mardi 31 mai 2016

La phonétique passée au crible



Si vous avez écouté la lecture géniale de L'ange du bizarre d'Edgar Allan Poe (post précédent), vous avez derechef compris l'importance de la phonétique. Paul Féval avait déjà joué avec la phonétique allemande tronquée, le germanique mis en scène disant le b à la place d'un p, ce qui donnait bère, au lieu de père, autant de lettres inter changées laissant l'impression à l'auditeur que la personne parlant ainsi avait un rhume doublé d'une difficulté si pathétique qu'elle tournait au comique,  pour articuler. 

Il paraît que les français quand ils parlent l'anglais laborieusement donnent aux anglais non avertis l'impression que leurs interlocuteurs  se remettent  à peine d'un AVC, .... tellement la langue de beaucoup de français est lourde, comme pâteuse, pour parler la leur. Comme si les laborieux orateurs manquaient affreusement de vivacité d'esprit.

Mais c'était merveilleux d'entendre l'Ange du bizarre doté de cet "accent" germanique du dix-neuvième siècle (car leurs descendants ont beaucoup progressé en phonétique de la langue française depuis).

Ce matin je me suis donc payé un petit cours de phonétique anglaise, via quelques phrases d'un article du Time. Je faisais mon "Ange du bizarre" avec quelques mots : "identified" par exemple se prononce [ai'denti faid']  et non pas [identifaid] ; pour dire Asia, la phonétique est tout à fait inattendue aussi. Je l'ai retenue sinon c'était parti pour la bizarrerie involontaire avec ce mot-là également.
 
J'ai  passé au crible la phonétique de pas mal de mots de cet extrait, dont je mets la traduction dessous :

"But if Dutertre is politically outrageous, he is no outsider. Southeast Asia's most vibrant democracy is dominated by a network of powerful clans. And though Dutertre portrays himself as the antidote to entitlement and privilege, his father was governor of Davao province, and his daughter is succeeding him as mayor. 

"Like in any capitalist country, we just have to accept the fact that the influence and the power of the rich cannot be constrained," outgoing Vice President Jejomar Binay, who was also running for the presidency, tells Time.

The president-elect is also identified with death squads. On local television he read out the names of petty criminals, warning them to reform their ways or face dire consequences."

Mais si Dutertre est choquant politiquement, il n'est pas marginal. La démocratie la plus dynamique de l'Asie du sud-est est dominée par un réseau de clans puissants.  Et bien qu'il se présente comme l'antidote des passe-droits et des privilèges, son père était gouverneur de la province de Davao, et sa fille lui succède en tant que maire.

"Comme dans n'importe quel pays capitaliste, nous devons simplement accepter le fait que l'influence et le pouvoir du riche ne peuvent être contraints", a dit au Time le vice-président sortant Jejomar Binay, qui a également fait campagne lors de la présidentielle.

Le président nouvellement élu est aussi identifié aux escadrons de la mort. Sur une télévision locale il a lu les noms de petits délinquants, les avertissant de changer leurs agissements s'ils ne voulaient pas faire face à de terribles conséquences.  

Mon commentaire : Tant que les uns auront beaucoup et d'autres très peu... tant que nous resterons dans des rapports de domination de ce type, il sera difficile d'enrayer la violence. Les "riches" doivent donner l'exemple de l'humilité non feinte.  Moi aussi qui ne suis pas "riche" je participe de cette attitude.

 

  

dimanche 29 mai 2016

humain ? ♣♣♣ L'ange du bizarre


La pétition contre la torture de chiens. Tortures perpétrées ici, à Yulin. La pétition en suivant ce lien :

https://secure.avaaz.org/fr/stop_the_puppy_slaughter_loc/?pv=497&rc=fb 

♣♣♣


L'ange du bizarre en livre audio

Que peut avoir un ange de bizarre, d’étrange, voire d’impensable ? S’il est une nouvelle qui peut nous faire perdre nos certitudes sur ce qui devrait être, telle que se pense la raison, l’Ange du bizarre nous y invite. Qu’est-ce qui nous maintient en haleine lorsque nous sommes dépassés par ce qui advient ; et l’ange de répondre : c’est moi !
Traduction : Charles Baudelaire (1821-1867).


