mercredi 2 septembre 2015

L'exception à la règle

Exception à la règle : un extrait de roman dont l'auteur  est encore de ce monde. Il s'agit du deuxième thriller que mon compagnon a pris à la bibliothèque et qu'il n'a pas le temps de lire non plus : Cette nuit-là de Linwood Barclay. L'extrait résumant très bien de quoi il s'agit dans le roman. Encore un thriller à mon actif ! Je vais y prendre goût (pour l'instant je  n'ai pas encore vu surgir l'ombre d'un labrador pourtant.)

L'extrait raconte comment le personnage du roman a vu pour la première fois Cynthia, celle qui allait devenir sa femme et dont la famille a disparu d'un seul coup alors qu'elle avait 14 ans. Après une nuit de sommeil lourd où l'adolescente cuvait une première cuite prise avec le voyou du quartier, car Cynthia connaissait une adolescence difficile malgré des parents "au point", aimants et  responsables, elle se rend compte peu à peu que tout le monde est parti de la maison. D'abord elle se raisonne mais force est de constater que personne ne revient au bercail et n'y reviendra jamais. L'extrait :


Le premier qui attira mon attention à son sujet à l'université du Connecticut, ce fut mon copain Roger quand il me chuchota :

— Vise un peu, Archer. Ça, c'est une nana complètement barjo. Supersexy — ses cheveux, on dirait une pompe à incendie, tu trouves pas ? — mais franchement dérangée.
  
  Cynthia était assise au deuxième rang de l'amphi et prenait des notes sur la littérature de l'Holocauste, tandis que Roger et moi nous tenions tout en haut, près de la porte, afin de pouvoir prendre la fuite dès que le professeur en aurait terminé avec son interminable exposé.

— Comment ça, barjo ? murmurai-je à mon tour.

— Tu te souviens de cette histoire, il y a quelques années, cette fille dont toute la famille a disparu, et qui n'a jamais réapparu ?

— Non.

À cette époque, je ne lisais pas les journaux, ne regardais pas les infos à la télévision. Comme beaucoup d'ados, j'étais plutôt égocentrique — j'étais en train de devenir le prochain Philip Roth ou Robertson Davies ou John Irving, la liste se rétrécissait à mesure — et j'ignorais tout de l'actualité, sauf lorsqu'une organisation du campus réclamait la participation d'étudiants pour protester sur un sujet quelconque. J'essayais de me rendre disponible parce que les manifs étaient des occasions formidables pour rencontrer des filles.

— Bon, alors ses parents, sa sœur, ou peut-être son frère, je me rappelle plus, ont tous disparu, expliqua Roger.

Penché vers lui, je demandai à voix basse :

— Ils ont été tués, ou quoi ?

— Va savoir ? C'est ce qui rend l'affaire si intéressante, répondit Roger, désignant ensuite Cynthia. Peut-être qu'elle le sait. Peut-être qu'elle les a tous butés. Tu n'as jamais eu envie de tuer toute ta famille ?

  Je fis une moue désabusée. L'idée nous traverse tous l'esprit à un moment donné, il me semble.

— Moi, ce que je vois surtout, c'est son côté bêcheuse, reprit Roger. Elle parle à personne, reste dans son coin. Tout le temps à la bibliothèque, à bosser. Rien à faire des autres. Elle fréquente personne, sort jamais nulle part. Sacrés nichons, cela dit.

Oui, elle était jolie.

Linwood Barclay

 

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