lundi 28 février 2011
dimanche 27 février 2011
Pr Théodore Monod
"Je préfère une ignorance malgré mon inlassable curiosité, à l'acquisition d'un savoir que je saurai n'avoir été obtenu que grâce à la souffrance d'un être vivant". Pr Théodore Monod
http://almasoror.hautetfort.com/
samedi 26 février 2011
vendredi 25 février 2011
Prospérité sans croissance
"Avec beaucoup de retard, j’ai lu le livre de Tim Jackson, « Prospérité sans croissance », dont la traduction française est parue en 2010. Voici le compte-rendu critique de ce livre également disponible sur mon site « Prospérité sans croissance et croissance sans prospérité », que j’ai rédigé pour l’association des « économistes atterrés ».
Depuis bientôt quatre ans le capitalisme a plongé le monde dans une crise sans précédent par son étendue, sa globalité et sa multi-dimensionnalité : économique, financière, sociale et écologique, chacune de ces dimensions renforçant les autres. Les structures socio-économiques se fissurent parce qu’ont prévalu le renforcement des privilèges d’une classe dominante et le délitement de toutes les protections sociales. Alors, les cadres de pensée à l’intérieur desquels se déployaient les justifications d’un ordre supposé apporter à l’humanité le bien-être, la démocratie et la paix s’épuisent et apparaissent pour ce qu’ils étaient : idéologie et non pas science, intérêt de classe bien compris et non pas intérêt général." L'article intégral :
http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2011/02/22/un-capitalisme-sans-croissance-economique-est-il-possible/
Depuis bientôt quatre ans le capitalisme a plongé le monde dans une crise sans précédent par son étendue, sa globalité et sa multi-dimensionnalité : économique, financière, sociale et écologique, chacune de ces dimensions renforçant les autres. Les structures socio-économiques se fissurent parce qu’ont prévalu le renforcement des privilèges d’une classe dominante et le délitement de toutes les protections sociales. Alors, les cadres de pensée à l’intérieur desquels se déployaient les justifications d’un ordre supposé apporter à l’humanité le bien-être, la démocratie et la paix s’épuisent et apparaissent pour ce qu’ils étaient : idéologie et non pas science, intérêt de classe bien compris et non pas intérêt général." L'article intégral :
http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2011/02/22/un-capitalisme-sans-croissance-economique-est-il-possible/
jeudi 24 février 2011
Le site des Infos Vertes
"Taux de mortalité deux fois plus élevés pour les plus pauvres
Quatre comportements potentiellement néfastes pour la santé ont été étudiés : consommation excessive d’alcool et de tabac, régime alimentaire déséquilibré, manque ou faible niveau d’activité physique.
Qu'a montré la comparaison ?
Le lien entre la position socio-économique et la mortalité est similaire dans les deux cohortes : le taux de mortalité en France comme en Grande-Bretagne est deux fois plus important dans la catégorie socio-économique la moins élevée par rapport à la catégorie la plus élevée.
Mais, dans la cohorte britannique, les comportements néfastes pour la santé sont plus répandus parmi les plus pauvres que dans la cohorte française.
Le poids de la prévention, de l'environnement, de l'accès aux soinsContrairement à ce qui se passe en Grande-Bretagne, ces résultats montrent que les comportements néfastes pour la santé semblent avoir une moindre influence sur les inégalités sociales de mortalité en France.
Peut-être en raison de différences culturelles mais aussi en raison "d’autres facteurs comme l’environnement, le stress et la prévention au travail, la sécurité sociale ou encore l’accès aux soins", ajoute Silvia Stringhini.
Autant de facteurs "dont l’étude comparative permettrait à terme d’identifier les déterminants universels et les cibles des inégalités sociales de santé", concluent les chercheurs."
http://lesinfosvertes.hautetfort.com/
Qu'a montré la comparaison ?
Le lien entre la position socio-économique et la mortalité est similaire dans les deux cohortes : le taux de mortalité en France comme en Grande-Bretagne est deux fois plus important dans la catégorie socio-économique la moins élevée par rapport à la catégorie la plus élevée.
Mais, dans la cohorte britannique, les comportements néfastes pour la santé sont plus répandus parmi les plus pauvres que dans la cohorte française.
Le poids de la prévention, de l'environnement, de l'accès aux soinsContrairement à ce qui se passe en Grande-Bretagne, ces résultats montrent que les comportements néfastes pour la santé semblent avoir une moindre influence sur les inégalités sociales de mortalité en France.
Peut-être en raison de différences culturelles mais aussi en raison "d’autres facteurs comme l’environnement, le stress et la prévention au travail, la sécurité sociale ou encore l’accès aux soins", ajoute Silvia Stringhini.
Autant de facteurs "dont l’étude comparative permettrait à terme d’identifier les déterminants universels et les cibles des inégalités sociales de santé", concluent les chercheurs."
http://lesinfosvertes.hautetfort.com/
mercredi 23 février 2011
mardi 22 février 2011
"Certes, René Alleau, dans son ouvrage devenu un classique intitulé Hitler et les sociétés secrètes. Enquête sur les sources occultes du nazisme (Le Cercle du nouveau livre d'histoire, 1969) avait considérablement facilité le complexe travail consistant à clarifier l'écheveau des multiples influences ayant présidé à la renaissance de la swastika mais le propos de Jean-Luc Evard n'en est pas moins original." ...