Nous voici avec la nouvelle qui va suivre si vous cliquez sur le lien, en plein onirisme assumé.... Rêve de dormeur mais rêve qui  éveille avec ici l'ange du bizarre obligeant à plus de souplesse, obligeant à tout point de vue par une apparente désobligeance,  jusqu'à faire reconnaître la valeur du bizarre ...  Le texte est admirablement bien dit, l'accent allemand caricaturé à merveille... l'ange du bizarre est en effet germanique. C'est ici :  

http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/poe-edgar-allan-lange-du-bizarre.html

Tout ce monde s'entend bien dans le silence bercé par le seul chant des oiseaux ♣♣♣ Sam donne à manger aux canards ♣♣♣ Une vie tout autre



"C'est moi Yoko, à l'ordi, celle qui ressemble à une somnambule derrière n'a pas peur du ridicule, en fait elle est en pleine concentration pour prendre cette photo même !"


Lui c'est Barbouille, et non point Gargouille car nous ne sommes pas dans une gargote non plus.



Blacky, comme Ela et Barbouille, est un chat du voisinage, il a été écrasé pas loin de la maison, par une voiture.


Encore Blacky, qui n'a pas du tout la même tête que Nono. Les deux n'ont en commun que la couleur.

Nono, plus prudente, ne sort que pour aller côté rivière et pas côté rue.


 Et Lulu, heureux parmi les siens, vadrouille pourtant des jours et des jours sans montrer le bout de son museau. Il est déjà parti environ huit mois, dans la maison d'un vieux pépé, et n'est rentré que lorsque celui-ci est décédé. Lulu a dû l'aider à mourir en paix. C'est notre chat infirmier.


♣♣♣

Sam donne à manger aux canards. 

Patrick ce matin m'a fait rire car son ami du sud lui a envoyé ce message : "Plus on veut rentrer dans le moule, plus on ressemble à une tarte." Une blague qui circulerait sur le Net.

Pour ce jour de fête des mères, une pensée pour les mamans qui ont l'expérience douloureuse d'un enfant en mauvaise santé. Je partage avec elles, un dessin fait par mes zigues de mon fils :



♣♣♣

Une vie tout autre. À propos d'un bouquin dont vous saurez le titre en cliquant sur le lien ci-dessous, voilà dans les grandes lignes de quoi il retourne : une femme mène une vie ordinaire et même plutôt cool puisqu'elle reçoit l'amour d'un mari attentionné. Mais à la mort de son père, cette femme éprouve le besoin de se découvrir, de faire un "voyage vers soi" et pour ce faire utilise les grands moyens : elle part vers des contrées froides et sauvages.

«La toundra m’avait enseigné la patience. La toundra m’avait enseigné l’instant. Désormais, je partirai là où je continuerai d’être» 

  C'est ici :

http://stephanedugast.hautetfort.com/archive/2016/05/28/la-ou-je-continuerai-d-etre-terres-sauvages-linda-bortoletto.html

 



samedi 28 mai 2016

L'intime à la source du poème ♣♣♣ les paroles de François Mauriac ♣♣♣ anglais du jour



Des images surgies de l'intime, de la vie intérieure de la poétesse, telle Moi seule demeure calme avec mon ombre dans les bras, ce poème en est gorgé. J'avoue l'appréhender dans toute sa force et beauté depuis ma lecture de Bachelard qui a agrandi mon goût pour la poésie. Dans ce poème il s'agit à mes yeux de pure sublimation, comme, pour prendre un exemple, dans une chanson blues. À vous d'apprécier ce texte admirable de sincérité, simplicité et profondeur de  Julia de Burgos :





Poème de l'agonie intime



Ce cœur qui est mien, si ouvert et si simple,
est déjà presque une fontaine sous mes pleurs. 



C'est une douleur assise au delà de la mort.
Une douleur qui attend.. qui attend... Qui attend... 



