jeudi 20 mars 2014

Ducasse

Ducasse dans la ville de Béthune. Machines bariolées, que l'on nomme manèges, sur certaines places.  Parfois un cœur lâche là-dedans, quand l'engin à sensations fortes a trop bien rempli sa mission, certains actes sexuels, surtout chez l'homme, peuvent amener au même résultat, il y a du risque partout, même dans un lit. Cette année les forains ont été obéissants et n'ont pas disposé leur attirail fantastique sur la place du beffroi. L'interdiction, l'an dernier, les avaient révoltés et ils s'y étaient installés en dépit des menaces pouvant aller jusque la procédure judiciaire probablement,  mais, selon la morale de mon ami La Fontaine, ils en furent bien marris, car le printemps de cette année-là, contrairement à celui-ci, était pourri et les machines restèrent bloquées dans la neige, sorte de glue glaciale pour l'occasion, qui fit que peu de monde se rendit à la ducasse.

Les ducasses de village comportent trois manèges : le manège pour enfants avec animaux en guise de carrosse souvent, dont le fameux cheval "de bois", les auto tamponneuses (nous on disait tamponnantes), et le préféré de Bibi : les balançoires, car nous, mon inséparable copine de l'époque et moi, on aimait bien "s'en balancer". Je vois encore la tête du forain qui gardait le manège : un jeune homme blond, à la dentition un peu jaune, figure sympathique, miroir de la  joie des enfants ; à force de lui communiquer notre joie, non seulement sa tête ne pouvait refléter que la sympathie mais son cœur était au chaud. Je faisais partie de tous les enfants du village émerveillés par les forains, je regardais le gardien des balançoires avec amour, ou plus exactement, une sorte d'élan du cœur plein de reconnaissance.
 
La ducasse de Béthune, reste d'une envergure tout à fait raisonnable. Vers la période de Noël nous avions reçu des personnes qui venaient directement de Lille, d'où ils avaient vu la roue géante, et, voyant celle, beaucoup plus petite de la ville de Béthune, cette dernière leur avait paru ridicule. Petite ville met les manèges à son échelle, plus à portée d'humain. Et, en parlant d'humain, il est vrai qu'on imagine mal un animal prendre son pied, assis dans un bidule qui tourne ou se balance à vous lever le cœur. Le propre de l'humain serait donc... l'amour de la chose qui le fait se secouer en tous sens, le grand huit. "Ils sont fous ces humains", bé oui, mimine. Inquiétants sommes nous pour ces chers animaux, d'une sagesse naturelle... en général. Je dis bien en général, car parfois vous les surprenez à être gentiment foldingos, quand vous vivez très près d'eux. J'ai en tête Nono, qui pendant longtemps eut un tempérament peureux, sans soute en raison de sa  frêle constitution. Quelle peur elle avait du gros Gribouillot jusqu'à hier où, ne sachant pas que je la voyais, tapie qu'elle était dans l'herbe.... ou peut-être si, le savait-elle, et c'est justement pourquoi elle a bondi d'un coup, simulant une attaque, sur le féroce Gribouillot dont elle a normalement si peur. Gribouillot de crier comme le sauvage qu'il est en fuyant sans demender son reste, moi de m'exclamer  et celle-ci de passer sa frimousse entre deux touffes d'herbe et de me regarder avec des yeux étincelants de bonheur et de malice. Et si elle avait voulu m'épater en petite foldingue de sa maîtresse qu'elle est ? Pas si hardie ma supposition pour un esprit sage comme le mien.  Vous savez que le chat à qui elle s'en est pris inspire la terreur à quasiment tous les matous de gouttières du voisinage... 
 
Le rapport entre Nono et la ducasse de Béthune ? Aucun justement, les chats aimant se lover dans les choses pour y trouver du confort, de la stabilité, mettent leur grain de folie ailleurs.  

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