"«[…] si le martyre des Juifs dans la Shoah, après celui des Arméniens, a confirmé l’avènement de l’État criminel dans l’histoire de l’humanité, l’écriture à venir de la condition juive depuis l’Antiquité enseignera aussi à l’œcoumène entier comment résister à cet État, et comment le subvertir. Enseignement que résume l’exhortation du prophète : «Sois sans crainte»" (p. 230).
dimanche 20 février 2011
Le DVD d'hier soir : Pelle Le Conquérant
19è siècle, émigration d’un vieux père (Lassefar) et son fils d’une douzaine d’années, de la Suède vers le Danemark. Le père promet au fils des conditions de vie plus décentes. La réalité hélas, est bien différente de ce à quoi ils s’attendaient ; Lassefar se croit embauché mais il est relégué dans l’étable à vaches la plupart du temps, le recoin qu’ils parviennent à y aménager n’est pas le home tant espéré. Ils connaissent finalement la même précarité que précédemment en Suède, l’hostilité de la population à l’encontre des émigrés comme épreuve supplémentaire. Le fils Pelle a bien des difficultés à se faire accepter à l’école mais lorsque son vieux père envisage de vivre avec une femme du pays dont personne n’est sûr qu’elle soit réellement veuve, il passe du "statut" de "plouc bouseux" à celui de pestiféré. La situation lui devenant insupportable, il ne lui reste plus d’autre issue que le départ vers le vaste monde. Beaucoup de thèmes sont traités dans ce film : la relation père-fils, la vieillesse du père et sa philosophie, le statut des étrangers. http://www.dailymotion.com/video/xfcyhr_pelle-le-conquerant_news
samedi 19 février 2011
"Le paysage actuel d’Asbestos est indissociable de l'activité industrielle qui s’est développée des suites de la découverte d'un important gisement d'amiante à la fin du XIXe siècle. La mine Jeffrey, avec un des puits miniers les plus grands au monde, les haldes minières, ses infrastructures routières et son parc industriel témoignent de l'importance de cette activité pour la ville et la région.
Asbestos aura connu grandes et petites misères au cours de son histoire, sous divers rapports. D'abord, l'industrie minière du début du siècle, utilisant des moyens et techniques rudimentaires, aura entrainé des accidents ininterrompus aussi bien dans le puits à ciel ouvert que dans les moulins. Les conditions déficientes au niveau de la santé et de l'environnement de travail auront laissé des séquelles mortelles chez de nombreux autres mineurs affectés par des maladies pulmonaires, couramment appelées amiantose."...
Intégral : http://fr.wikipedia.org/wiki/Asbestos
Asbestos aura connu grandes et petites misères au cours de son histoire, sous divers rapports. D'abord, l'industrie minière du début du siècle, utilisant des moyens et techniques rudimentaires, aura entrainé des accidents ininterrompus aussi bien dans le puits à ciel ouvert que dans les moulins. Les conditions déficientes au niveau de la santé et de l'environnement de travail auront laissé des séquelles mortelles chez de nombreux autres mineurs affectés par des maladies pulmonaires, couramment appelées amiantose."...
Intégral : http://fr.wikipedia.org/wiki/Asbestos
vendredi 18 février 2011
"Cet entretien avec un politologue chinois diplômé de l’Université de Chicago offre un aperçu de la politique chinoise d’expérimentation locale à travers l’expérience de Chongqing. Cui Zhiyuan explique comment la politique sociale de la ville s’allie à l’économie de marché en s’appuyant sur les bénéfices des entreprises publiques."
"An interview with a Chinese political scientist trained in American universities gives us an insight into China’s pragmatic policy of local experimentation. It chronicles how officials in the municipality of Chongqing have seized the opportunity offered by its special status to launch a unique blend of liberal and socialist economic policy."
jeudi 17 février 2011
Mise au point avec ma pomme
Après avoir lu l'article d'aujourd'hui chez Stalker, ensuite celui sur le combat des mineurs du site Canadien, après avoir écouté ensuite à la radio le combat d'un journaliste contre le blanchiment de l'argent, c'est comme si je m'étais livrée à une auscultation du pouvoir. Le pouvoir qui sécrète ses démiurges influant de tout leur poids sur l'Histoire quand ils ne sont pas à l'origine des guerres, et les hommes qui se laissent, pour les uns, emporter par le courant sans toujours comprendre vraiment ce qui se passe tels ces fameux bouchons de liège sur la crête des vagues, ou tentent, pour les plus courageux, de ramer contre comme il y a souvent lieu de le faire, même en démocratie, d'autres, pris dans les remous de l'Histoire, ciblés par les "petits dieux" risquent gros tandis que les citoyens qui ont réussi à passer entre les gouttes, essaient avec bonne volonté, avec leur simple petite carte d'électeur de dégonfler tel politique en place qui abuse, plutôt que de vraiment voter pour un programme qui trop souvent fait vitrine. C'est un peu comme dans la légende de Tolkien. Néanmoins, certains courageux citoyens nous éblouissent par leurs actions combatives et vraiment admirables, mais on voudrait qu'ils ne soient jamais élus, sait-on jamais, afin de les préserver de la chute.
Lutter contre le blues du blasé en gardant toute ma reconnaissance, mon admiration pour les grands écrivains, les journalistes les plus combatifs, etc., et apporter une petite coopération si tant est que la chose soit possible, voilà pour moi. J'ai la possibilité quand même, comme beaucoup heureusement, de pouvoir m'offrir la consolation sublime de la musique et je ne vais certes pas m'en priver. Je ne me lasse pas de la musique de Chopin :
"One thing that Duplessis could not stand was change, and the events that were about to unfold in the obscure mining town of Asbestos would be the first serious threat to his hegemony.
In December 1948 negotiations began on a labour contract for 1949. The miners had six basic demands, including a wage of $1 per hour, union security, a pension scheme and some company action to check the spread of lung choking silicosis caused by exposure to asbestos. The negotiations hit a deadlock by early February and by law both sides were required to go to arbitration. This was a happy prospect for the company, for the government invariably chose pro-business arbitrators."...
http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=ArchivedFeatures&Params=A2106
"Quelle est l'origine de la honte ? Ce mystérieux sentiment de sa propre indignité, cette volonté de détruire et dégrader ce que l'on a soi-même construit, image d'une vie simple qu'il s'agit pourtant, à tout prix, de briser, de souiller ? Ainsi, «Certains hommes éprouvaient le besoin de souiller, de dégrader ce qui avait été leur abri et leur fierté. Ici et là, en dépit des règlements d'hygiène, on pouvait voir un soldat se soulager dans ce qui avait été son logis, et parfois, après, il s'arrêtait songeur, sombre, tristement étonné, comme s'il ne comprenait pas les motifs de son acte» (p. 156).L'Histoire seule en partage. Mais, face à l'absurdité de cette dernière qui semble décidément indifférente à nos destinées, la honte, universelle, en unique juge de nos paroles et de nos actions, surtout lorsque comme pour Aaron la vérité de l'expérience de guerre la plus intime, la possibilité de tuer un autre homme et de mesurer son propre courage physique, est refusée au héros (cf. p. 173), du moins jusqu'aux toutes dernières pages de notre roman."
