L'adaptation du polar Le vagabond de la baie de Somme. J'espérais vaguement découvrir à travers le vagabondage de l'homme en question, moult oiseaux sur fond de paysages sauvages. Mais d'emblée le vagabond se fait assassiner et surgit une armada de fonctionnaires, en uniformes pour la plupart. Pour nous présenter la région on parle d'ascenseur social en panne. Le polar ne vise pas à faire rêver les gens c'est clair mais le concept d'ascenseur social a fini par me plomber personnellement. Il induit l'acceptation d'un haut et d'un bas. Or, du point de vue social il faudrait ne pas penser en terme de haut et de bas dans l'idéal.
L'action se déroule sur fond de lutte de classes. Mais ce n'est plus le prolétariat contre la petite et la haute bourgeoisie, il s'agit désormais de la classe moyenne, valorisée, contre la haute bourgeoisie constituée dans l'histoire d'industriels d'une cruauté abasourdissante.
Pour les beaux yeux d'Aurore, son chevalier servant, pas en uniforme mais au volant d'une au moins six chevaux, est quasi kamikaze et manque de peu de se faire plomber la cervelle. Du chevaleresque à faire pâlir d'envie toutes celles en mal de chevalier servant.
Pour moi il y avait trop d'uniformes et trop de valorisation de la classe moyenne. Cela ne m'a par contre pas dérangée qu'on diabolise la haute bourgeoisie. Laquelle l'a bien cherché et qui cherche trouve.
Et il reste qu'on a pas mal zappé les oiseaux, sauf pour parler de leurs fientes en guise d'argument à charge contre l'accusé qui n'en avait point sur sa voiture, alors que ses convives, si, preuve qu'il s'était bel et bien absenté pour tuer la sœur de la belle substitut du procureur. Laquelle, du point de vue du prolétariat (puisque était abordé le sujet de la lutte des classes) est perçue de par sa fonction comme appartenant à la bourgeoisie. D'où qu'il me vient à l'idée que la fameuse classe moyenne a le cul entre deux chaises, lequel bascule le plus souvent du côté des plus huppés, mais pas ici, où le SDF est largement pris en compte.
Cinq minutes plus tard.
Et pour parler de tout autre chose, j'ai lu ceci à l'instant, en consultant ma boîte mail :
"Combien d'hommes aujourd'hui, entassés par milliers dans des forêts de béton, de métal, d'asphalte, combien de savants dans leurs cages de verre, ne savent plus ce qu'est le clignotement des lucioles aux nuits de juin ou les ors du mélèze en octobre? L'homme peut-il vivre sans jamais voir éclore un bourgeon d'amandier? Une rose sur la table en plein Paris, est-ce du luxe? La grisaille d'une pièce et d'une journée n'en sont-elles pas parfumées? Les pétales n'en tomberont pas, sinon dans le coeur, pour l'embaumer."
Daniel-Ange, L'étreinte de feu - L'icône de la Trinité de Roublev (Desclée de Brouwer, 1980