mardi 24 mai 2016

Le langage énigmatique ♣♣♣ Tia et les prisonniers



Ai lu cette phrase ce matin qui a tout, traduite en français par Linguee, du langage codé utilisé par les résistants de la seconde guerre mondiale :

"The reality is there's a decision to be made here, and having a hole in the donut, as my colleague said, is a big, big problem."

Linguee n'a pas traduit "as my colleague said", ainsi que "The reality is",  rétrécie à l'essentiel,  la phrase en français sonne  "les résistants parlent aux résistants" :

"Une décision sera prise et s'il y a un trou au centre du beignet, ce sera très problématique." 

J'aurais plutôt tout traduit :

"La réalité est qu'il y a ici  une décision à prendre, et avoir un trou dans le beignet, comme a dit le collègue, est un gros, gros problème."

Sans le contexte, et peut-être même avec, on est encore dans l'absurde,  mais plus dans le langage courtes phrases énigmatiques des résistants entrant en contact entre eux.  À moins que "avoir un trou dans le beignet" ait une signification spéciale du genre "avoir le cul bordé de nouilles", mais ici plutôt ne pas l'avoir bordé de nouilles. Ce qui donnerait :

"La réalité est qu'il y a ici une décision à prendre, et sans avoir le cul bordé de nouilles, comme a dit le collègue, c'est un gros, gros problème."

♣♣♣

Je me suis retrouvée hier à regarder à la télé la chaîne 23 à l'occasion d'une mauvaise manipulation de la télé commande. Une femme d'une petite quarantaine d'années, "gueule d'ange" au cheveux d'un roux légèrement foncé, l'œil clair, probablement vert  apparaît sur l'écran, entourée de pitbulls. J'apprendrai dans quelques minutes qu'elle s'appelle Tia, a deux filles qui sont de jeunes adultes travaillant au refuge, et un compagnon en prison qui attend son procès... j'apprends aussi qu'elle gère ce refuge pour chiens spécifiquement pitbulls qui compte 200 de ces quadrupèdes et que ses employés sont tous des gens plus ou moins fraîchement libérés de prison, en conditionnelle. Cette femme, traits de visage Clint Eastwood au féminin,  réussit à rééquilibrer tout ce petit monde. On la voit prendre une voix toute câline pour parler aux pitbulls lorsqu'elle entre en contact avec eux, notamment et surtout la première fois, comme on parle aux bébés pour jouer avec eux, sans prendre un ton sénile, juste joueur... et vulnérable à la fois car on entend l'humble demande de la cajoleuse à entrer dans le cœur de l'animal ainsi sollicité. À cette si humble demande le cœur de tout pitbull qui se respecte craque à tous les coups : il la regarde avec des yeux attendris. Si tendres que leur âme se révèle. 
Cette Tiana s'avère équilibrante aussi pour les jeunes hommes qui font tout leur possible pour mériter son estime : ils se surpassent, deviennent les amis des pitbulls qu'ils adoucissent à leur tour comme eux sont adoucis, alors que la vie et les épreuves avaient endurci ces hommes et ces chiens.

J'ai dû quitter le reportage à un moment donné pour préparer le repas du soir, mon compagnon, après des journées très chargées ces temps-ci, avait faim.

Je n'oublierai pas la tête des pitbulls au contact de cette femme, celle des hommes, anciens casseurs, qui se faisaient comme petits en sa présence... tout un contexte favorisait cela, sa maîtrise à elle,  à l'endroit des chiens  pitbulls, perturbés, voire très perturbés avant de la rencontrer, faisait des miracles sur les hommes. Leçon de vie et de philosophie à méditer par rapport notamment aux prisons en France... Imaginez ce qui en fait existe déjà : les pitbulls confiés à des prisonniers,  tout ce monde devenu non violent dans un certain espace, ni fermé, loin de là, mais pas immense non plus : un refuge pour animaux comptant pas mal de cages grillagées où attendaient les chiens, le temps qu'on aille vers eux pour les sortir et jouer avec eux, et beaucoup échanger. 

        


  
  

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