http://stalker.hautetfort.com/archive/2011/02/06/la-grande-foret-wilderness-robert-penn-warren.html
Le Kaïros
"Le Kairos, une dimension du temps n'ayant rien à voir avec la notion linéaire Chronos (temps physique), pourrait être considérée comme une autre dimension du temps créant de la profondeur dans l'instant. Une porte sur une autre perception de l'univers, de l'événement, de soi. Une notion immatérielle du temps mesurée non pas par la montre, mais par le ressenti."
http://fr.wikipedia.org/wiki/Kairos
Loupé de peu
"Arte diffusera ce soir un reportage consacré au Réseau Gladio et aux guerres secrètes que menèrent les cellules clandestines du Stay Behind en Europe occidentale pendant la guerre froide. Le réseau Stay Behind fut créé par les Etats-Unis en 1948 afin de combattre une éventuelle invasion de l'Europe de l'Ouest par les troupes communistes du Pacte de Varsovie : "Ses agents devaient être prêts à effectuer des missions d'espionnage et à commettre des actes de sabotage en cas d'offensive soviétique" selon le communiqué d'Arte. Des réseaux Stay Behind furent constitués dans une dizaine de pays d'Europe occidentale dont la France et furent particulièrement actifs en Italie et en Allemagne.Faute d'invasion du Pacte de Varsovie, le réseau Stay Behind se livra à des actions de terrorisme qui furent attribuées dans un premier temps à des groupuscules d'extrême-gauche : attentats visant Milan en 1969, la gare de Bologne en 1980 et la fête de la bière à Munich quelques semaines plus tard."
Intégral: http://meridien.canalblog.com/archives/2011/02/16/20407275.html
Intégral: http://meridien.canalblog.com/archives/2011/02/16/20407275.html
mercredi 16 février 2011
Jean-David Levitte : La diplomatie aujourd’hui
"Ancien ambassadeur à Pékin et à Washington, il fait carrière en politique étrangère depuis près de 40 ans et constate les transformations profondes de l’échiquier international. Il livre ici, une réflexion personnelle sur le métier de diplomate en ce début de XXIe siècle...
La poursuite de l’unité européenne dans un monde multipolaire avec l’envol des pays émergents comme le Brésil, l’Inde et la Chine, est une mutation majeure, trop souvent minimisée. La nouvelle ère de mondialisation de ces dernières années correspond donc à un élargissement massif de l’Union européenne réussi, poursuivant en parallèle l’intégration européenne avec la création de l’Euro malgré les difficultés que connaît la zone Euro." ...
http://www.canalacademie.com/ida6547-Jean-David-Levitte-La-diplomatie.html
http://www.canalacademie.com/ida6547-Jean-David-Levitte-La-diplomatie.html
"Nés d’initiatives spontanées dans les années 1970, les espaces alternatifs new-yorkais revendiquent l’esthétique du taudis, héritée de leur précarité, en opposition au monde de l’art établi et marchand. Depuis, ces lieux d’avant-garde artistique ont tendance à disparaître ou à intégrer des structures institutionnelles.
Dès la fin des années 1960, les premiers espaces alternatifs new-yorkais apparaissent à SoHo, un des quartiers du sud de Manhattan. Au début des années 1960, lorsque les artistes commencent à s’installer illégalement dans les lofts abandonnés de certaines manufactures, rien ne laisse deviner que le South Houston District peut devenir le cœur de l’avant-garde artistique new-yorkaise. Alors que les premiers artistes y élisent domicile, les manufactures ainsi que les magasins de gros et de détail ont déjà abandonné la plupart des immeubles de petite taille du quartier. L’avenir de SoHo est alors directement menacé par de vastes programmes de restructuration urbaine concernant tout le sud de l’île."
mardi 15 février 2011
lundi 14 février 2011
"Does the globalization of the economy inevitably imply a lowering of our social protections? As Jean-Fabien Spitz shows, this would mean considering them as a mere luxury that we must give up during a period of crisis, whereas they are really and more deeply what gives a democratic society the basis for its own legitimacy."
http://www.booksandideas.net/The-Social-State-and-Globalization.html
dimanche 13 février 2011
Chopin vu par Chopin
"Chopin vu par Chopin : Les dernières années et la technique pianistique (7/7)
Les dernières lettres du compositeur, par Jean-Pierre Grivois
Quels sont les derniers instants de la vie de Frédéric Chopin ? Comment perçoit-il son avenir malgré la dégradation de son état de santé ? Où finira-t-il ses jours ? Jean-Pierre Grivois nous présente les dernières lettres du compositeur rédigées avant de s’éteindre le 17 octobre 1849. La pianiste Armelle Joubert est notre invitée pour exposer la technique pianistique de Frédéric Chopin."
Écoutez : http://www.canalacademie.com/ida6271-Chopin-vu-par-Chopin-Les-dernieres.html
samedi 12 février 2011
vendredi 11 février 2011
Ma petite note de lecture
Dans L'imposture de Bernanos, l'auteur veut faire ressentir au lecteur la gravité de l'escroquerie morale. Les conséquences en sont le désespoir qui se répercute sur les êtres vulnérables comme Pernichon, et indirectement sur la jeune fille dont s'occupait la victime de l'agression de Cénabre. L'abbé Chevance meurt sans avoir pu lui communiquer le pardon, c'est pourquoi aux derniers instants de sa vie, il offre une telle image de désespoir à cette jeune fille qui n'a pas les éléments, on dirait aujourd'hui les tenants et les aboutissants, pour comprendre l'attitude de son compagnon face à la mort. Il eût mieux valu que Cénabre "rende tout", c'est-à-dire redevienne laïque selon le conseil que lui avait donné celui qui l'appellait "son ami".
