J'ai ouvert au hasard mon livret intitulé Livre de la sagesse à l'occasion d'une inquiétude sans importance mais qui me perturbait un peu, comme si l'ego d'un coup s'inquiétait pour lui-même. J'ai d'abord lu quelque chose de Diderot qui ne m'a pas vraiment édifiée mais fait éprouver de l'empathie pour le philosophe, qui déclare, concernant "le fou du roi", qu'en substance, si un roi a besoin de son fou, c'est qu'il est fou lui-même, et peut-être même, le fou de son fou... ensuite j'ai lu Tchouang-tseu, dont je n'ai pas entièrement saisi la portée de sa pensée, ainsi formulée :
"L'esprit du sage est le miroir du ciel et de la terre, dans lequel toutes les choses se réfléchissent."
J'y ai vu comme une espèce de passivité apparente qui m'a intriguée, puis je suis passée au poème de Lao-tseu que voici :
Prier pour se garder intègre
Ployer pour se retrouver droit.
S'approfondir pour être rempli,
Se faner pour reverdir.
N'ayant rien, mais malgré tout comblé ;
Étant nanti, mais malgré tout inquiet.
Ainsi œuvre le sage
Qui épouse l'unité
Pour être lumière du monde ;
Qui ne se montre pas et met en évidence,
Qui ne s'affirme pas mais conduit à l'éveil,
Qui ne dit mot de lui mais brille par sa valeur,
Qui ne se loue jamais mais sait perpétuer.
Il ne lutte avec aucun autre
Et aucun autre ne lutte avec lui.
Là je comprends que Lao-tseu, lorsqu'il parle d'épouser l'unité signifie ne pas se mentir ou pire, jouer double-jeu, afin de devenir inspirant ou "lumière du monde", quand il dit qui "ne se montre pas", il signifie qui ne se vante pas et, ce faisant, révèle quelque chose d'important pour autrui, quand il dit ne "s'affirme pas" il veut dire, qui reste discret, n'assourdit pas avec ses convictions, mais au contraire, montre discrètement le chemin de l'éveil ; lorsqu'il dit "qui ne dit mot", c'est la même idée de discrétion sur ses convictions, et de ne pas se vanter tout en faisant le bien, "qui ne se loue jamais" renforce l'idée, et "sait perpétuer", c'est-à-dire partager. "Il ne lutte avec aucun autre", signifie qu'il ne se met pas en rivalité avec lui, et "aucun autre ne lutte avec lui" signifie qu'il n'éveille pas la jalousie. Qui éveille la jalousie devrait donc se remettre en cause au niveau peut-être de la discrétion sur soi et ses éventuelles qualités. Voilà comment je comprends ce poème.
Après en avoir pris connaissance je suis revenue à la pensée de Tchouang-tseu, et pour mieux comprendre, ai lu ce que disait de lui Wikipédia. C'est là que j'ai découvert la philosophie du Dao, que je trouve très belle et tout à fait claire. J'ai alors bien saisi la signification de la phrase de Tchouang-tseu encore un peu obscure à mes yeux auparavant. Extrait lu sur Wikipédia :
"Le concept central du Dao (道) peut être défini comme le cours naturel et spontané des choses. Zhuāngzǐ se moque de l'Homme, seul être à tenter de se détacher du Dao en imposant son action et son discours. Or, toutes les tentatives pour discourir sur la réalité visant à acquérir les bases de la connaissance fondatrice de l'action sont vaines étant donné que le discours ne fait qu'opérer des découpages partisans de cette réalité.
La question posée par Zhuāngzǐ est donc la suivante : si le discours n'est pas un instrument approprié permettant d'acquérir des connaissances certaines, que reste-t-il à l'Homme et comment doit-il envisager sa position dans l'univers ? La réponse se situe dans le non-agir (wuwei - 無為) qui, loin d'être synonyme d'indolence, de passivité ou de repli, définit l'action en tant qu'elle est conforme à la nature des choses et des êtres. L'Homme est ainsi invité à se débarrasser de son égocentrisme et de sa volonté de plier la réalité à ses fantasmes. Le « Wu » est peut-être pris ici dans son sens étymologique de « dépouillement », plus que de « vide » au sens moderne. Dans une autre optique, le non-agir permet l'action, à l'image de l'immobilité de l'essieu condition sine-qua-non du mouvement de la roue.
Cette recherche d'une position cosmique s'incarne dans la figure du sage qui ne s'embarrasse d'aucune question métaphysique ni d'aucun conflit d'aucune sorte. Retournant à l'origine, il puise directement sa force et sa vitalité dans le Dao. Épousant les métamorphoses des dix mille êtres, il est libéré de toute contrainte et n'est plus soumis qu'aux nécessités."
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Le poème :
L’autoportrait de nuit, avec un phare dans la figure, ce pourrait être un accident.
C’est une œuvre.
Pas une œuvre exposée, une œuvre explosée.
Je tiens à perdre la face sous mon vrai visage.
Patrice Dimpre
Mon commentaire : "Je tiens à perdre la face sous mon vrai visage", ou je tiens à enlever les fards avec ce phare en pleine figure ! Bravo l'artiste ! Explosion de l'ego et pas exposition de l'ego, cela va dans le sens du concept du Dao récemment découvert par mes zigues...
J'ai lu ce poème spirituel qui est venu comme à ma rencontre, ici :
http://diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com/archive/2016/05/22/les-auteurs-et-illustrateurs-de-dierese-opus-68-5805364.html
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Les coquelicots de Dunkerque, regardez bien le film sur l'opération dynamo qui passera incessamment sous peu, un très grand film paraît-il, avec une pointure américaine de la réalisation cinématographique ai-je entendu le libraire nous dire, à un moment donné je pense que nous verrons les coquelicots, pas ceux que font les balles, non, les vraies fleurs... le réalisateur en question les aura repérés je pense, et les aura filmés pour permettre aux spectateurs de souffler devant la nature quand elle se fait belle :
On dit que les coquelicots sont le signe d'une terre riche, saine, or là, ils poussent à proximité du béton.
Ils se penchent vers le miroir que je leur offre.
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