Toutes les heures passent avec la mort sur les épaules.
Moi seule demeure calme avec mon ombre dans les bras. 



Le crépuscule ne cesse de frapper à mes yeux,
et la vie de m'abattre comme un arbre fatigué.



Ce cœur qui est mien, qui ni ne s'entend,
ni ne se ressent, si muet et si long.



Combien de fois l'ai-je vu, par les chemins inutiles,
rassembler des mirages, comme un lac étoilé ! 



C'est une douleur postée au delà de la mort,
douleur faite d'épines et de songes éparpillés. 



Me croyant une mouette, me voir le vol brisé,
me donnant aux étoiles, me retrouver dans les flaques.



Moi qui toujours crus me dénuder de l'angoisse
avec le seul tournoiement de mon âme dans les astres ! 




Oh, ma douleur, assise au delà de la mort !
Ce cœur qui est mien, si ouvert et si long !





traduit de l'espagnol par E. Dupas 

Mon commentaire : pour moi, une âme qui est passée par là ne peut qu'avoir rejoint le ciel. Sous-jacent j'y entends une prière si profonde qu'elle s'envole d'elle-même au ciel. 

♣♣♣

Paroles de François Mauriac lues dans Jubilate Deo :

"Notre Eglise est l'Eglise des saints. Aujourd'hui, dans toute la liturgie, rien ne m'émeut plus que la litanie des saints. Nous sommes, nous autres, les vases que le potier aurait dû rejeter, qu'il n'a pas rejetés parce que Il est venu chercher et sauver ce qui était perdu. Mais enfin nous faisons partie des pièces manquées, vouées au rebut, et elles ont pourtant été ramassées et mises à part. C'est là que j'ai ma place et je n'en veux aucune autre pour l'éternité."

François Mauriac

No comment... hormis que cela respire l'humilité et la confiance en celui que nous nommons le Christ. 

♣♣♣

Dutertre's victory is not just a domestic story. The Philippines is a key U.S. ally standing up to Chinese expansion in the South China Sea, where both Beijing and Manila claim the resource rich Spratly Islands.

Extrait du Time

La victoire de Dutertre n'est pas seulement une histoire nationale. Les Philippines sont une alliée clef des États-Unis pour résister à l'expansion de la Chine dans la mer de Chine méridionale, où à la fois Beijing et Manille revendiquent la richesse en ressources des îles Spratleys.

vendredi 27 mai 2016

Le poème du malaise social ♣♣♣ le texte du bien être malgré une relative précarité s'intitule Le bain dans la tine

Lu sur Diérèse



Le Polylogue dispersé
II
Sa sortie radicale, ce crénom proféré
Sur le mur nu le feu mit son sceau de nuit noire
Une poignée de lecteurs ou plutôt de lectrices
Des années de route pour buter sur la mer grise
Recul social que leurs institutions bénissent.
Venez-vous m’enlever, moi qui criait famine
Adossé au sol froid sous le vide sans lune
Du silex millénaire l’étincelle aujourd’hui
Au hasard insomniaque Paris n’a plus de ventre.
La monnaie qui s’écoule et le sang qui se fige
Trente-et-un mars mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf
Et toi qui posais nue dans l’éternelle nuit
 

Rue Monge un matin elle mêla songe et mensonge.
L’avenir à genoux sous la dent du renard
Que perce dans cette langue une tout autre syntaxe
Face à la caméra, leurs larmes, leur colère,
Juste un soutien caché, le fer dans le béton
Manque le cliquetis des machines à écrire
Que les moins de vingt ans, maladroits et honteux,
Poète au port, chez lui la mer n’y est jamais.
Sous Zeus hospitalier matraquer les migrants.

Constantin Kaïtéris

 

Diérèse : http://diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com/archive/2016/05/26/dierese-68-en-preparation-constantin-kaiteris-5807250.html 

 

♣♣♣

 

Le bain dans la tine



Le samedi, c'était le jour du bain. Ohma déposait sa grande tine en zinc galvanisé devant la cuisinière sur laquelle chauffaient trois bouilloires d'eau. Après avoir versé un grand seau d'eau froide dans le fond de la tine, et mis un autre en réserve pour amener l'eau à bonne température, Ohma ajoutait l'eau chaude dans la bassine, bouilloire après bouilloire.

