jeudi 14 octobre 2010

John Steinbeck La perle


"Le jour où Kino l’Indien pêche la Perle du Monde, "parfaite comme une lune", les forces du mal se déchaînent autour de lui. La cupidité et l’envie l’obligent à se battre et à tuer ; sa hutte brûle, sa pirogue est défoncée. Kino qui, chaque matin, s’enchantait des mirages familiers de la terre et de l’eau, doit fuir au désert avec Juana. Leur bébé meurt bien avant qu’ils aient atteint la ville inconnue. La perle fabuleuse n’aura été pour eux qu’une brève rêverie et un atroce cauchemar. On ne dérange pas si facilement l’ordre du monde. Un personnage sinistre veille d’ailleurs à ce qu’il soit respecté : l’Acheteur de perles, unique et multiple, menteur, impitoyable.
Aspirer à un destin autre que celui pour lequel on semble avoir été créé, est-ce le péché ? La résignation vaut-elle mieux que la révolte ? Les questions se pressent entre les lignes de ce petit livre. Kino est bien le tiers monde, l’analphabète et le pauvre, si pauvre qu’il ne saurait retenir entre ses mains aucune richesse. Mais n’est-il pas tout homme à la recherche de l’impossible ? L’auteur nous a prévenus dès la première page : "Si cette histoire est une parabole, peut-être … chacun y découvrira-t-il le sens de sa propre vie." "

"John Steinbeck est né à Salinas, en Californie, en 1902. D’origine allemande et irlandaise, il a grandi dans une famille typiquement américaine, laborieuse et provinciale : son père était fonctionnaire et sa mère institutrice. Après ses études secondaires, il fait les métiers les plus divers pour payer ses études à l’Université de Sandford. Il passe quelques mois à New York comme reporter, mais souffre de l’atmosphère de la ville et retourne en Californie. Il trouve un emploi de gardien d’une maison isolée dans les montagnes près du lac Tahoe. Dans le calme de l’hiver il écrit La Coupe d’or qui est publié en 1929. Encouragé, il décide de se consacrer à la littérature. En 1935 paraît Tortilla Flat, en 1937 Des souris et des hommes. Les Raisins de la colère, en 1939, est considéré comme le plus grand roman décrivant la crise sociale qui sévissait à l’époque. Ces romans s’adaptent merveilleusement au cinéma, ce qui apporte à Steinbeck un surcroît de célébrité.
Le Prix Nobel couronne son œuvre en 1962.
Il meurt en 1968."
Collection Folio, chez Gallimard
Un extrait :
"Et juan Tômas qui, parce qu'il était le frère de Kino, s'était accroupi à la droite de celui-ci, demanda : "Que feras-tu, maintenant que tu es devenu un homme riche ? "
Kino plongea le regard dans sa perle, tandis que Juana, abaissant les paupières, ramenait son châle sur son visage pour dissimuler son émotion. Dans la flamme de la perle se formaient des images que l'esprit de Kino avait autrefois caressées, puis abandonnées comme impossibles. Dans la perle, il vit juana, Coyotito et lui-même, debout puis agenouillés devant le grand autel : le prêtre les mariait, maintenant qu'ils avaient de quoi payer. "Nous allons nous marier ... à l'église", annonça-t-il à voix basse.
Dans la perle, il vit comment ils seraient habillés : Juana dans un châle neuf, tout raide de nouveauté, et au bas de la longue jupe, Kino vit dépasser ses pieds chaussés de souliers. C'était là, dans la perle, c'était là qu'il voyait l'image. Lui aussi portait des habits blancs tout neufs et il tenait un chapeau à la main — pas un chapeau de paille, mais un beau feutre noir. Et lui aussi avait des chaussures — non pas des sandales, mais de vrais souliers à lacets. Et Coyotito — c'était lui qu'il fallait voir — était vêtu d'un costume marin bleu, le costume des marins américains, avec, sur la tête, une petite casquette de yachtman, comme celle que Kino avait vue, il y avait longtemps, à bord d'un bateau de plaisance ancré dans l'estuaire. Toutes ces choses, Kino les vit dans la perle luisante et il dit : "Nous aurons des habits tout neufs."
Et la musique de la perle s'éleva comme une fanfare de trompettes dans ses oreilles."

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