vendredi 20 mars 2015

Tiens donc...

J'ai lu un extrait de l'article de Barbey d'Aurevilly,  paru dans Le Constitutionnel de 29 novembre 1869 concernant L'Education sentimentale de Flaubert. Le jugement est sévère, Barbey déclare notamment que "le caractère principal du roman [...] est avant tout la vulgarité." " Le médiocre jeune homme dont  ce livre est l'histoire est vulgaire, — et tout autour de lui l'est comme lui, amis, maîtresses, société, sentiment, passion —, est de la plus navrante vulgarité. A-t-on vraiment besoin d'écrire des livres à prétention sur ces gens-là ?..." Barbey d'Aurevilly pense que Flaubert appartient à "la vile école du réalisme" mais une note en bas de page spécifie que Flaubert a toujours refusé l'étiquette de réaliste. Barbey D'Aurevilly continue : "Mais c'est là l'erreur du Réalisme, de cette vile Ecole, que de prendre perpétuellement l'exactitude dans le rendu pour le but de l'art, qui ne doit en avoir qu'un : la Beauté. Or, la vulgarité n'est jamais belle, et la manière dont on la peint ne l'embellissant point, ne peut pas l'embellir. Selon nous, il y a dans le monde assez d'âmes vulgaires, sans encore augmenter le nombre submergeant de ces écœurantes  vulgarités." Il reprend " .... cette école rit grossièrement de l'idéal de toutes choses, aussi bien en morale qu'en esthétique [...] C'est elle qui est en train de nier l'héroïsme et les héros, posant en principe, par la plume de tous ces petits polissons, "qu'il n'y a plus de héros dans l'humanité", et que tous les lâches et les plats de la médiocrité les valent et sont même mille fois plus intéressants qu'eux. M. Flaubert n'a pas manqué à son école. C'est un de ces plats de la médiocrité qu'il a choisi pour héros."

Sévérité de Barbey d'Aurevilly donc à l'encontre de Flaubert. Flaubert est-il vulgaire ? Je pense quant à moi qu'il fait preuve parfois de l'insensibilité même de son personnage principal qui en fait n'est pas un héros pour l'auteur dans le sens où il ne l'agrée pas. J'ai le sentiment que Flaubert se défie de Frédéric comme il se défiait de ses propres velléités  et je pense qu'une des motivations de Flaubert à l'écriture de ce roman a été de se débarrasser de ce qu'il n'aimait pas en lui, Flaubert tachait sans doute de se transcender par ce renvoi en miroir de ses propres mollesses que lui a donné l'écriture. La mise en perspective, avec le temps comme outil, permet à Flaubert de voir la dérision des illusions de son personnage. Mais l'insensibilité de Flaubert à certains endroits, son manque d'empathie, de compréhension à l'encontre d'une certaine condition humaine   font qu'il garde une cruauté certaine de sentiment envers par exemple Rosanette. Rosanette que je ne trouve pas vulgaire pour ma part, non plus madame Arnoux,  non plus "la Vatnaz". Les hommes par contre, ainsi que madame Dambreuse, le sont en effet beaucoup selon moi de par notamment leur chosification de la femme, et concernant madame Dambreuse, la chosification d'un mari qui lui-même n'avait aucun scrupule. Mais s'il est vrai que l'on a besoin de beauté, celle-ci est subjective cependant, ne doit pas devenir un diktat, par ailleurs, Flaubert s'est rendu utile... une femme avertie en vaut beaucoup plus !

J'ai trouvé quelques  belles pages sur la forêt de Fontainebleau que je mettrai sur ce blog incessamment sous peu.  

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