Une phrase de Bernanos, extraite de La Joie : "Chaque être, si misérable qu'on le suppose, a néanmoins sa vérité. Mais qu'importe la vérité des êtres à qui n'a jamais entrepris de rechercher sa propre vérité ?". Le mensonge continuel étant effectivement très destructeur. À noter que je n'ai pas souvent lu le nom "Jésus", de Bernanos même si, quand il parle de "L'humiliation d'une telle mort", concernant l'abbé Chevance, on a le sentiment qu'il fait également allusion à une autre agonie.
On est toujours touché par les êtres sincères, aussi merci Bernanos.
jeudi 10 février 2011
Merci Ambroise Croizat
"Croizat est ministre du Travail du général de Gaulle du 21 novembre 1945 au 26 janvier 1946 puis ministre du Travail et de la Sécurité sociale du 26 janvier au 16 décembre 1946 (gouvernements Gouin et Bidault) et du 22 janvier au 4 mai 1947 (fin de la participation communiste au gouvernement)." (Wikipedia)
Ambroise Croizat ou l'invention sociale : http://www.micheletievent.lautre.net/spip.php?article10
Ambroise Croizat ou l'invention sociale : http://www.micheletievent.lautre.net/spip.php?article10
mercredi 9 février 2011
Extrait de L'imposture - Bernanos
... "Le néant est accepté le plus souvent comme l’unique hypothèse possible après la ruine de toutes les autres, possible parce que par définition invérifiable, hors de portée de la raison. On l’accepte avec désespoir, avec dégoût. Mais lui, il donnait vraiment au néant sa foi, sa force, sa vie. Il le voulait tel, ne voulait que lui. Dans ce choix extraordinaire, dans cette préférence surhumaine, il ne distinguait point la part d’une rancune accumulée par des années et des années de contrainte. Une telle découverte l’eût profondément humilié. Il se croyait sûr au contraire d’avoir agi sans violence, accepté virilement l’inévitable, et il mettait son honneur à ne se reconnaître aucune dette envers qui que ce fût, soit de haine, soit d’amour.
Néanmoins il se savait coupable d’une faiblesse, la seule, demeurée incompréhensible, l’appel à l’abbé Chevance. Désormais unique possesseur de lui-même, tirant de lui sa peine ou sa joie, dans une parfaite solitude, ce souvenir lui était insupportable. Tel un avare qui ne jouit plus de son trésor parce qu’on lui en a dérobé une parcelle, et dissipe sa rare et précieuse volupté à désirer ce qu’il n’a plus, M. Cénabre ne se consolait pas d’avoir laissé prendre, par mégarde, quelque chose de sa vie. Une brèche restait ouverte. Un certain pressentiment l’agaçait.
A cette inquiétude près, il se sentait sûr de lui, n’ayant jamais rien livré au hasard, ni commis aucune autre imprudence. A son retour d’Allemagne, afin de s’accorder quelques jours de réflexion, il avait consigné sa porte, et fait dire qu’il était malade. Mais alors même les rares intimes qui l’approchèrent n’eurent certainement pas de soupçons. Dès ce moment, d’ailleurs, sa décision était prise : il avait résolu de ne pas changer l’ordonnance extérieure de sa vie, de vivre et de mourir en prêtre." ...
The situation is hopeless where defence is concerned !... mais bon, l'histoire n'est pas finie.
dimanche 6 février 2011
samedi 5 février 2011
Qui est Reclus ?
"Two recent biographies of Élisée Reclus allude to his pretended “anti-Semitism”, without presenting, however, any documental evidence of this assertion. This gives to us the occasion to clarify the approach of a nineteenth-century geographer and anarchist on a people which was at that time dispersed, and which had just started to elaborate the Zionist idea. What are the geographical ideas of Reclus, who deals in his monumental work with hundreds of Jewish communities, on their territorial status, and more broadly on the stateless peoples ? What are his political ideas, which we can infer from his articles and correspondences, on the pogroms and the other persecutions suffered by the Jews ? In this paper, we explore systematically the reclusian corpus to find answers to these questions."
En français sur le site :
http://cybergeo.revues.org/index23467.html
http://cybergeo.revues.org/index23467.html
On pourrait intituler la suite de l'extrait : le rire de l'abbé Cénabre
... "La solitude de la rue, le ronflement du vent ramenèrent sa pensée au vieux prêtre, et il imagina son retour à travers la ville déserte, jusqu’à la chambre d’hôtel, dont il avait connu un soir la misère. D’ailleurs, ce n’était pas au souvenir de l’abbé Chevance qu’il venait d’arrêter son esprit mais à sa parfaite, sa définitive, son impitoyable solitude. Il lui sembla qu’il comprenait seulement à l’instant combien cet homme était seul — isolé — seul entre les autres hommes, plus séparé d’eux par la singularité de sa nature que par l’espace ou le temps. Il en ressentit une vive joie. Qu’importe un tel fantôme, ami ou ennemi ? Que peut, pour ou contre, ce vieillard sale et craintif ?… Il était dans la foule ainsi qu’un étranger impuissant à se faire entendre, et s’il y eût songé par impossible, chaque effort fait dans ce sens (comme il arrive lorsque la différence est absolue, irrémédiable) eût aggravé le malentendu originel, tourné à la confusion de l’homme seul.
"Pauvre vieux !" fit-il avec tristesse.
Et aussitôt, pour la troisième fois, il entendit son rire.
Si bref, si étouffé qu’il fût, son attention sur ses gardes l’avait saisi d’emblée, happé au passage. De nouveau, mais bien plus nettement, la même disproportion l’avait frappé de ce rire à son attitude, à l’expression même de son visage qui, sur les derniers mots, s’était pourtant attendri de pitié. Oui, le sentiment de cette disproportion était autrement clair et pressant. Il n’en saisissait pas encore la cause, mais une seconde lui avait suffi pour découvrir le point douloureux, au plus profond de son orgueil. Celui que Mgr Dutoit, dans un discours célèbre, avait appelé l’esprit le plus subtil et le plus fin de son temps se découvrait un rire ignoble." ...
