lundi 14 juin 2010

Épouses et concubines


Chez les hommes se joue souvent la tragédie de la séparation, sans parler des enfants pour qui c'est encore plus difficile. les uns se séparent des autres plus ou moins volontairement pour l’une des parties comme souvent dans les divorces ou alors, les uns se chargent de séparer des quidams trop heureux d’être ensemble parce ce que, comme dans les cas du film d’hier soir traitant de la polygamie, le bonheur des amoureux les ramène à leur solitude, leur félicité les isole. Les hommes mettent plus de temps que d’autres animaux à devenir des solitaires heureux. Parfois ils n’y parviennent pas du tout. La polygamie laisse encore moins de chance à l’homme et à la femme d’améliorer leur condition. La quatrième épouse, dans l’histoire du film d’hier, commence déjà très mal son "sacerdoce", "d’entrée  de jeu" elle malmène la jeune servante, la sadise au gré de ses caprices et autres petites humiliations quotidiennes ; hélas pour « la jeune maîtresse », à défaut d’obtenir le statut espéré de favorite, les ruses, les charmes, les stratégies de ses rivales viennent à bout de cette ambition. Pourtant la troisième épouse, à mes yeux la plus douée pour le bonheur, avait finalement presque renoncé à évincer ses rivales, plus philosophe elle s’était pris un amant ; la première épouse ne représentait plus un danger en raison de son âge "avancé" et assumé via une bonne dose d’humour noir. Elle n’existait plus pour "ses sœurs", les autres épouses, car sans les visites du maître des lieux, on faisait presque figure de spectre amusant, même pas redoutable. Elle tenait le coup, on ne sait trop comment, le cinéaste lui-même ne s’attarde pas sur son cas. Alors, au final, d’où subsistait le danger pour la malheureuse quatrième épouse ? De la seconde, de celle qui joue le renoncement, avec de fausses attitudes de bouddha et inspire d’autant plus confiance que, le temps faisant son œuvre, elle se trouve sur la voie spectrale de son aînée. Cette seconde épouse est en fait la plus déshumanisée des quatre. Magie noire, poisons, tout est à craindre de sa part.
C’est un triste jeu de dames, où disparaîtront les deux dernières. L’une assassinée, l’autre neurasthénique. De quoi modérer son empressement à se marier, non ? L’union fusionnelle dans cette histoire se paie toujours au prix fort de la disharmonie cachée sous le vernis des traditions et active la déliquescence de ce qui aurait aimé être, malgré tout, une tribu solidaire. Échec cuisant pour deux d'entre elles qui en mettant leurs œufs dans le même panier, ou si vous préférez, en n’ayant plus qu’un seul objectif au bout du compte, la séduction et la préhension du mari, peuvent se transformer en prédatrices ou perdre carrément le goût de la vie. Aucune issue, on le voit avec la troisième épouse qui pour avoir tenté de prendre la tangente se fait assassiner. Un très beau film plein de vérité. Un huis clos à fabriquer de la claustrophobie.

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