Elle contrôlait la température, la refroidissant au besoin, et puis, hop, je m'asseyais dans l'eau face à la pièce, la grande cuisinière au charbon me chauffant la peau du dos.

C'était un moment privilégié qui nous changeait agréablement des autres jours où nous nous lavions le plus rapidement possible, tant l'eau était froide, debout, devant l'évier, les deux pieds dans un petit bassin en tôle émaillée blanche pour ne pas mouiller le sol.

Pendant dix minutes je pouvais jouer avec mon bateau en plastique à hélice qui, grâce à un remontoir, avançait seul sur la mer miniature. Il venait de chez la Bionda, l'épicerie du coin.

Puis Ohma reversait de l'eau chaude et cette fois, debout, j'étais savonné de haut en bas, de la tête aux pieds, puis récuré de bas en haut, et si je n'avais pas trop rouspété pour le savon dans les yeux ou les frictions aux endroits les plus sales, j'avais à nouveau le droit de jouer cinq minutes dans une eau devenue grise et savonneuse. Puis j'étais vigoureusement étrillé avec un grand essuie qui grattait fort car on n'avait pas encore inventé les adoucissants. 

Enfin assis sur la table, Ohma m'enfilait le pyjama que l'on avait fait chauffer sur le dos de la chaise présentée à la cuisinière. C'est à ce moment que je recevais un morceau de chocolat Côte d'Or ou un de ces biscuits que ma grand-mère faisait elle-même.

Kowka

Pas cola du tout ce Kowka !

  http://www.litteratureaudio.com/forum/textes/kowka-enfance-en-pays-charbonnier-1-en-souvenir-de-ma-ohma/page-1

Récapitulatif ♣♣♣ Poésie et vérité avec Julia de Burgos ♣♣♣ le mot du jour : épistémologie


J'ai encore visionné le reportage "Des pitbulls et des prisonniers" hier soir sur la chaîne Numéro 23, qui dure je m'en suis aperçue, jour après jour,  comme un feuilleton. J'y ai développé une empathie pour les pitbulls et c'est déjà pas si mal.


Pourtant, à un moment donné un effet paradoxal "fable de La Fontaine" allait se produire.  J'allais bientôt ressentir le côté fabriqué comme une fable des reportages à cause d'une première impression d'incohérence. En effet lors de deux épisodes qui se suivaient est d'abord montrée une impressionnante invasion d'abeilles, qui pourrait mettre en danger la vie des chiens et des hommes. Celui qui est appelé pour se débarrasser des abeilles devenues pour le coup nuisibles demande une somme équivalant à plus de 800 euros, que Tia Maria Thorez ne peut pas payer, ayant des choses plus urgentes à régler. Ses filles organisent donc une collecte de fonds. D'un claquement de doigts une fête est organisée et les voisins auparavant vécus comme assez plombants sont devenus coopératifs, au final la fête aura rapporté aux organisatrices la somme demandée par l'homme aux abeilles, multipliée par 10, voire plus.

En Amérique, les choses seraient bien moins court-circuitées qu'en France.

Épisode suivant de près celui des abeilles, Tia Maria Thorez reçoit un mail d'une amie qui lui propose d'acheter une propriété emplie d'arbres, et très grande. Je me demande alors comment ils auront l'argent puisque celui-ci était primordial quand il s'était agi de faire partir les abeilles. Mais cette question a l'air soudain  secondaire, la propriété est comme "dans la poche". Voilà l'incohérence de taille qui me fit découvrir qu'il s'agissait de reportages-fictions. Je regardais une sorte de Daktari "agrémenté" d'un artifice assez simple d'illusion du réel qui le faisait ressembler à un reportage. 