Bernanos
second extrait de L'Imposture - Bernanos
Petit résumé : L’abbé Chevance, le prêtre sincère, quitte l’abbé Cénabre qui a vainement essayé de se rattraper après les étranges démonstrations d’hostilité gratuite à son encontre. Peu de temps après "le regard de l’abbé Cénabre, en s’abaissant, rencontra quelque chose à terre qu’il ne reconnut pas d’abord", cette chose est le rabat de l’abbé Chevance (un élément de sa tenue vestimentaire) :
"Sans aucun doute ce rabat s’était détaché au moment où le vieux prêtre avait perdu pied sous la poussée de son formidable adversaire… Il revoyait le corps étendu, la soutane troussée sur le gros bas noir, le gigotement puéril… "Pourquoi l’ai-je frappé ?"
Une violence si subite, une si extraordinaire dépossession de soi (la mystérieuse fureur disparue) demeurait forcément inexplicable. Quel que fût son désir de retrouver l’état d’indifférence habituel, ou se persuader l’avoir retrouvé, il restait ce petit fait singulier, ce petit fait irréductible. Impossible de ramener les événements de la nuit aux proportions ordinaires, tant que le doute subsisterait. Le calme, l’ironie un peu hautaine, imperturbable de l’abbé Cénabre sont connus de tous, et presque déjà légendaires. A ce point de vue la brutale exécution du plaintif Pernichon ne s’expliquait pas aisément. Mais que dire de ce qui l’avait suivie ?
"Pourquoi l’ai-je frappé ? répétait-il, parlant toujours à voix basse. Il fallait que je fusse hors de moi ! Sa pensée choppait à ce seul obstacle. Il n’était attentif qu’à la recherche de ce qui l’avait porté en avant contre un ennemi désormais disparu, effacé, anéanti, et avec une telle haine au cœur toute vive… Contre qui ? Contre quoi ?"
Alors, il entendit de nouveau son rire et sursauta.
C’était moins un rire qu’un ricanement convulsif, involontaire, déclenché bizarrement, méconnaissable. Depuis quelque temps déjà il accompagnait sa réflexion ainsi qu’une ponctuation mystérieuse, et il ne s’en serait pas avisé, tant cette chose inconnue se liait étroitement aux plus intimes, aux moins avouées ou avouables, de ses pensées. Ce qui avait soudain retenu son attention était une certaine disproportion essentielle de ce rire, non pas à la rumination intérieure, mais à l’attitude, à la tenue, à chacun de ses gestes, toujours graves et mesurés, enfin à tout ce qui paraissait de lui au-dehors. Sa surprise fut vive, mais elle se dissipa aussi rapidement que ce qui l’avait fait naître, et il ne subsista d’elle qu’une inquiétude obscure, une espèce d’attention secrète. Mot à mot il guettait, il épiait le retour de ce témoin étranger, tandis qu’il reprenait ses allées et venues à travers la chambre, avec une indifférence affectée.
C’est ainsi qu’il reposa sur la table le rabat chiffonné, maculé de taches et puant le tabac (car l’ancien curé de Costerel prisait beaucoup), puis revint vers la fenêtre dont il ouvrit tout grand les rideaux."
Suite de l’extrait sur cette page tout à l’heure.
"Pourquoi l’ai-je frappé ? répétait-il, parlant toujours à voix basse. Il fallait que je fusse hors de moi ! Sa pensée choppait à ce seul obstacle. Il n’était attentif qu’à la recherche de ce qui l’avait porté en avant contre un ennemi désormais disparu, effacé, anéanti, et avec une telle haine au cœur toute vive… Contre qui ? Contre quoi ?"
Alors, il entendit de nouveau son rire et sursauta.
C’était moins un rire qu’un ricanement convulsif, involontaire, déclenché bizarrement, méconnaissable. Depuis quelque temps déjà il accompagnait sa réflexion ainsi qu’une ponctuation mystérieuse, et il ne s’en serait pas avisé, tant cette chose inconnue se liait étroitement aux plus intimes, aux moins avouées ou avouables, de ses pensées. Ce qui avait soudain retenu son attention était une certaine disproportion essentielle de ce rire, non pas à la rumination intérieure, mais à l’attitude, à la tenue, à chacun de ses gestes, toujours graves et mesurés, enfin à tout ce qui paraissait de lui au-dehors. Sa surprise fut vive, mais elle se dissipa aussi rapidement que ce qui l’avait fait naître, et il ne subsista d’elle qu’une inquiétude obscure, une espèce d’attention secrète. Mot à mot il guettait, il épiait le retour de ce témoin étranger, tandis qu’il reprenait ses allées et venues à travers la chambre, avec une indifférence affectée.
C’est ainsi qu’il reposa sur la table le rabat chiffonné, maculé de taches et puant le tabac (car l’ancien curé de Costerel prisait beaucoup), puis revint vers la fenêtre dont il ouvrit tout grand les rideaux."
Suite de l’extrait sur cette page tout à l’heure.
vendredi 4 février 2011
Extrait de L'Imposture - Bernanos
L'abbé Cénabre a perdu la foi et se sentant mal dans sa peau il a fait venir auprès de lui, en pleine nuit, le viel abbé Chevance, assez mal noté par sa hiérarchie, mais véritablement croyant, afin de se confier à lui, mais l'entrevue tourne mal :
"Il le vit glisser plutôt que marcher vers la porte, son chapeau sous le bras, si pâle, si las, d’un air de soumission si basse qu’une rage le prit de laisser échapper ce prêtre ridicule, avec son secret. Mais au fond du cœur sa déception était plus forte encore du silence qu’il ne pouvait rompre, de la solitude incompréhensible où depuis quelques heures il était tombé. Prières, menaces, mensonges, cris de fureur ou de désespoir, il semblait que rien ne pût dépasser le cercle enchanté. Il était comme un homme qui crie au fond de la mer.
