samedi 22 mars 2014

Le chemin de l'anus

La ville de Béthune est  pourvue de quelques noms de rues originaux, la rue Grosse Tête, ou encore, la rue qu'aujourd'hui je faillis prendre  en sens interdit tant elle est large, étrangement nommée chemin de l'anus. Pas d'accident possible pour ceux qui, se fiant à sa largeur, s'y engageraient ; il faudrait vraiment le vouloir, ou être passablement saoul pour percuter l'automobiliste venant d'en face. Alors que d'autres rues dans cette ville, portant de banals noms  de gens célèbres, postulant au Panthéon ou s'y trouvant déjà : mathématiciens, politiciens, poètes bien retombés sur leurs pieds, se réduisent à un couloir étroit en raison des voitures qui se garent de chaque côté, et sont, elles, malgré tout, à double sens de circulation. Le chemin de l'anus porte un nom d'autant plus remarquable que, ne reflétant pas la réalité que son patronyme évoque, il induit néanmoins en erreur. Béthune, ville de l'irrationnel et pourtant cité de Buridan!
Lequel fantasma cruellement, souvenez-vous, un âne imaginaire tout à fait extraordinaire, qui n'ayant su prendre quelle décision entre le boire et le manger mourrait "d'inaptitude au choix" et donc de faim et de soif,  pourquoi pas,  chemin  de l'anus, tant que nous y sommes ?

Eh bien non, je viens d'apprendre que ce n'est pas la rue de l'anus que nous avons failli prendre en sens interdit ce matin ; j'ai cru comprendre cela tandis que je bifurquai à gauche in extrémis, quand Patrick me parla d'une rue de l'anus, qui en fait, me dit-il à l'instant, se trouve à Toulouse. La ville rose.  

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