Le fait que ces reportages soient en fait des "Daktari" ne change pas ma nouvelle vision des pitbulls grâce à eux.   La gêne vient du côté conte de fées que ces reportages ont pris si soudainement à mes yeux alors que je tenais à garder les pieds bien sur terre pour n'en méditer que mieux. Changement soudain d'espace en quelque sorte, il faut réfléchir autrement aux intentions des réalisateurs à cause du côté fabriqué qui pourrait trahir quelque chose d'autre. L'enjeu d'aider pitbulls et prisonniers est parasité par autre chose du fait de s'être senti dupe de cette illusion du réel, voilà le malaise.

Pourquoi est-on passé par cet artifice daté en littérature, du dix-neuvième siècle,  "pour faire plus vrai". That is the question. 

♣♣♣

"Il doit surgir d'ici
en cette instance même,
mon pleur dans ce monde.
Mon pleur qui n'est déjà plus mien
mais à elle et lui à jamais
les camarades de mon silence
les fantômes de ma tombe." 



"L'idée d'écrire de la poésie travaillait Julia de Burgos depuis le début de ses études, sous l'influence d'auteurs tels que l'espagnol Rafael Alberti ou le chilien Pablo Neruda. Elle eut tôt fait de publier ses textes dans des revues ou des journaux et d'éditer des recueils dont elle assura elle-même la promotion, en voyageant  aux quatre coins de Porto Rico pour des séances de lecture publique. La poésie de De Burgos oscille à ses débuts entre une fascination pour l'exubérante nature de son pays et la volonté de dénoncer la condition majoritairement misérable du peuple portoricain.

 

Ses premiers poèmes reposent sur trois piliers inspirateurs : la vie intime et sentimentale, la célébration du "jardin national" insulaire et la lutte sociale contre l'oppression. Un de ses plus célèbres textes de jeunesse,  "Río Grande de Loíza"  illustre à la perfection cette triple ambition lyrique et politique  :

 

Río Grande de Loíza ! Fleuve immense. Larme immense / le plus grand de tous nos pleurs insulaires / si n'était pas plus grand le fleuve qui s'écoule / par les yeux de mon âme pour mon peuple asservi.

 
Mais par-delà la célébration de Porto Rico et la dénonciation des souffrances du peuple, la poésie de Julia de Burgos reflète sa problématique vitale sous tous ses aspects : le féminisme, les errements de la vie, la difficulté des choix, l'amour sous ses multiples coutures, etc ; ses textes revêtent une attrayante simplicité mais le plus souvent renvoient à l'image d'un amour hautement sensuel et déchirant. Le souffle et la puissance expressive qui habitent ses vers ne sont pas sans rappeler, servatis servandis, la poésie amoureuse et torturée de l'uruguayenne Delmira Agustini ou celle de l'argentine Alfonsina Storni."

http://poesie-et-racbouni.over-blog.com/page-6689407.html



♣♣♣ 

Le mot du jour : épistémologie :

http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/%C3%A9pist%C3%A9mologie/48862



 

jeudi 26 mai 2016

Chien de combat



Rapport aux reportages sur Tia Maria Thorez, les prisonniers en conditionnelle et les pitbulls, j'apporte un rectificatif après être allée revoir une émission sur eux hier soir sur la 23 : il vaut mieux ne pas dire "chien d'attaque", eux disent  "chien de combat". En effet dans "chien d'attaque" comme souvent sont définis ces chiens en France, il y a une connotation lourde d'un fatalisme certain... on a l'impression que nos mollets en prendront forcément un coup.
Tandis que "chiens de combat" laisse entendre que, seulement si vous leur cherchez des noises, vous saurez où les trouver, qu'ils savent en somme tout simplement se défendre. C'est "déconnoté" de la notion d'agression gratuite qu'on trouve dans "chien d'attaque",  due à une injuste réputation.

Et moi qui, lors de l'intrusion d'un pitbull chez moi l'an passé, avait  sursauté au point que l'assiette de mon plateau-repas était allée s'éclater au sol. Shame on me !  