La fureur l’emporta pourtant. La même haine mystérieuse cherchant toujours son objet, et qui l’avait déjà soulevé de colère contre le blême Pernichon, le jeta tout tremblant, face à un nouvel adversaire. Il ne mesura point son élan. Il étendit seulement le bras, et le frêle vieux prêtre pirouetta sur lui-même, cherchant vainement un appui de ses mains ouvertes. Les semelles cloutées glissèrent sur le parquet ciré. Il tomba à genoux, son chapeau à côté de lui, lamentable.
La honte plutôt que la pitié, tira de l’abbé Cénabre une espèce de gémissement. Il restait muet devant sa grotesque victime, la discernant à peine, toute son attention tendue vers l’événement intérieur, le jaillissement irrésistible, la force inconnue, surnaturelle… Qu’était, qu’était cette passion soudaine, frappant de tels coups dans sa poitrine ?
Il ne vit pas l’abbé Chevance se lever, il ne vit pas la vieille main s’emparer de la sienne, il n’entendit pas la voix pourtant si douce, encore frémissante d’une terreur enfantine, et soudain elle sonna terriblement à son oreille. Tout son corps, d’un imperceptible écart, sitôt retenu, esquissa le bond d’une bête traquée. Puis le regard surgit de nouveau dans ses yeux.
« J’aurais désiré que vous me bénissiez, disait tristement l’abbé Chevance… J’aurais voulu vous demander cette grâce, avant de vous quitter pour jamais. »
Sa voix était tendre, et pleine d’une pitié si divine que l’orgueil le plus sourcilleux s’en fût trouvé ému. Il n’évitait pas, il cherchait maintenant les yeux sombres, tandis que s’abattait sur le prêtre célèbre, ainsi qu’un aigle sur sa proie, la compassion d’une âme de feu.
« Oui, disait le confesseur des bonnes, dans l’affreuse épreuve où je vous vois, tout autre acte de notre ministère vous serait, certes, impossible. Mais lequel d’entre nous, sous les pieds mêmes du diable, ne pourrait valablement bénir, au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit ? Ah ! Mon ami, cela est vrai, cela est sûr ! Vous pouvez, sans sacrilège appeler sur un frère à peine moins misérable que vous cette grâce dont vous êtes à présent vide. Ecoutez-moi. Faites ce signe au moins — même avec indifférence — même dans la perversion de la volonté ! Qu’importe si vous croyez ou non à cette minute, et quand chaque battement de votre cœur serait un blasphème et un défi ! Si vous ne pouvez implorer la miséricorde pour vous — ah ! Faites, faites au moins le signe qui la dispense au pécheur ! Souhaitez-moi, souhaitez-moi seulement d’être heureux ! »
C’est ainsi que ce prêtre extraordinaire, avec une ténacité sublime, tentait sa chance suprême, lançait le dernier appel susceptible d’être entendu. Il voyait, il tenait sous son regard, il touchait presque l’âme forcenée, frappée à mort ; il n’espérait plus rien d’elle qu’un signe, un seul signe, à peine volontaire, à peine lucide, quelque chose comme le clin d’œil qui consent, sur la face pétrifiée de l’agonie, un rien, la brèche où pût peser de tout son poids immense la formidable pitié divine, qu’il entendait rugir autour du réprouvé encore vivant. La révélation lui en venait d’être faite, en un éclair, il n’eût su dire comment, et il allait l’oublier aussi vite, il était tout entier dans son effort, il ne mesurait pas son coup. Bien au-delà de sa propre raison, à mille lieues de son corps chétif, qui même alors gardait son attitude humiliée, craintive, sa charité, elle seule, discernait, jugeait, agissait. Qui peut voir, avec les yeux de l’ange ? L’homme qu’il disputait aux ténèbres était toujours là, devant lui, dans sa forte carrure, son front pâle sans une ride, les yeux baissés. Mais ils s’étreignaient dans le ciel.
Par degrés, la conscience revenait à l’abbé Cénabre, bien qu’il ne s’arrachât qu’au prix d’un grand effort à sa contemplation intérieure. Ce qui se formait en lui échappait à toute prise de l’intelligence, ne ressemblait à rien, restait distinct de sa vie, bien que sa vie en fût ébranlée à une profondeur inouïe. C’était comme la jubilation d’un autre être, son accomplissement mystérieux. De ce travail, il ne savait ni le sens ni le but, mais la passivité de toutes ses facultés supérieures au centre d’un ébranlement si prodigieux était justement une volupté, dont son corps vibrait jusqu’aux racines. Il acceptait, il recevait dans sa propre nature la force mystérieuse, il la subissait avec une joie terrible. A ce degré d’abandon de soi-même, à ce déliement total, aucune raison si péremptoire, aucune menace, aucune injure n’eût obtenu de lui-même un soupir. La prise était d’autant plus forte qu’elle s’était refermée à l’improviste. La résistance avait été brisée d’un coup.
Il contemplait encore l’abbé Chevance avec hébétement. La voix, tour à tour impérieuse et suppliante, avait frappé parfois son oreille, sans émouvoir son cœur, mais il en avait retenu les mots prononcés. Sa mémoire, les ayant enregistrés, les reformait mécaniquement. Dans l’effusion de son affreux bonheur, cette plainte, ce dernier appel n’avait pas de sens, ou du moins pour le saisir, il devait remonter peu à peu des profondeurs de sa joie. La lenteur du retour lui fit mesurer l’énormité de sa chute. Car si étroitement qu’il nous presse, l’ange obscur, maître de la volonté, sent tressaillir sous lui, au moment suprême, la chair qu’il a trompée — la chair qui flaire la mort. D’ailleurs, tout se passa dans le temps d’un éclair.
Enfin, il put voir. Il put fixer clairement le vieux prêtre, tremblant non plus de crainte, mais de pitié. L’élan pour fuir, dont l’abbé Cénabre était incapable, son désir même, dont la source était tarie, il les retrouvait, sans les reconnaître, dans le regard du dernier ami. La grâce divine (depuis des mois, il n’en ressentait même plus l’absence) se montrait encore une fois : c’était comme la face d’un cadavre au fond des eaux, c’était comme un cri plaintif dans la brume. La clairvoyance de l’apôtre, ou plutôt sa sublime charité, l’avait inspiré de solliciter du malheureux cela seul dont il était encore capable : une muette imploration, pas même : un effort de sympathie, moins peut-être : un mouvement de compassion pour sa propre déchéance.
