dimanche 19 décembre 2010

Impressions sur le vif à la lecture du Rivage des Syrtes suivies de Douce dame jolie


C’est un long chemin que l’on parcourt avec le personnage d’Aldo, sur le Rivage des Syrtes. Il se sent parfois balloté tel un bouchon sur une mer agitée, prend pour une démonstration de force l’aveu de faiblesse de Vanessa, ou est renforcé dans un orgueil assez accablant, voire à mes yeux fascisant, à travers le maître d’un des plus grands domaines des Syrtes. Vanessa oscille également entre une extrême fierté et l’humilité soudaine de l’instrumentalisation consentie. Parfois, de par son appartenance à une famille renommée, elle a l’impression de posséder la cité État Orsenna et se voit comme une cavalière maîtrisant un cheval retors, ou à l’opposé, elle se sent prisonnière d’une ville marécage pourrissant sur ses acquits. Ce sentiment-là l’emportant, le souffle de la guerre ne peut, selon elle, que réveiller ces habitants sur-épanouis pour qui seuls comptent les anniversaires. Ce genre de paix est tout sauf reposante pour elle. Ces deux personnages ont pour eux de jouer  "franc Je" quelles que soient les phases qu’ils traversent et c’est ce qui rend ce livre audacieux tellement passionnant. C’est un conglomérat d’états divers de la part de ces amoureux éperdus à leur façon, tandis que Marino dans une simplicité qui tient du miracle dans ce contexte compliqué, apporte une note de fraîcheur d'autant plus appréciable. Il me semble bien que ce vieux marin de Marino soit le personnage que Julien Gracq préfère malgré l'infortune persistante du personnage dès sa rencontre avec Aldo. Marino d'un coup s'est retrouvé hors jeu, comme si Orsenna, la ville-état dont la population forme une sorte d'entité monstrueuse, tout à l'accomplissement de son destin, se débarrassait des hommes qui voudraient s'y opposer.

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