Hier nous avons vu Gargouille aussi appelée Créature, que personne ne veut adopter en raison peut-être d'un physique qui ne serait pas avenant. On dit de Créature que sa tête est énorme cela faisant ressortir le fait qu'elle a les oreilles coupées. Il ou elle. Mais une famille de black américains, composée de trois personnes gracieuses comme des antilopes n'a pas trouvé Créature repoussante et a voulu l'adopter dès la prise de contact. Hélas malgré un joli home cosy Tia a pensé lors de la visite de la maison, que faute de jardin adapté, Créature se serait trouvé(e) en danger dans un patio aux murs trop bas, situé à côté d'un carrefour.

On a bien senti que Créature aussi les aimait déjà, si bien qu'elle a eu du mal à sortir de la voiture au retour. Comme le cœur se serre devant ces êtres poignants de vulnérabilité, pleins d'amour comme des dons de Dieu qu'ils sont ... à côté desquels encore une fois je "passais" avant  de voir ces reportages.

Ce soir nous allons voir un jeune chiot pitbull qui, abandonné assez longtemps près du cadavre de son maître SDF, avait commencé à le grignoter pour la grande horreur de beaucoup de gens vite affolés. Mais évidemment Tia Maria Thorez a compris que le chien n'avait pas fait cela par méchanceté et est allée à sa rencontre. 

L'émission me passionne dans le bon sens du terme... si bien que je mange mes carottes râpées devant la télé pour la suivre jusqu'au bout.
     

mercredi 25 mai 2016

Un poème de Pierre Dhainaut ♣♣♣ Besoin d'un alibi pour flâner dans les prés ? Des scientifiques vous le fournissent



Mise en arbres d'échos

Ne cherche
 aucune issue,
contente-toi de respirer.


Etre présent
rendre présent le seuil
ou le bord des falaises.

Un jour entier
sur la terrasse,
transmettre,
agrandir le matin.

Il n'y a de secret
que l'origine,
l'offrande, la frondaison.

Trouvé ici : http://supervielle.univers.free.fr/poeme_dhainaut.htm


♣♣♣  

L'alibi

"Bonjour,


Après "Gui est là ?" (qui a mobilisé près de 300 contributeurs pour plus de 2000 observations), le Conservatoire lance "Marguerite est dans le pré ?". Une nouvelle opération de science participative qui vise à recenser les populations de Grande marguerite sauvage dans les Hauts-de-France ainsi qu'en Haute-Normandie.
Derrière l'espèce, c'est l'habitat naturel qui nous intéresse. En effet, la Grande marguerite fréquente principalement les prairies de fauche peu modifiées (peu ou pas d'apports en engrais, pas de traitements anti-dicotylédones...). Et ces milieux, dont la "valeur" écologique est particulièrement intéressante, sont en nette régression sur notre territoire d'agrément. Pour preuve, notre Grande marguerite est aujourd'hui contrainte de se réfugier le long des accotements routiers !
Pour saisir vos observations, rendez-vous sur le site http://www.margueriteestdanslepre.org/
Vous y trouverez de nombreuses informations sur l'espèce et toutes les explications utiles pour ne pas la confondre avec la pâquerette, les matricaires, ou encore les variétés horticoles. Et pour diffuser cette opération, l'affiche et le flyer y sont également téléchargeable.
Le voilà, l'alibi que vous attendiez toutes et tous pour sauter la barrière et flâner dans les prés."



un poème de Pierre Dhainaut

Pierre Dhainaut est un poète lillois. Le poème :


"Cette "chose" que serait l'homme encore parfois" ♣♣♣ Bachelard et la psychanlyse quand il s'agit des "ses" poètes ♣♣♣ Quand Tia a de la peine pour une malheureuse maîtresse




"Et alors les choses n'existent pas à véritablement parler parce que cette chose, pensante, dit Descartes, qui nous qualifie en propre, n'a pu se dégager assez pour s'apparaître à elle-même et voir le monde pour ce qu'il est..."

 Pierre Bergounioux

traduction de "cette chose, pensante"  par "l'homme"

Donc : Et alors les choses n'existent pas à véritablement parler parce que l'homme n'a pu se dégager assez pour s'apparaître à lui-même et voir le monde pour ce qu'il est.

Mis en post hier, j'ai relu cette pensée de Pierre bergounioux ce matin,  en élaguant un peu la phrase, je n'ai pas voulu la simplifier mais la mettre plus en évidence.

♣♣♣

Mon nouveau mode de vie quant à l'alimentation, vieux de quelques mois quand même, est venu me titiller dans le rêve de cette nuit où je me régalais avec des BN au chocolat, tandis qu'un de mes voisins, âgé de plus de 80 ans, flottant dans un grand imperméable beige entraînait dans une course à pied toute personne qu'il rencontrait. Il courait d'un petit trot raisonnable en discourant, les inconnus à ses côtés ou dans son sillage, les pans de son imper, dégagés vers l'arrière, laissant voir sa maigre silhouette. 

Dans un rêve de dormeur on ne vit pas de la même façon les images en effet, elles sont subies dans leur soudaineté, même si parfois et souvent elle ravissent, on n'est pas actif dans "l'être de l'image" dont parle Bachelard. 

Durant la marche de ce matin je pensais à cet auteur. Vers les pages 190 à 200, il affirme plus fort un certain clivage avec les psychanalystes quant à sa perception des images des poètes. La poésie le nourrit, si bien qu'il devient à mon sens poète lui-même, elle est sa part de merveilleux par la découverte de soi lors de la rencontre  avec autrui qu'elle lui permetil  "s'apparaît à lui-même"  en quelque sorte par la communication avec autrui-poète,  et ce processus fait pendant à son amour des mathématiques qui sans la poésie finirait peut-être par mal se terminer, en l'asséchant par exemple. Les poèmes qu'il aime lui ont sûrement permis de continuer à faire des mathématiques en toute sérénité. 

Ce respect des poètes que cela entraîne  fait prendre à Bachelard une attitude envers les psychanalystes qui pourrait s'apparenter à quelque chose de l'ordre "touche pas à mon pote" dès lors qu'il flaire une possible "pathologisation" de ses amis de la part des "philosophes de l'angoisse" ou psychanalystes. Il a soutenu la poésie de l'angoissé agora-claustrophobe que devait être Henri Michaux, mais n'a pu soutenir celle d'Antonin Artaud, dans ce livre, sans doute parce qu'il considérait que ce dernier était malade pour de bon.
De ce fait, ce qu'a écrit Antonin Artaud était-il de l'ordre du délire pour Bachelard ? À ce moment-là de sa vie Bachelard n'a pas pu envisager qu'un homme malade puisse faire acte de poésie. Pour Bachelard la poésie est sublimation pure, or Antonin Artaud ne sublimait pas à son sens puisqu'il continuait en écrivant d'être "malade des nerfs" si j'ose dire ; cela aurait revenu  à penser la poésie comme inopérante pour Bachelard s'il avait compté Antonin Artaud parmi les poètes ?

Je pense, mais il faudrait que je relise Antonin Artaud, que sa maladie lui laissait des moments de répit, et que peut-être, même dans les crises, Artaud se servait de son art pour les surmonter et que ces crises mêmes étaient parfois le moteur de sa création. Proust a écrit en état de grande souffrance parfois et Benjamin Walter pense que les longues phrases de Proust reflétaient  le semi étouffement, la difficulté à respirer qu'éprouvait Proust, même si ici on ne se trouve sans doute pas dans une souffrance strictement d'origine mentale. 

Le blues, le jazz démontrent aussi que l'on peut être créatifs dans la souffrance celle-ci devenant parfois un moteur de cette création. 

Comme Bachelard je préfère savoir les poètes au zénith de leur forme, il n'empêche que....

Nonobstant cette petite critique Bachelard me nourrit de son intelligence par ailleurs, de sa joie d'être au monde, de son enthousiasme... de sa poésie. Il me procure aussi du repos et de l'inspiration du fait de donner à comprendre certains textes que sans lui je n'aurais pas saisis, du moins dans l'immédiat.  

