Nous avons habité un grenier mal calfeutré, qui laissait passer les courants d'air durant tout un hiver, je crois que nous avons failli y laisser notre peau. Cela se passait il y a plus de trente ans. Un homme que nous devions héberger pour la nuit quitta le grenier, notre logement, car il estima que le froid du dehors, moins enclavé de courants d'air, était plus sain. C'était à Lille, nous sommes partis ensuite pour une vingtaine d'années dans le sud de la France où les hivers sont quand même beaucoup plus doux. Voilà dix-sept ans que nous avons dû revenir dans le Nord car point de salut dans le Sud pour Samuel, côté médecine, et voilà que se profile la même rudesse hivernale. Cette fois-ci : ambiance Kafka à la clé. Nous sommes dans une maison située à cinq mètres d'une rivière, à Béthune, ville mal aimée dans la région, parce que, je pense deviner, les Béthunois n'ayant pas connu les terrils sont taxés de bourgeois du coup, bizarrement. D'après les propos entendus ça et là, comme quoi les Béthunois sont des Bourgeois. Loin de ces rancunes de clocher nous y sommes peut être mêlés bien malgré nous ou alors comment expliquer cette avanie que nous devions toujours avoir recours à des services dont la ville de Béthune est dépourvue mais dont les secteurs miniers sont pourvus. Les chauffagistes, dont les bureaux sont à Liévin et pas à Béthune, font attendre une journée maximum les gens dont la chaudière est en panne sur le secteur de Bruay, nous qui sommes à Béthune donc une semaine et un jour sans chauffage plus tard : toujours pas de chauffagistes en vue malgré le rendez-vous de ce matin. Un lapin semble nous être posé qui plus est. La maison étant à cinq six mètres d'une rivière, les murs suintent l'humidité. Je porte un manteau, des bottes plates fourrées, un cache-nez et, peu de temps avant de me mettre au clavier j'avais des gants. J'ai le nez rouge (sans boire d'alcool, pas de tentation dans ce sens : un verre d'alcool me tourne vite sur le foie). La colère s'apaise néanmoins. Ce pays surfe sur le passé pour bénir ou maudire ceux du présent. Une vieille routine, une vieille France moisie et je le dis sans colère. Pourquoi sans colère ? Parce que j'écris, cela apaise, et surtout parce que l'énorme pavé de Féval que j'ai entamé arrive en son milieu. J'étudie les mœurs du dix-neuvième avec Féval mieux qu'avec n'importe quel autre écrivain de ce siècle. Féval parle des premières pègres maffieuses où trempaient bourgeois, aristos et infortunés à des degrés divers. Crimes crapuleux, mauvais coups à l'encontre des uns au-dessus desquels le sort, comme les criminels en avaient décidé, pouvait planer longtemps avant de les faire tomber avec parfois la bénédiction d'une Justice que l'on trompait, qui se laissait berner facilement. Il est onze dix-sept, toujours pas de chauffagistes. Je m'en vais reprendre mon consolateur le bouquin du terrible dix-neuvième siècle narré par Féval. Oui la culture a du bon, le pavé chaufferette en l'occurrence n'est pas à dédaigner, quelque part, il me sauve la vie !
mardi 30 décembre 2014
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire