vendredi 20 mai 2016

Emmanuel Prost Un été 48 ♣♣♣ la suite de l'extrait ♣♣♣ Méditation sur la solitude


Mon compagnon, dans le cadre de son travail d'écrivain, a fait une belle rencontre avec quelqu'un dont le métier est la distribution de livres, pour leur commercialisation. Lors d'un souper entre potes, Édouard, le distributeur en question, lui a donné un livre qui s'intitule Un été 48, d'Emmanuel Prost. Après avoir pris connaissance de la quatrième de couverture et de quelques pages au hasard, je m'en vais le lire intégralement ;  l'écriture étant claire comme une eau de roche cela témoigne pour moi d'un esprit qui l'est tout autant, notamment pour aborder des choses aussi pesantes, dans l'extrait que je vais mettre ci-dessous,  que la domination écrasante, voire pire,  d'une classe sur une autre. Comme le livre est juste en cours de commercialisation, je ne passerai  que cet extrait :


"L'accueil était chaleureux. Et en moins de temps qu'il n'en fallait à Maria Jdrzejowska pour trouver un sujet de conversation, le gros monsieur au tablier bleu — je me demandais s'il n'était pas encore plus gros que Jedjé — était là, collait deux tables en fond de pièce et nous apportait des chaises supplémentaires. Puis il releva la visière de sa casquette — ce qui nous permit de découvrir la bonhomie du personnage. Il sortit un petit carnet et délogea le crayon qu'il tenait calé derrière l'oreille. Après avoir posé une main amicale sur l'épaule de Jedjé, il s'exclama : 

— Ne t'inquiète pas, l'ami ! Si je sors mon petit carnet, c'est pas pour faire comme ton porion.  J'vais  pas te coller une amende sur ta prochaine quinzaine. Mais j'ai besoin de prendre note de votre commande ! Plus de trois verres, c'est trop pour ma p'tite tête !

— Oh, mais j'suis pas inquiet ! lui rétorqua Jedjé. Moi, les porions, j'les sens à des kilomètres. Et j'ai tout de suite vu que ti, t'étos pas d'ces sales jaunes ! claironna-t-il tout en s'excusant du regard auprès d'Henri. Mais... Qu'est-ce qui te dit qu'on est des mineurs, d'abord ? On est en tenue d'vacances, là, comme tout le monde...

— Eh bien, peut-être que comme toi t'as l'pif pour les porions, moi je l'ai pour les mineurs. Mais, pas d'panique ! Pépino, c'est l'ami des mineurs ! T'as vu le nom de la taule ? Ça ne s'appelle pas "Au berceau doré de monsieur le président" !

Un été 48, Emmanuel Prost, page 183 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Prost    


♣♣♣

Suite du commentaire de Bachelard d'un poème d'Henri Michaux qui s'intitule L'espace aux ombres, où je m'aperçois que Bachelard bouscule un peu les psychanalystes, les trouvant un peu trop réducteurs face aux images, contrairement aux phénoménologues selon lui. Tout cela doit encore décanter chez moi, mais cela je l'ai bien saisi.

Suite de l'extrait :

On peut, certes, éviter d'entrer par la porte étroite d'un tel poème. Les philosophies de l'angoisse veulent des principes moins simplifiés. Elles ne donnent pas leur attention à l'activité d'une imagination éphémère parce qu'elles ont inscrit l'angoisse, bien avant que les images l'activent au cœur de l'être. Les philosophes se donnent l'angoisse et ne voient dans les images que des manifestations de sa causalité.  Ils ne se soucient guère de vivre l'être de l'image. La phénoménologie de l'imagination doit assumer la tâche de saisir l'être éphémère. Précisément, la phénoménologie s'instruit par la brièveté même de l'image. Ce qui est frappant ici, c'est que l'aspect métaphysique naît au niveau même de l'image, au niveau même d'une image qui trouble les notions d'une spatialité communément considérée comme susceptible  de réduire les troubles et de rendre l'esprit à son statut d'indifférence devant un espace qui n'a pas à localiser les drames.

Pour moi, j'accueille cette image du poète comme une petite folie expérimentale, comme un grain de haschisch virtuel sans l'aide duquel on ne peut entrer dans le règne de l'imagination. Et comment accueillir une image exagérée, sinon en l'exagérant un peu plus, en personnalisant l'exagération ?

Gaston Bachelard page 197

Mon commentaire :

Cela me parle sans être encore limpide ; Bachelard va se montrer critique un peu plus loin vis-à-vis de la psychanalyse qui se détournerait un peu trop vite de la phénoménologie, "l'être de l'image" étant tellement significatif aux yeux de Bachelard, mettant le poète en danger car étant le fruit d'une expérience métaphysique qui peut s'avérer dangereuse par cette mise en abyme en quelque sorte du poète lui-même. Le poète prend donc des risques avec l'image en certains cas et là réside tout son courage nous dit Bachelard le phénoménologue, qui soutient aussi Henri Michaux.  

♣♣♣

Lu cette belle méditation sur la solitude :

La solitude ramène en partie l'homme au bonheur naturel en éloignant de lui le malheur social. Au milieu de nos sociétés, divisées par tant de préjugés, l'âme est dans une agitation continuelle. Mais dans la solitude elle dépose ces illusions étrangères qui la troublent; elle reprend le sentiment simple d'elle-même, de la nature et de son auteur.
Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie (coll. Folio/Gallimard, 2004)
   
Trouvée sur Jubilate Deo

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