Rien n’en parut au visage contracté de l’abbé Cénabre. Sa récente fureur s’y marquait encore, car le vertige l’avait saisi brusquement, traîtreusement. Aucun signe n’avait témoigné au-dehors de la joie suspecte dont il avait connu la première et définitive possession, ou peut-être la figure humaine ne saurait-elle l’exprimer." …
La fureur l’emporta pourtant. La même haine mystérieuse cherchant toujours son objet, et qui l’avait déjà soulevé de colère contre le blême Pernichon, le jeta tout tremblant, face à un nouvel adversaire. Il ne mesura point son élan. Il étendit seulement le bras, et le frêle vieux prêtre pirouetta sur lui-même, cherchant vainement un appui de ses mains ouvertes. Les semelles cloutées glissèrent sur le parquet ciré. Il tomba à genoux, son chapeau à côté de lui, lamentable.
La honte plutôt que la pitié, tira de l’abbé Cénabre une espèce de gémissement. Il restait muet devant sa grotesque victime, la discernant à peine, toute son attention tendue vers l’événement intérieur, le jaillissement irrésistible, la force inconnue, surnaturelle… Qu’était, qu’était cette passion soudaine, frappant de tels coups dans sa poitrine ?
Il ne vit pas l’abbé Chevance se lever, il ne vit pas la vieille main s’emparer de la sienne, il n’entendit pas la voix pourtant si douce, encore frémissante d’une terreur enfantine, et soudain elle sonna terriblement à son oreille. Tout son corps, d’un imperceptible écart, sitôt retenu, esquissa le bond d’une bête traquée. Puis le regard surgit de nouveau dans ses yeux.
« J’aurais désiré que vous me bénissiez, disait tristement l’abbé Chevance… J’aurais voulu vous demander cette grâce, avant de vous quitter pour jamais. »
Sa voix était tendre, et pleine d’une pitié si divine que l’orgueil le plus sourcilleux s’en fût trouvé ému. Il n’évitait pas, il cherchait maintenant les yeux sombres, tandis que s’abattait sur le prêtre célèbre, ainsi qu’un aigle sur sa proie, la compassion d’une âme de feu.
« Oui, disait le confesseur des bonnes, dans l’affreuse épreuve où je vous vois, tout autre acte de notre ministère vous serait, certes, impossible. Mais lequel d’entre nous, sous les pieds mêmes du diable, ne pourrait valablement bénir, au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit ? Ah ! Mon ami, cela est vrai, cela est sûr ! Vous pouvez, sans sacrilège appeler sur un frère à peine moins misérable que vous cette grâce dont vous êtes à présent vide. Ecoutez-moi. Faites ce signe au moins — même avec indifférence — même dans la perversion de la volonté ! Qu’importe si vous croyez ou non à cette minute, et quand chaque battement de votre cœur serait un blasphème et un défi ! Si vous ne pouvez implorer la miséricorde pour vous — ah ! Faites, faites au moins le signe qui la dispense au pécheur ! Souhaitez-moi, souhaitez-moi seulement d’être heureux ! »
C’est ainsi que ce prêtre extraordinaire, avec une ténacité sublime, tentait sa chance suprême, lançait le dernier appel susceptible d’être entendu. Il voyait, il tenait sous son regard, il touchait presque l’âme forcenée, frappée à mort ; il n’espérait plus rien d’elle qu’un signe, un seul signe, à peine volontaire, à peine lucide, quelque chose comme le clin d’œil qui consent, sur la face pétrifiée de l’agonie, un rien, la brèche où pût peser de tout son poids immense la formidable pitié divine, qu’il entendait rugir autour du réprouvé encore vivant. La révélation lui en venait d’être faite, en un éclair, il n’eût su dire comment, et il allait l’oublier aussi vite, il était tout entier dans son effort, il ne mesurait pas son coup. Bien au-delà de sa propre raison, à mille lieues de son corps chétif, qui même alors gardait son attitude humiliée, craintive, sa charité, elle seule, discernait, jugeait, agissait. Qui peut voir, avec les yeux de l’ange ? L’homme qu’il disputait aux ténèbres était toujours là, devant lui, dans sa forte carrure, son front pâle sans une ride, les yeux baissés. Mais ils s’étreignaient dans le ciel.
Par degrés, la conscience revenait à l’abbé Cénabre, bien qu’il ne s’arrachât qu’au prix d’un grand effort à sa contemplation intérieure. Ce qui se formait en lui échappait à toute prise de l’intelligence, ne ressemblait à rien, restait distinct de sa vie, bien que sa vie en fût ébranlée à une profondeur inouïe. C’était comme la jubilation d’un autre être, son accomplissement mystérieux. De ce travail, il ne savait ni le sens ni le but, mais la passivité de toutes ses facultés supérieures au centre d’un ébranlement si prodigieux était justement une volupté, dont son corps vibrait jusqu’aux racines. Il acceptait, il recevait dans sa propre nature la force mystérieuse, il la subissait avec une joie terrible. A ce degré d’abandon de soi-même, à ce déliement total, aucune raison si péremptoire, aucune menace, aucune injure n’eût obtenu de lui-même un soupir. La prise était d’autant plus forte qu’elle s’était refermée à l’improviste. La résistance avait été brisée d’un coup.
Il contemplait encore l’abbé Chevance avec hébétement. La voix, tour à tour impérieuse et suppliante, avait frappé parfois son oreille, sans émouvoir son cœur, mais il en avait retenu les mots prononcés. Sa mémoire, les ayant enregistrés, les reformait mécaniquement. Dans l’effusion de son affreux bonheur, cette plainte, ce dernier appel n’avait pas de sens, ou du moins pour le saisir, il devait remonter peu à peu des profondeurs de sa joie. La lenteur du retour lui fit mesurer l’énormité de sa chute. Car si étroitement qu’il nous presse, l’ange obscur, maître de la volonté, sent tressaillir sous lui, au moment suprême, la chair qu’il a trompée — la chair qui flaire la mort. D’ailleurs, tout se passa dans le temps d’un éclair.
