La maison se situe dans deux zones ces temps-ci, par la façade elle est exposée au bruit des voitures, qui passent moins nombreuses, depuis la construction de la départementale, et l'arrière donne sur la verdure ; les arbres abritent beaucoup d'oiseaux, et d'après les chants variés, d'espèces différentes. Hier quand je suis rentrée dans la bâtisse, le temps de parcourir le couloir pas très long et je me trouvais au domaine des chants d'oiseaux mais si je revenais sur mes pas, rouvrais la porte de la salle et celle de l'entrée, c'était celui des loulous bruyants avec leurs moteurs de mobylette ou d'imposantes voitures, regroupés là pour faire de la mécanique. Un avant, un après. Dans les patios le silence des humains règne pareil à celui des chats, au profit de l'expression de la gent ailée. Cela préfigure le paradis comme je le rêve : des humains apaisés oubliant de faire du bruit, même avec leur bouche, hypnotisant des chats à l'occasion pour la paix des oiseaux, là-haut, sans prédateur ailés non plus pour leur clouer le bec. Mon paradis où règne le chant des petits de la gent ailée. Même le tintamarre des canards me relaxait, à l'instar du cri des mouettes. Mais je n'entends plus cancaner les autochtones à plumes depuis un certain temps, depuis qu'ils ont repéré la présence du vorace Lulu, qui aimait attraper un caneton quand l'envie lui en prenait, pour son bon plaisir. Je me souviens que ça fichait tout par terre côté ambiance. Le paradis comme je le vois est tout en ambiance bénéfique.
De l'autre côté de la rue, une maison se dresse. Les "petits vieux" qui l'habitaient sont décédés. La dame, fluette, de petite taille, ancienne "postière", est partie la première il y a deux ans de cela ; son mari, conducteur de camions-benne d'ébouage de profession, depuis longtemps à la retraite, l'a suivie au début de ce printemps. Le bonhomme, un rare jour de mauvaise humeur, avait promis à Garfield-le-chat de lui "casser les reins" s'il continuait à le harceler par ses allers-venues autour des poubelles qu'il déposait devant son cher logis le jour J du ramassage, ayant refusé pendant longtemps l'usage des containers. Quand il nous voyait nous, ses voisins d'en face, il nous présentait un beau visage d'une douceur qui allait s'accentuant, et nous saluait en remuant ses lèvres souriantes. Petit comme sa dame, et de plus en plus mince comme elle, j'avais l'impression que le vent pouvait les emporter d'un moment à l'autre. Aujourd'hui, les rosiers ne montent plus aussi haut sur la rambarde de l'escalier qui mène au perron. Entremêlés, ils donnaient des roses rouges et jaunes. Leur fils les a taillés et seules restent les rouges qui poussent maintenant au même niveau que les autres rosiers, non grimpants. Une pancarte "Vendu" est accrochée devant la porte d'entrée, les fenêtres du premier étage, persiennes baissées, signent l'absence, celles du haut, aux petits carreaux fumés ne laissent rien transparaître non plus. Pour le moment la maison se dresse comme le mausolée de ces deux personnes que je trouvais gracieuses, n'était les quelques rares insultes du monsieur à l'encontre des chats et même une fois d'enfants trop curieux, un brin inquisiteurs, le jour de l'inondation de son sous-sol. "Allez vous faire voir chez les Grecs" avait-il rouspété. Aller se faire voir chez eux si seulement c'était possible durablement ! Pourquoi pas ? Des mots pas si graves en somme. En fait toutes les maisons abandonnées ont l'air de mausolées. Je la vois leur maison d'où j'écris ces quelques lignes. Sous l'escalier qui mène au perron, une petite fenêtre dit encore l'abandon : une tige qui maintenait un des rideaux se courbe sous l'effet de je ne sais quoi.
Je reviens à mon idée du paradis... fait de chants d'oiseaux et d'un certain silence par ailleurs, des cœurs en paix. Comme je souhaite que soit le leur, le vôtre aussi, le mien... etc.
jeudi 16 juillet 2015
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