vendredi 25 septembre 2015

Le réveil de Zébra

9h33, je viens d'apporter quelques corrections et ajouts à mon texte, mis en ligne tôt ce matin :



Au réveil, Zébra vit Phil qui la regardait d'un air patelin en mâchouillant quelques herbes.

— Dis-donc ma vieille tu as fait une sacrée grasse matinée, remarqua-t-il en guise de bonjour.

— On a décidé de se parler en anglais le plus souvent possible. Tu as oublié que nous devions nous rendre en Irlande ?

— Pour l'instant nous faisons un long détour pour atteindre le sud de l'Espagne. Nous avons le temps pour l'Irlande. Bon alors, c'était quoi ce rêve qui te faisait marmonner de temps à autre comme une petite mémé que tu vas devenir si tu restes trop longtemps à dormir.

— J'ai eu un rêve de devin, Phil. Sans forfanterie de ma part. Quelle histoire, ma parole ! Et des rebondissements comme dans un thriller tu vois, mais chic, pas de sang partout ! et ça s'est bien fini.

— Tu me racontes ?

— Je résume. J'ai d'abord vu Pégase, le cheval blanc ailé. Il m'a montré où se trouvait Lulu. En fait, le pêcheur qu'il voulait rejoindre a eu une embrouille avec un poisson qui refusait de se laisser attraper et l'a baladé durant quelques kilomètres. Lulu suivait. Le pêcheur s'appelait Dictys ou quelque chose comme ça. De milieu snob ce pêcheur... c'est déjà rare en soi mais ce n'était rien ce nom en comparaison des événements, plus exceptionnels encore qui se produisirent. Le poisson, arrivé au lieu-dit du héron, l'endroit secret dont Pégase m'avait touché un mot,  s'est libéré du pêcheur. Il l'a planté là, et le héron qui était tombé du ciel d'un seul coup, planté là du même coup, et Lulu, toujours à suivre Dictys, tirait une drôle de tête aussi. Un poisson qui se débine de cette manière, du jamais vu. Ça a rendu Lulu mystique. Il a déclaré que ce poisson était probablement l'esprit du ruisseau qui s'était manifesté de cette manière, histoire de dire "Pêche interdite chez moi" en quelque sorte. D'un coup le rêve me montre en bateau avec Lulu, toujours mystique depuis sa déconvenue, qui me cite quelque chose de biblique que je me rappelle assez bien  : le royaume des cieux est comme un grand filet jeté dans la mer du monde... nous étions bien au sec sur un bateau, et pourtant nous étions dans le filet... c'était extraordinaire ...

— Mouais. Je crois plutôt, moi, que le filet en question, c'est le ruisseau. Le ruisseau qui va se jeter dans la mer et qui en soi est un peu le royaume des cieux quand Lulu n'est pas là à nous coller aux basques.

— Je retiens l'idée du ruisseau vu comme royaume des cieux... sauf que lui ne va pas attraper de poisson mais en reçoit plutôt, et encore plus quand il fera partie du grand tout.

— Il fait déjà partie du grand tout en existant en tant que ruisseau...reprit Phil en réfléchissant comme jamais depuis le début de sa retraite où il avait pris le parti d'être philosophe. Il va d'abord rencontrer une petite rivière cet adorable rivulet,  mais.... s'interrompit-il, l'air concentré et étonné,  si on va par là : adieu! plus de ruisseau.   Alors que le ruisseau existe toujours en réalité, en dépit même qu'il se jette dans la rivière. Conclusion, ajouta-t-il, péremptoire, une partie de ses eaux seulement rejoint la mer. Ce ruisseau c'est un perpétuel  renouvellement d'eau cristalline... le filet dont te parlait Lulu dans ce rêve, c'est effectivement autre chose. Le passage de la vie à la mort à la vie.

—  Exactement. Néanmoins, on peut considérer de même que le royaume des cieux est en perpétuel renouvellement, mais lui, plutôt dans le sens de l'agrandissement perpétuel, du fait de tous ces poissons morts qu'il ressuscite en lui ouvrant les portes. Me voilà devin tu crois, Phil ?

— Te voilà rassurée surtout. Ton - Je - veille sur toi ou quelque chose comme ça. Je suis nouvellement philosophe et donc désormais sceptique de nature.

— Alors que j'ai entendu une parole biblique ?

— Tout cela mérite réflexion. Si on allait voir ce lieu-dit du héron ? Hein ?

Phil et Zebra mangèrent un peu d'herbe alentour, Zebra s'étant adpatée au régime de Phil. Et ils se mirent en marche.

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