jeudi 8 octobre 2015

De la vérité d'un état d'esprit en poésie

En poésie l'état d'esprit de l'auteur d'un texte passe par un filtre,  en laissant libre cours à diverses lectures ou interprétations bien souvent,  si les eaux sont troubles.

Je suis l'auteure d'un conte que j'ai mis en ligne très récemment sur ce blog et je me rends compte que parfois j'ai été dépassée, heureusement,   par ce qui s'y passe, ne m'attendant pas en le commençant à ce qu'il prenne cette tournure. Parce que s'engageait un dialogue avec moi-même et aussi avec l'actualité pour donner sens à l'histoire,  en même temps  l'histoire elle-même du conte, c'est-à-dire les événements qui s'y produisent "surgissait" la plupart du temps à partir d'une image qui se présentait "toute seule" pratiquement, de façon la plus sommaire qui soit,  nourrissant ce dialogue intérieur et établissant la connexion avec l'extérieur.

Donc je n'avais pas de représentation précise au départ. Contrairement à la pensée de Shopenhauer  je ne pense pas que j'étais manipulée ni ne manipulais, du fait de cette  réflexion sur le monde par ce processus. C'est une méditation en somme.

J'étais partie pour ne pas attacher beaucoup d'importance au corbeau mais plutôt le remettre en question tout en lui laissant son propre espace. J'étais à son écoute, à l'écoute du personnage. Il avait pas mal de choses à dire. Il s'agit en fait de secouer un peu les choses pour voir, ou plutôt écouter ce qui va en sortir. Le corbeau dans son pathos et à cause de la douleur qu'il représentait ne m'a pas donné envie de faire de l'ironie sur lui. Il représentait pourtant clairement des politiciens, des journalistes. Une gent pas souvent aimable, que je trouve la plupart du temps très suiviste, hyper conformiste, trop souvent navrante. Mais dans ce conte, le corbeau souffre, éprouve une vraie peine et je respecte le personnage.

Toute ma sympathie va d'une façon plus évidente et naturelle à Zébra parce qu'elle est nue dans ce monde. Beaucoup de prédateurs la guettent, notamment scientifiques, les super dominants de ce monde. Pour elle "pour vivre heureux, vivons cachés", je lui ai naturellement donné un super compagnon de route, Philosophe nul mais vrai, bourré de sincérité à réchauffer le cœur de Zébra.

Enfin, Lulu. Le chat aux apparences qui plaisent,  mais dessous se cache une condition difficile, celle de l'être qui souffre de pulsions irrépressibles. Le chat est plus pathétique que le corbeau qui lui, étonnamment le devient de façon sympathique dans ce conte,  parce qu'il n'est pas n'importe quel corbeau non plus. Lulu par contre n'est pas éveillé du tout, il se trouve tout juste au début d'une quête de l'autre mais bien maladroite du fait qu'il soit habité de pulsions irrépressibles.

La fin du conte m'a surprise  sur le coup (quelle drôle d'idée j'ai là me suis-je dit) mais après coup je l'ai trouvée logique et libératrice pour Phil et la souris. Zébra ne fait pas d'excès de zèle, elle abandonne le zèle en même temps que Lulu. Mais, consolation, il n'en souffrira pas outre mesure, son expérience avec Phil n'ayant pas été concluante.
 
Les contes, toujours à prétention philosophique finalement,  recèlent parfois, quand c'est réussi,  une forme de poésie. Poésie qui, comme je le disais plus haut, selon moi a des filtres (et surtout pas "philtres") pour aborder la réalité de choses perçues autour de soi et que l'on a envie de démêler mais qu'il est difficile d'analyser ; cette poésie-là, c'est une mise à l'écoute en douceur de ces choses,  à la base,  nébuleuses. Passer par la voie directe d'une chronique, de ma part c'est plus difficile parce que je n'en ai pas les compétences pour certains sujets et que ça peut manquer de spiritualité après coup si l'analyse n'est pas bonne. Pour ma part, je vois surtout en ce monde, de vastes zones d'eaux troubles, où se jouent beaucoup de comédies dans le but de satisfaire des appétits aveugles, tout cela par manque de profondeur,  parce que certains instincts dominent trop aux dépens de choses plus essentielles.    

  

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