dimanche 15 mars 2015

Matt Dyer et l'ours polaire

J'ai traduit un bout de l'histoire ce matin, de Matt Dyer, je mettrai le lien en bas pour la suite, que perso je traduirai peut-être ici demain :


Sur un sentier subalpin  rocailleux de la Sierra Nevada, sur fond des bruissements de l'herbe et des crissements des sacs à dos que l'on rajuste sur les épaules, on peut entendre roter Matt Dyer. Il rote beaucoup parce qu'il a tendance à avaler de l'air, en raison des récentes injections qu'on lui a faites, au niveau de ses cordes vocales, lesquelles ont provoqué un énorme gonflement.  On peut aussi l'entendre parler à propos des plantes et champignons de la forêt avec une voix qui est vraiment inhabituelle — le fort accent du Maine, évoquant des moulins abandonnés et des mers de bruine, délivré par des cordes vocales déchiquetées, émettent une sorte de grésillement parasite. La voix initiale de Dyer est à jamais révolue à cause des mâchoires d'un ours polaire.

Il déracine un champignon avec une grosse tige pleine de mousse et un chapeau qui ressemble à un pain de hamburger. Il adresse à l'un de ses amis un sourire flashy, intentionnellement  ahuri, se met à loucher en tirant la langue. "Le joyau de la gastronomie française. Ils appellent ça un "porcini" parce qu'il va bien avec la viande de porc."

Dyer, âgé de quarante neuf ans est avocat, mais il a aussi quelque chose du naturaliste et d'un druide. Les forêts sont ses temples, et toutes les petites choses  vivantes sortant de terre sont ses idoles. Il randonne en bottes de cuir Asolo, ses cheveux gris filandreux serrés dans un bandana rouge. Il a des tatouages d'oiseaux sur les mollets et l'un des vieux arbres de vie scandinave, Yggdrasil, couvre son dos — il adore les mythes scandinaves et les sagas islandaises.

Sur son bureau dans le Maine, où il est installé dans une maison en bois située sur une route départementale,  derrière laquelle la rivière Andros.... traverse littéralement la cour, il a des esquisses de paires d'ours polaires dansant,  multicolores,  qui seront gravés à l'encre sur ses avant-bras.

Il aime à penser qu'il y a une sorte de parenté entre lui et l'ours qui l'a presque tué au Labrador, dans le Canada, lors de l'été 2013, cependant il sait au plus profond de lui que l'ours cherchait juste quelque chose à manger. Une théorie de ses amis : l'ours l'a choisi parmi le groupe des sept campeurs parce qu'il ronflait le plus fort.

Tandis que onze randonneurs arrivent au coin du bois, Dyer émerge d'arbres  situés dans une alcôve de granit et rote encore. Les rots viennent par vagues, puis il se penche sur son bâton de marche et dit, "je sens comme si j'agitais un fouet avec du son". Quatre de ses compagnons sont particulièrement préoccupés par sa respiration sifflante . Ils faisaient partie eux aussi de l'excursion au Labrador et se sentent désormais naturellement ses protecteurs. Les six autres le connaissent depuis à peine 24 heures et sont déjà à lui poser des questions sur ce qui est arrivé un an plus tôt en plein milieu de la nuit, dans les Monts Torngat humides, fouettés par les vents.

 

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