Il y a quelques livres à la maison que je n'ai jamais pris le temps de lire, comme ce Que sais-je ? dont les pages jaunissent de façon plutôt esthétique, que j'ai dû acheter aux Halles lors de l'une de mes visites à la capitale, en me promettant de le lire évidemment. Mes blogs, incitation imprévue à la lecture, en accueilleront bien quelques extraits. Extrait donc d'un curieux livre destiné à faire "le point des connaissances actuelles" (celles d'un passé pas trop lointain de ce fait) qui s'intitule La planification française, de Emile Quinet.
l'introduction
"À intervalles réguliers, tous les quatre ou cinq ans, la technostructure économique et administrative s'enfièvre. Sous l'impulsion du Commissariat général du Plan, administrations, syndicats patronaux et de salariés, experts en tous genres se réunissent, se concertent et produisent de volumineux rapports dont une synthèse est présentée au Parlement. Votée sous le nom de loi de Plan, ou plus brièvement de Plan, elle trace, avec une précision variable selon les domaines et selon les époques, l'avenir du pays à moyen terme.
Qu’est-ce que ce Plan, comment est-il préparé, que contient-il, est-il bien exécuté, telles sont les questions auxquelles vise à répondre ce livre.
Questions délicates, dans la période actuelle, qui apparaît comme une charnière dans l’histoire de la planification. Sous une apparente permanence celle-ci a évolué dans son fonctionnement et dans son impact sur les événements. Elle fut créée juste après la fin de la deuxième guerre mondiale, et connut alors une époque de gloire ; elle apparaissait comme l’une des forces motrices essentielles pour remettre en marche un appareil économique décapité. Jusque vers 1970, l’aura de l’institution s’est maintenue grâce au dynamisme et à la qualité exceptionnelle de quelques hommes. Mais déjà son efficacité était battue en brèche par les changements de l’environnement économique. La décennie 70 voyait apparaître et s’amplifier une crise de la planification, et la nécessité d’une transformation devenait de plus en plus évidente. En 1982 une tentative a été effectuée en ce sens avec la loi de réforme de la planification. Mais cette tentative a échoué. Le IXe Plan n’a pas rempli le rôle que cette loi lui attribuait. Le Xe Plan, élaboré entre octobre 1988 et juin 1989, et qui couvre la période 1989-1993, a été conçu sur des bases sensiblement différentes à la fois de celles qui régissaient les plans antérieurs au IXe Plan, et de celles que prévoyait la loi de 1982. Mais l’évolution ainsi amorcée peut se poursuivre selon de nombreuses directions. L’avenir de la planification reste ouvert.
Comme on le voit, le Plan ne tient pas une place stable et assurée dans l’organisation économique française ; la permanence des structures cache l’incertitude de leur devenir.
Ces considérations dictent la progression de l’ouvrage. Elles conduisent d’abord à s’interroger sur la raison d’être de la planification (chap.I). De nombreux pays semblables à la France en sont dépourvus ; d’autres en ont une, mais moins importante ou moins formalisée. La planification française peut trouver sa justification dans certains développements de l’analyse économique, mais comme on le verra ses racines sont surtout historiques.
Puis on présentera l’histoire des Plans (chap. II), avec d’abord les organismes assez stables que leur préparation et leur exécution mettent en jeu ; enfin les produits finis, sous forme de fiches décrivant pour chaque plan les circonstances particulières de sa préparation et de son exécution, ainsi que son contenu.
Le chapitre suivant (chap. III) reprendra les thèmes essentiels sur lesquels ont porté les plans successifs : macro-économie, politiques sectorielles et notamment politique industrielle, planification des actions de l’Etat, activités sociales. Il détaillera pour chacun de ces thèmes la nature et l’évolution des recommandations faites, en mettant bien sûr l’accent sur le contenu des derniers plans et notamment du Xe Plan.
Ensuite, on examinera l’efficacité de la planification (chap. IV) qui résulte moins de sa sanction législative que de l’effort de réflexion et de pédagogie impliqué par la préparation du Plan elle-même. L’effet de la planification sur l’économie française est difficile à quantifier, mais peut s’apprécier qualitativement ; il est incontestable, surtout lors des premiers plans.
L’ensemble des considérations précédentes aura montré que, sous une apparente stabilité dans les formes, le Plan a beaucoup évolué depuis ses origines, et notamment depuis une dizaine d’années. Il est devenu moins précis, moins crédible ; il a perdu de son poids dans le processus de décision économique, et ceci pose le problème de l’avenir de la planification (chap. V), qui sera apprécié à la lumière des transformations de l’environnement économique, et avec les enseignements qu’on peut tirer de ce qui se passe à l’étranger et dans les entreprises. Comme on le verra, cet avenir, même s’il est encadré par quelques contraintes et par quelques évolutions très probables, est assez ouvert. La planification de demain reste à construire ; ce qu’il y a de sûr c’est qu’elle sera très différente de celle d’hier. Peut-être méritera-t-elle à peine l’appellation de planification, même si une forme d’intervention reste nécessaire dans le processus de régulation économique à moyen terme."
Je suppose qu'il s'agissait de calculer des taux de croissance, ce genre de choses dans un monde alors encore assez clos. L'Europe est passée par là et la donne a forcément changé. Mais de toute façon, il faudrait que les économistes travaillent en relation avec les écologistes humanistes de tous les pays, la comptabilité seule est insuffisante compte tenu des besoins fondamentaux comme la protection de l'environnement, le respect de l'être humain, et de l'altérité en général, pour le bon fonctionnement de la planète et une meilleure chance d'épanouisssement de ses habitants. Des concepts importants comme "développement durable" "équité" ont heureusement vu le jour depuis. Demain je mettrai un extrait de ce petit bouquin sur le blog.
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