J'habite dans un quartier qui un temps n'était pas désagréable à vivre parce qu'on y était tranquille, c'était l'indifférence, mais cette indifférence de gens qui ne vous regardent pas, ne vous disent pas bonjour, maussades, si elle était glaciale, surtout pour quelqu'un qui a vécu de longues années dans un quartier populaire de Toulouse, avait le mérite de vous laisser l'esprit en paix, autrement dit un certain espace, personne ne vous agressant, on s'y sentait donc respirer. Aujourd'hui s'y trouvent des jeunes gens sans repère et en quête "d'avoirs", apparemment très rivés sur l'accumulation de biens matériels à roues, dès lors qu'ils acquièrent un de ces biens, cela leur donne la sensation d'être plus forts. Je pense que c'est un moyen des plus maladroits de chercher un peu de la respectabilité qu'ils n'ont pas trouvée. Cependant, impossible de moralement les aider car ils se font inabordables. Encore moins d'éprouver de l'empathie pour eux du simple fait qu'ils ne veulent surtout pas être aimables. J'ai constaté qu'ils s'en prennent plus volontiers pour leurs invectives verbales aux gens qu'ils pensent sans défense, personnes âgées et personnes, surtout, isolées ou du moins qui donnent les apparences de l'être. J'en ai déduit que ce manque de repères évident les conduit directement à l'amoralité, comme si "manque de repères" et "amoralité" étaient directement liés ; cette constatation est consternante pour ceux qui pensent que l'homme est foncièrement bon à la base. J'ai imaginé que la cause était que ces jeunes personnes s'étant fait recaler à l'école cela les a aigries. Si jeunes et déjà si aigris ! C'est apparemment possible. L'école pourrait produire ce genre d'effet négatif sur ceux qui l'ont mal vécue à mon sens, et pour cause pour certains d'entre eux, probablement. L'école conçue comme elle l'est encore opérant quand même du zappage plutôt aveugle à mon sens de certains individus. J'imagine un cocktail très nocif dont le premier ingrédient serait la cruauté du système scolaire à leur encontre, et l'autre, la cruauté en corolaire de parents qui, du coup, se détourneraient de leurs enfants parce qu'ils ne sont pas assez bons, voire même, pas bons du tout à l'école ? La chose est probable selon moi. Ce serait une explication tout à fait plausible. Où trouver des repères alors ? Dans les médias ? Pour l'instant les médias sèment plutôt encore plus de confusion. Dernièrement par exemple, j'ai appris par mon compagnon que Charlie Hebdo avait fait une couverture où l'on se moque des personnes atteintes de trisomie... message envoyé très clairement selon moi : "tapez sur les personnes vulnérables, allez-y, nous vous y encourageons." Hier soir nous nous branchons sur Arte à l'heure de madame Kain qui déploie justement la couverture du journal en question et demande à un employé de Libé de commenter le dessin ; le journaliste dit en substance que les gens qui critiquent Charlie Hebdo "pour cela" n'ont rien compris à Charlie Hebdo. Mon compagnon de commenter "Mais si, ils ont compris que c'est un torche cul." Je suis d'accord avec lui car envoyer ce genre de message aux gens sans repère est des plus consternant en effet. Il me demande de zapper car c'est moi qui ai la télécommande en main, je m'exécute sans problème, et merci à toi pour cette attitude qui m'envoie un peu de fraîcheur bienvenue. Voilà en gros pour les médias et les repères. Je lis en ce moment un livre de Bachelard qui s'intitule "Poétique de l'espace." Un auteur qui avait foi en la science, était un scientifique lui-même tout en possédant une morale... tout un beau programme alors ! De plus, il avait la foi tout court, ce qui n'est pas plus mal finalement, quand on voit l'état de ceux qui ne l'ont pas.
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