qui se nomment Beauté. » …
À l’attrait visuel s’ajoute, plus importante peut-être, l’esthétique olfactive, car les végétaux sont les maîtres des parfums. Les témoignages sont innombrables et incroyablement variés … La palme revient à Colette : « Quant aux géraniums rouges, ils exhalaient, humides, ce parfum complet qui fait songer à l’amour et regretter de n’être pas amoureux. »
On le voit, l’intérêt envers les plantes n’est pas sans fondement. S’il s’avère qu’elles sont nos amies, qu’elles nous apaisent par leur calme et leur silence au point de faire de nous des non-violents ; si leur esthétique somptueuse, capable de nous élever jusqu’aux sommets de la spiritualité, est « opposable » au pire », alors peut-être est-il temps que nous commencions, collectivement, à prendre la mesure de leurs mérites ? Cela nécessite d’abord de faire leur connaissance, ce que vous propose l’ouvrage que vous tenez entre les mains. »
L'ouvrage s'intitule donc "Aux origines des plantes" sous la direction de Francis Hallé, chez Fayard. Post-face : " Sous la direction scientifique de Francis Hallé, les meilleurs spécialistes mondiaux racontent les plantes, les arbres, les fleurs ... Un véritable hymne à l'évolution et à la biodiversité..."
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