mardi 29 septembre 2015

Phil, Zébra, Lulu et Crasscoa ont une explication


  
Les quatre ont une explication


Transie, Zébra trembla de tout son corps, la pensée comme annihilée. Puis elle leva les yeux vers le corbeau qui planait au-dessus d'eux, tandis que Phil tapait du sabot en signe de mise en garde, considérant Lulu avec une animosité difficilement contenue.

— Mes excuses Crasscoa, dit Zébra,  je vous ai insulté alors que Dieu vous envoie en cette épreuve si douloureuse pour moi afin de me soutenir. Je suis accablée. Comment ai-ju pu me tromper à  ce point concernant cet individu ? Comment ai-je pu être si aveugle ! Et toi Phil, tu ne m'as pas prévenue.

Phil, navré,  gardait la tête baissée, le chagrin de Zébra le submergeait.  D'une voix mal assurée il  déclara que lui aussi s'était mépris au sujet de Lulu, bien qu'il n'ait jamais été amoureux de lui, étant hétérosexuel et n'aimant pas les lions de par sa nature de cheval. Il se demanda alors pourquoi et comment il continuait de voir un lion en ce gros chat selon les affirmations de Crasscoa,  qui miaulait en cet instant à pierre fendre, comme pour confirmer les dires du volatile, tandis que de son côté, Zébra continuait de trembler comme une condamnée. Ainsi formula-t-il cette chose le plus délicatement qu'il le put :

—  Quel avatar chère  Zébra ! S'il ne miaulait comme un âne bâté je continuerais  d'être persuadé que nous avons là devant nous un lion et que c'est moi qui cours un danger certain en sa présence et non pas toi. Car les lions ont depuis les fables de Lafontaine généralement une empathie pour les rats et les souris dont l'un d'eux sauva un de leurs aïeux. Je suis tellement confus  en te revoyant, en un passé récent,  te tenir si près de lui.... nous avons frôlé le drame ! Mais sois sans crainte désormais, s'il t'approche je lui pulvérise le crâne. Ni une ni deux, sur le champ.

Le corbeau frôla les oreilles de Phil en poussant d'aigus croassements révoltés. De toute évidence, il avait décidé de se faire l'avocat de leur singulier  diable. Phil en réponse piaffa de colère,  s'ébroua violemment et émit des hennissements menaçants. Enfin, désemparé, il leva à son tour
 les yeux vers le corbeau, le regard maintenant  presque suppliant quoique l'on pût  y voir encore une pointe d'arrogance imputable à son caractère de cheval mal luné dès lors qu'il se cognait au mur de l'incompréhension.

—  Comment ai-je pu me fourvoyer à ce point. Tu as une explication Crasscoa ?

—  Eh bien Lulu a en effet l'aspect d'un lion, n'en déplaise à la dessinatrice qui le montre au public en tant que chat,  qu'il serait en réalité sans son handicap d'obésité. Lulu doit marcher longtemps à vos côtés pour retrouver sa forme initiale de chat ordinaire. La pêche étant interdite au Ruisseau Bleu, Dictys en a été pour ses frais, je pourvoirai à son alimentation. Il ne mangera pas Zébra... comment le pourrait-il  après la campagne justement accablante pour les chats de la Compagnie Disney ?

— Il est vrai que Disney ne les a point épargnés reprit Zébra rassérénée, chez qui l'on pouvait déjà entendre juste une petite flamme d'orgueil snob, suffisant pour la ragaillardir, dans la voix.

Lulu avait  cessé  de miauler et la considérait gravement.

— J'ai rêvé de toi l'autre nuit, dit-il, en dépit que j'en pinçais pour ton compagnon avant  l'attaque de   l'aigle. Je nous voyais sur un bateau en ascension, une attraction vers le haut. Je n'avais pas du tout envie de te manger si tu veux savoir. J'appréciais ta compagnie  au contraire. Et au petit matin l'aigle m'a attaqué à grands coups de bec. Si je n'avais pas été si gros, il m'emportait. D'où que je ne suis pas si sûr de vouloir redevenir le chat que j'étais avant. Mais Crasscoa insiste, et j'ai une dette envers lui : c'est lui qui m'a tiré des griffes de l'aigle.

— Moi aussi je t'aime en gros déclara Zébra. Si tu rapetisses, les vieux contentieux reprendront  entre nous, je le crains fort. Je ne sais plus si je crois tant que ça aux rêves finalement. Et je ne suis pas sûre non plus que la campagne du vieux Disney ait eu l'impact que tu dis auprès des chats.

Lulu décida de plaider sa cause.

— Les chats modernes ne mangent plus de souris... sauf dans les pays très reculés où on n'a pas encore apporté la civilisation.

— Si Phil et Crasscoa veillent sur nous je veux bien tenter l'aventure... cependant ne te presse pas trop de maigrir, le temps de m'habituer, de me préparer à te voir en chat.

Le corbeau opina :

— J'aime mieux ça. Le volume de Lulu n'est pas près de fondre tout de suite, tu auras le temps de vaincre petit à petit ta peur. Fais-nous confiance.

Les trois se mirent en marche, le corbeau cessa de tourner en rond et vola de l'avant, vers un poste d'où il les attendrait.    

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