Enfin, il put voir. Il put fixer clairement le vieux prêtre, tremblant non plus de crainte, mais de pitié. L’élan pour fuir, dont l’abbé Cénabre était incapable, son désir même, dont la source était tarie, il les retrouvait, sans les reconnaître, dans le regard du dernier ami. La grâce divine (depuis des mois, il n’en ressentait même plus l’absence) se montrait encore une fois : c’était comme la face d’un cadavre au fond des eaux, c’était comme un cri plaintif dans la brume. La clairvoyance de l’apôtre, ou plutôt sa sublime charité, l’avait inspiré de solliciter du malheureux cela seul dont il était encore capable : une muette imploration, pas même : un effort de sympathie, moins peut-être : un mouvement de compassion pour sa propre déchéance.
Rien n’en parut au visage contracté de l’abbé Cénabre. Sa récente fureur s’y marquait encore, car le vertige l’avait saisi brusquement, traîtreusement. Aucun signe n’avait témoigné au-dehors de la joie suspecte dont il avait connu la première et définitive possession, ou peut-être la figure humaine ne saurait-elle l’exprimer." …
Alternatives économiques
... "Le principal facteur poussant à la hausse des cours est le boom continu de la demande asiatique, qui s'ajoute à celle, toujours soutenue, des Européens et des Américains, dans un contexte où la crise de 2008 avait temporairement gelé nombre d'investissements pétroliers. Encore exportateur net en 1990, la Chine a représenté à elle seule 40% de l'accroissement de la demande mondiale depuis cette date. Avec l'explosion de son marché automobile, ses importations sont en passe de dépasser celles du Japon. Celles de l'Inde, qui affiche une croissance désormais comparable à la Chine, ont quintuplé depuis 1990." ...
http://www.alternatives-economiques.fr/petrole--100-dollars-le-baril--un-reve-de-petrolier---_fr_art_1073_53046.html
jeudi 3 février 2011
A propos du télé film, une perception et non pas une critique
Dans la version télé film de A la recherche du temps perdu, Proust fait assez souvent figure de dadais, comme beaucoup d’autres personnages masculins de cette version néanmoins fascinante de l’univers Proustien ; ce cocon protecteur serait en fait comparable à une sorte d’aquarium géant spécialisé dans l’élevage des seiches, plutôt féminines du point de vue comportemental. Les messieurs se féminisent donc souvent beaucoup, la préciosité des dames les y invitant peut-être aussi. Proust butte sur les pavés disjoints, tournicote tel un Zebulon, exulte, s’émerveille au spectacle de toutes ces femmes aux toilettes protéiformes pleines de couleurs chatoyantes.
En quête de sécurité ou de reconnaissance quelques "envieux" aimeraient légitimement plonger dans ce milieu haut en couleurs. On le voit avec Morel, la virtuosité musicale peut faire office de passeport non renouvelable, agrémenté de la perspective d’une Légion d’honneur. J’ai aimé ce film comme un documentaire très réussi et à propos de documentaire, il y en a un tout à fait formidable sur les seiches sur mon blog Fleurs.
Entretien avec Boris Lojkine
"L’un des étonnements, lorsque l’on découvre le film, c’est que ce film si vietnamien dans son sujet et son approche soit réalisé par un Français."...
http://penser.over-blog.org/article-les-ames-errantes-un-film-de-boris-lojkine-66325596.html
http://penser.over-blog.org/article-les-ames-errantes-un-film-de-boris-lojkine-66325596.html
mercredi 2 février 2011
Stand with the people of Egypt
... "Des millions d'Egyptiens courageux font face en ce moment à un choix fatidique. Des milliers d'entre eux ont été emprisonnés, blessés et certains tués ces derniers jours. Mais s'ils persistent dans leur soulèvement pacifique, ils pourraient mettre fin à des décennies de tyrannie." ...
https://secure.avaaz.org/fr/democracy_for_egypt_fr/?cl=931669856&v=8321
"Le chercheur sait que le "réel" n’est pas la "norme" ; celui qui est spécialisé dans l’étude du fait religieux a, parmi les tâches à assumer, celle de mesurer les écarts entre le "prescrit" et le "vécu".
...
Les maux du monde arabe majoritairement musulman sont souvent traduits en termes géopolitiques : le regard porté sur les deux siècles écoulés, traversés par la colonisation et la création d’États nations, dont celui d’Israël, véhicule l’image d’une humiliation récurrente et de rapports de domination à l’échelle internationale. Les événements récents conduisent à prendre davantage en compte les causes internes et leur prégnance plus ou moins grande. Même si elles sont promptes à voir dans le suicide le geste de déséquilibrés mentaux, les autorités religieuses ne nient pas que des hommes sont prêts à donner leur vie pour de l’immanent – acheter du pain et des denrées de première nécessité à bon marché, dénoncer une injustice sociale (refus de logement, perte d’emploi, divorce et marginalisation pour cause d’infertilité), combattre une dictature et s’exprimer librement. Il est possible d’y voir un indice de sécularisation*. Contrairement au contexte sud-asiatique – ou européen dans les milieux sécularisés –, et sans qu’une volonté de disqualifier le référent religieux soit jamais explicite, le geste de l’immolation et plus largement du suicide rompt avec un interdit. Celui-ci est enraciné dans des traditions pluriséculaires, ancrées sur la conviction que le feu est l’instrument propre de la punition divine et renforcées par une qualification juridique."...
Étymologie :
*SÉCULARISATION, subst. fém.Étymol. et Hist. 1. 1567 « action de séculariser un religieux » (Papon, Rec. d'arretz notables, 3 b ds Fonds Barbier); 2. 1690 « action de faire passer dans le domaine séculier un établissement religieux » (Fur.); 3. 1890 « processus d'élimination progressive de tout élément religieux » (Renan, Avenir sc., p. 82). Dér. de séculariser*; suff. -(a)tion*.
http://www.cnrtl.fr/etymologie/sécularisation
http://www.laviedesidees.fr/Suicides-islam-et-politique.html
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