lundi 31 mai 2010

Un poème de Pekka Parkkinen

Pekka Parkkinnen est né en 1940. Poète d’expression finnoise, aéronaute. Poésie très personnelle où la notation sensible est toujours sauvée par l’humour avant de devenir sensiblerie. Plusieurs recueils dont : Si j’aimais mon pays, 1967 ; C’est ainsi, 1970 ; Plume, 1978. (de la revue littéraire mensuelle europe, juin juillet 1985 - littérature de Finlande)

entre les troncs de la forêt je m’avançai
et furent présentes la pierre et la fleur
présente la demeure de pins
toit d’aiguilles étanche pièces si
denses et avec tant de portes
que dedans je me trouvai partout en même temps
dans la lumière de la forêt je marchai et jetai une ombre
Je vis ainsi où commençaient mes pieds
et s’achevait ma tête
les murs de chaque pièce vacillaient dans le vent
mon ombre sur les bruyères ne pesait rien
je mesurai des bras la distance entre deux arbres
ç’eût été une porte à sa mesure si l'ours fût venu habiter ici
et puisque j'en étais à meubler la forêt
j'allai à la recherche de l'ours et le découvris
mais il était déjà cerné vendu tué
et bon pour les propos de table de ces messieurs
pour leurs photos et articles aux journaux étrangers
sa peau acquise par un Allemand
bouffeur de saucisses et lorsque
là-dessus je fus revenu
la forêt était abattue les troncs mis en stères
le contremaître distribuait à l'orée de la coupe
babioles rondes
un argent de tôle aux bûcherons

* * *


parle, parler
parler peuplier saule pin parasol
horizon couché lune décorative

appeler les voix de la nuit
le silence et le crépuscule
puis la lumière
voir le noir

aller, aller
aller sous les vastes voûtes de l'esprit
parmi l'automne et le printemps
percevoir des relents de trépas
et comme le jardin de la vie sent bon

frapper, frapper
frapper contre la face de la lune
avec un crayon de pin parasol
y écrire
lune lune lune

ouvrir les pages rondes du livre lunaire
y lire la louange à la nuit
cette nuit qui est cendres
et que voilà soupoudrant mon papier

* * *


j'ai vu le sourire d'un homme
trahi par son ami
le feu de grande mélancolie étalé
à travers ses yeux
puis le cadre gravé du miroir
j'ai vu la fléole des prés en fleur
la forêt de mâts des bateaux à voile
et comment elle chante
j'ai vu la mer
les commissures des lèvres écumantes
se jeter sur le passant
et j'ai senti ce sel sur mes yeux
j'ai souri.

Traduit du finnois par Natalia Baschmakoff
et adapté par Mohammed Dib

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