♣♣♣ 

 Hier soir je suis retournée sur la 23, voir Tia,  les prisonniers et les pitbulls durant un bon moment, avant de devoir partir pour la préparation du repas (effeuillage de la laitue, etc. râpage des carottes : nouveau mode de vie oblige)

Nous avons été mis devant un échec de Tia qui n'a rien pu faire pour ramener un pitbull à la raison car elle le dit d'un air désolé et un peu maussade "il ne me porte pas dans son cœur".

Elle est honnête cette Tia : n'a-t-elle pas dit devant le pitbull en colère : "Le dresseur qui dit qu'il n'a jamais eu peur, ment." Cela n'augmente-t-il pas encore la valeur de son courage ? Tia devant ce pitbull avait certes un peu peur et a demandé l'aide d'une autre dresseuse de chiens de grand renom afin que toutes les deux le testent. Femme mince et jeune que cette dresseuse de renom soit dit en passant... le chien devant une "mémère à chats" et claudicante et bossue deviendrait-il facho alors même qu'il ne faut pas flatter les "bas instincts" des chiens d'attaque ? Mauvaise plaisanterie un brin reloue de ma part, d'autant que de "bas instincts", Tia l'a démontré dans l'émission précédente, les pitbulls n'en ont pas. Personne n'est "taré" à la base parmi les pitbulls c'est Tia elle-même qui le montre dans cette admirable précédente émission.

Mais face à ce chien-là, "qui ne la porte pas dans con cœur", Tia, je pense à cause de la pitié relative qu'elle éprouve pour la maîtresse du chien, va faire preuve de contradiction et de paresse de la pensée en déclarant à la malheureuse :

"Ce n'est pas votre faute : ce chien est taré. Il vient d'une mauvaise lignée."

En voilà une drôle d'idée qui semblerait contenir un germe de pensée fascisante : voilà où peut mener la pitié !
Car j'ai la prétention d'avoir cerné Tia et  suis convaincue qu'elle ne pensait pas ce qu'elle disait. Tia a vu ce qui se passait de fusionnel entre le chien et sa maîtresse qui l'appelle "son bébé" puisqu'elle lui a dit  ces paroles édifiantes :

"Je l'aurais bien pris dans mon refuge sans espoir de le faire adopter par aucune famille, on en a quelques-uns que l'on garde toujours parce qu'ils ne sont pas adoptables, mais le vôtre c'est : "je t'aime alors je te mords", il est dangereux pour nous, c'est pourquoi je ne peux pas vous le prendre et le garder au refuge, il va falloir que vous l'assumiez. Sinon... etc."  

"Je t'aime donc je te mords" est bien la preuve qu'il ne s'agit pas de "tare"  mais d'un chien qui est le bébé de sa maîtresse et ne s'autorise à n'aimer qu'elle.

Voilà où mène l'état fusionnel. À méditer.  



   



            

 





 

mardi 24 mai 2016

Lu ce jour sur Diérèse



"Les choses, on s'avise qu'elles mènent une existence propre, qu'elles sont, de leur côté, et nous, du nôtre, lorsque la relation primitive, symbiotique qu'on a contractée avec elles vient, pour une raison quelconque, à se briser.
L'abstraction, les appellations génériques, les grandes oppositions - l'âme et le corps, l'objet, le sujet, le réel et la pensée -, toutes sont le fait de gens aisés, instruits, libres non pas seulement des travaux de force, du labeur physique mais quittes, à quelque degré, de l'oppression inhérente à certains contextes géographiques, à certaines conditions historiques. Des citadins, surtout, de ceux, plus spécialement, qui ont de l'instruction, des vues générales, une conscience explicite d'eux-mêmes et de leur valeur, l'occasion de voyager.
A l'opposé, on trouve, par exemple, les marches accidentées, les schistes pliés, emboutis sur cent lieues carrées, le sinistre vieux de mille millions d'années à quoi tout un département peut s'apparenter. Et alors les choses n'existent pas à véritablement parler parce que cette chose, pensante, dit Descartes, qui nous qualifie en propre, n'a pu se dégager assez pour s'apparaître à elle-même et voir le monde pour ce qu'il est..."

                                                               Pierre Bergounioux


Diérèse :

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