Le "regarder en avant" de Charlotte Brontë ♣♣♣ Le cœur, l'eau et le feu : lecture du jour

J'ai mis en ligne hier une "confidence" de Charlotte Brontë, affirmant éviter de regarder en avant, en arrière et s'efforçant de tourner son regard vers le ciel.  Charlotte serait-elle dans cet instant-éternité dont parle Milosz  connaissant ce bien être suprême que l'on nomme extase quand elle regarde vers le ciel ?  Je ne le pense pas, car elle "évite de", donc  "s'efforce de", il y a volonté d'atteindre quelque chose, cette démarche montre aussi qu'elle ne croit pas que quelque chose de vraiment bien puisse se produire sur Terre. Cela m'a trotté dans la tête il faut croire car cette nuit j'ai eu en rêve une image qui s'est propulsée devant moi alors que je dormais paisiblement. C'était celle d'un immense feu dans le centre ville de Béthune selon toute vraisemblance. Un feu comme "un diable à ressort" sortant d'un coup de sa boîte. J'avais un point de vue sur le centre ville en feu qui était celui du rêve, rien ne faisait barrage à la vue sur les bâtiments de la place, pourtant j'en étais éloignée, et ce feu, je le voyais de ma hauteur, de ma taille physique, il me surplombait donc de toute sa hauteur de géant colossal. Au réveil, je me suis dit que je n'avais été capable dans le rêve de lever les yeux au ciel que pour voir les volutes de fumée noire, épaisse, qui s'y élevaient. Voilà quel était le lointain terrestre dans ce rêve, et comme Charlotte, je n'avais pas envie d'avancer vers ça, mais regarder le ciel n'était en l'occurrence pas une option non plus. Le rêve n'en finissait pas là, le feu s'est avancé d'un coup, beaucoup plus proche,  j'ai alors pensé à mon fils. Ce feu proche était menaçant pour lui, il était possiblement pris dedans et concernait d'un coup un autre lieu où mon fils se trouve,  la logique n'était pas respectée dans ce rêve non plus, puisque  son entourage, malgré l'intensité de l'embrasement au cœur duquel ils se trouvaient,  allait pouvoir en s'évacuant, l'évacuer lui. Mon fils englobait l'entourage dans ma pensée, je pensais "à eux" par lui et non pas "à travers lui". Par contre ce feu approchant pouvait nous tuer nous, mon compagnon et moi. Il était si intense qu'il n'y avait rien d'autre à faire que fuir.

 À croire qu'il y a aussi une phénoménologie des images de "rêveries" de dormeur : elles naissent parfois d'une décantation des sentiments suscités par certaines pensées qui ont fait leur chemin dans la journée à la lecture de telle ou telle chose par exemple, sans qu'on ait conscience d'y penser, comme ce fut le cas pour ce rêve. Aller de l'avant n'était pas possible : le feu faisant barrage. Il fallait reculer, mais reculer ne voulait pas dire qu'on regardait en arrière du point de vue du passé dans le rêve.  Cela signifiait que l'on ne choisit pas toujours la direction à prendre, elle peut s'imposer, et en même temps nous sauver d'un péril mortel. Pas toujours évident dans la vie de s'efforcer de regarder vers le haut quoi qu'il arrive et pourtant en effet, faute de bien être suprême dans le présent où, en extase, on a rejoint le ciel en quelque sorte, il faudrait pouvoir y parvenir.

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Lecture du jour sur Jubilate Deo :

De même que la terre à la fois contient naturellement de l'eau et l'épanche, ainsi la terre du coeur contient cette eau jaillissante et assourdissante. L'eau qui jaillit de la source remplit la fontaine; celle qui jaillit du coeur et que l'Esprit, pour ainsi dire, agite sans cesse, remplit l'homme intérieur tout entier de la rosée divine et de l'Esprit, tandis qu'elle rend de feu l'homme extérieur. 

http://jubilatedeo.hautetfort.com/archive/2014/05/07/la-citation-du-jour-79-calliste-ii-5363881.html

Calliste II / extrait, dans: Jean Gouillard, Petite Philocalie de la prière du coeur (coll. Points Sagesse/Seuil, 1979)