mercredi 28 octobre 2015

Frantz Fanon, essayiste-psychiatre

Avant la mise en ligne de l'article, citation trouvée dans du Daily Ray ce jour :

Darkness cannot drive out darkness: only light can do that.
 Hate cannot drive out hate: only love can do that.

~ Martin Luther King Jr.

Article de Juliette Cerf dans le Télérama de cette semaine :


ESSAI

Au cœur de ce recueil, des textes inédits de l'essayiste-psychiatre. Qui donnent un nouvel éclairage sur les mécanismes tortueux de l'oppression coloniale.


 "La psychiatrie doit être politique", croyait Frantz Fanon, médecin et militant anticolonialiste, né aux Antilles en 1925 et mort d'une leucémie en 1961, quelques jours après la parution des Damnés de la Terre - et quelques mois avant l'indépendance de l'Algérie. Ce cri révolutionnaire proféré par un Noir qui a mesuré, sur lui-même et ses patients, les effets physiques et mentaux  de la domination coloniale, traverse de part en part ces Ecrits sur l'aliénation et la liberté, qui viennent compléter le premier tome de ses Œuvres, paru en 2011.

Aux Inédits psychiatriques (souvent techniques, telle sa thèse soutenue en 1951, après que son idée de soumettre son essai Peau noire, masques blancs comme doctorat fut rejetée) et politique (des textes non repris, en 1964, par son éditeur François Maspero dans Pour la révolution africaine), s'ajoutent L'œil se noie et les Mains parallèles, deux étonnantes pièces de théâtre, écrites en 1949 durant ses études de médecine à Lyon, et influencées par Césaire, Nietzche, Sartre et le surréalisme.

Le quotidien du médecin s'éclaire de mille feux. Formé à Saint-Alban, en Lozère, aux côtés de François Tosquelle, Frantz fanon arrive en 1953 à l'hôpital de Blida-Joinville, en Algérie. C'est l'école psychiatrique d'Alger qui règne alors, fondée sur la croyance raciste en l'infériorité du Nord-Africain, considéré comme un homme primitif au cerveau défectueux. Responsable de pavillons de femmes européennes et d'hommes musulmans, Fanon tente d'y développer la "sociothérapie", pour comprendre au lieu de punir, et insérer le malade dans des "attitudes sociales". Un journal, un café, une promenade, un film, une fête, etc., autant de "cadres", d' "occasions" permettant au "pensionnaire" d'affronter la réalité, pour "retrouver ce qui a existé"  et redécouvrir le "sens de la liberté".

Fanon combat tous les processus de dépersonnalisation. Il s'indigne contre cette infirmière qui appelait Jeanne d'Arc une malade hallucinée, ou contre cette tendance à confisquer les affaires des patients, sans visage, mis à l'écart : "Les malades sont obligés de traîner de petits sacs contenant : peignes édentés, croûtons de pains, mouchoirs déchirés, bonbons laissés par le dernier visiteur !"

En 1956, il démissionne de son poste. Expulsé d'Algérie, il rejoint Tunis, où est publié El Moudjahid, journal du FLN auquel il collabore de 1957 à 1960 : "Le processus révolutionnaire est irréversible [...]. L'indépendance est descendue du ciel des possibilités idéales. Elle s'est faite chair et vie, s'est incorporée à la substance du peuple."
 
Mon commentaire : où l'on peut voir que la naissance d'une guerre peut surgir d'un mélange détonnant d'amour et de haine. Amour à l'encontre des opprimés et haine, faite de désespoir, de leur bourreaux,  perçus au final en tant que personnes autistes dans le vrai sens du terme, c'est à dire rivées obstinément sur leur vision des choses et des hommes (et aussi parfois des animaux dans le cadre de la corrida ou autres cadres où ceux-ci sont maltraités, voire torturés),  sans vraiment tenir compte d'eux.

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