samedi 24 octobre 2015

Plus un poème, en fin du post

Comme je disais dans le post précédent, je suis tombée sur la note de l'auteure d'un blog, qui parle de la question de la mise en miroir que l'autre nous donne et de ce que nous en faisons ; ensuite, j'écoute une émission où il est question de Déodat, "traversé par le regard des autres",  portant mon attention sur les différents côtés de la question, après avoir un peu approfondi le sujet, je croyais,   assez bêtement il faut bien le dire, en avoir fait le tour. Mais le sujet est tellement vaste en réalité, les cas de figures si nombreux concernant le regard, tronqué ou pas,  des autres sur soi ou notre regard sur le regard de l'autre (idem pour le nôtre : tronqué ou encore, trouble, ou je ne sais quoi d'autre, ou pas)  qu'il inspire de nombreux livres évidemment ! Ce soir j'ai été confrontée à cette évidence et à "comment j'ai évacué un peu trop vite le sujet des regards en miroir ou pas" ou ayant un impact éventuellement négatif,   en lisant un article du Time de cette semaine,  qui creuse encore le sujet. 

Voici l'article dont un morceau est écrit en français, suivi du morceau dans la langue originale :

Identical twins in all but one way

Jumeaux identiques en tout, mais d'une certaine façon


Quand Jonas Maines a essayé de lire un premier jet de l'histoire de sa famille,  l'été passé, il n'a réussi à lire que les quelques premiers paragraphes de l'introduction avant de balancer le livre à travers la pièce. 

When Jonas Maines tried to read a draft of his family's story this past summer, he got through only the  first few paragraphs of the prologue before throwning it accross the room.


"Je n'ai pas pu le reprendre," dit le jumeau identique de Nicole Maines, âgé de 18 ans. Cela a ramené des souvenirs. Je réentendais de quelle façon mon père parlait à Wyatt. Cela a ramené en moi des sentiments de colère, de la frustration, et de la confusion. C'était juste un peu trop pour moi.

"I couldn't touch it again," says the 18-year-old identical twin of Nicole Maines. It brought memories of hearing the way my dad was treating Wyatt. It brought back feelings of anger, frustration and confusion. It was just a little too much for me."


Durant presque 10 ans de sa vie, Nicole a vécu en tant que garçon et était appelée Wyatt par son frère, ses parents Wayne et Kelly, ses amis et ses professeurs. Mais Jonas dit qu'il a toujours su qu'il avait en réalité une identique, et pourtant divergente, sœur jumelle.

For nearly the first decade of her life, Nicole lived as a boy  and was called  Wyatt by her brother, her parents Wayne and Kelly, her friends and her teachers. But Jonas says he always knew he really had an identical, yet divergent, twin sister.
 
 

Devenir Nicole, écrit par Amy Ellis Nutt, prix Pulitzer, est l'histoire du passage à l'âge adulte d'une fille transgenre, une exploration de la science naissante de l'identité du genre, une capsule-témoin du droit civil, un drame juridique à tirer des larmes et, peut-être avant tout cela, un enseignement sur ce qu'il peut arriver quand un enfant ne tourne pas comme s'y attendaient ses parents  — et qu'ils sont amenés à choisir entre, soit fermer les yeux et le cœur, soit voir tout différemment.

Becoming Nicole, written by Pulitzer winner Amy Ellis Nutt, is a transgender girl's coming-of-age saga, an exploration of the budding science of gendre identity, a civil right time capsule, a tear-jerking legal drama and, perhaps most of all, an education about what can happen when a child doesn't turn out as his or her parents expected — and they're forced to either shut their  eyes and hearts or see everything differently.
 
"It's pretty hard on me....
 
Dimanche 25 octobre 2015, reprise de l'article :
 
 

"C'est assez dur, me concernant, et c'est dur à lire, dit Wayne qui a joué le méchant durant quelque temps en refusant d'accepter comment se sentait son enfant. "Beaucoup d'hommes, là-bas  ne comprennent pas. Dans tout le pays, ils font pression sur leurs enfants. Et il nous faut les aider."  Son commentaire fait écho à un passage édifiant du livre.

"It's pretty hard on me, and it's hard to read," says Wayne, who played the villain for a time as he refused to accept how his child felt. "But there's a lot of men out there who don't understand. They're impacting children all over the country. And we need to help them." His comments echo a cautionary through line in the book.
 
 

À une époque où il y a plus que jamais des émissions très en vue sur ce que signifie le transgenre, le récit de Nicole évoquant un jumeau donne au débat "hérédité ou milieu" (on peut aussi traduire "inné ou acquis") une irréfutable secousse.  Elle a grandi en regardant une image-miroir qui, cruellement pour elle, se sentait à l'aise dans son corps.

In an era when there are more high-profile story lines than ever about what it means to be transgender, the twins-ness of Nicole's narrative gives the nature vs. nurture debate a compelling jolt ; she has grown up looking at a Mirror image who — cruelly to her — feels at home in his body.


"C'est un sentiment qui ronge, dit Nicole, maintenant élève de première année à l'université du Maine, parlant du corps masculin dans lequel elle vécut autrefois. "C'est terrifiant  quand les gens vous disent que, qui vous êtes n'est pas ce que vous êtes." Le livre  démontre clairement que la peur a des répercussions. "C'est une histoire, non pas seulement au sujet de Nicole, qui savait exactement qui elle était," dit Nutt. "Tous les membres de la famille ont dû partir à la découverte d'eux-mêmes.  

"It's a gnawing feeling," says Nicole, now a college freshman in Maine, of the male body she once lived in. "It's scary when people tell you that who you are isn't  what you are." The book makes it clear that the fear ripples out. "This was a story not just about Nicole, who knew exactly who she was," says Nutt. "All the family members had to find themselves.
 
L'article est de Katty Steinmetz


Mon commentaire : partir se "retrouver soi-même", Nutt veut sans doute parler de remise en question du fait d'avoir mis du temps à accepter l'identité sexuelle de leur enfant. J'avoue que je ne sais pas exactement ce que transgenre signifie vraiment. Je sais en revanche que c'est différent de l'homosexualité où un homme  homosexuel par exemple se sent un homme dont la sexualité est orientée vers les gens du même sexe que lui. Le terme transgenre signifierait que le corps serait à l'opposé, du simple point de vue de l'anatomie, de l'identité sexuelle profonde de la personne. Par exemple Nicole a l'appareil génital d'un garçon mais n'en a que faire, étant donné qu'elle se sent profondément fille. Je pense qu'il s'agit de cela.... et non pas d'hermaphrodisme. D'où la difficulté des parents qui pensaient se trouver face à une évidence, cela dit, sans vouloir  justifier le père qui "a joué les méchants" plus longtemps que les autres membres de la famille.
 
 
Un poème trouvé sur Diérèse :
 

Donne le nom des nuits


     Le sang des eaux, des sables, des vents,
la nuit est son drap noir. Eux coulent
au mitan de la couche.
     Les grattements d'insectes notent leur
temps : leur temps est ce sang-là, aux tempes.


     Le nom de la nuit est le sang noir.
La nuit du corps interne boit à la creuse,
à ses ombres.
     Le sel, dissous à l'eau des yeux, aveugle.
La langue en lèche le goût amer.


     La nuit noire de sable, de vents, de
mer, partage les couches des eaux vertes.
     Les bouches d'odeur ont des dents de
pierre. Les pierres font le partage des eaux
amères.


     La nuit se perd en vent, en eaux, en sable.
     L'esprit, s'il veille, éveille les lampes.
La nuit est en lisière.


                                Marc Le Bot

 

 

 


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