mercredi 18 novembre 2015

Le thème de la possession, traité dans le roman intitulé Christine, de Stephen King

Arnie, le bel ado boutonneux, à la personnalité si attachante et à l'humour irrésistible du point de vue de son ami Dennis, présentait une faille en raison du harcèlement qu'il eut à supporter de la part de nombreux autres adolescents, faille par laquelle une entité monstrueuse s'empare peu à peu de lui, par le biais d'abord d'un étrange appât puisqu'il s'agit d'une voiture déglinguée et rouillée des années cinquante, Christine, que son propriétaire LeBay a nommée ainsi et à laquelle Arnie s'est identifié. LeBay : devenu entité monstrueuse, en raison, encore!, d'un harcèlement non digéré alors qu'il était adolescent. Stephen King traite donc franchement d'un cas de possession. Dans cet extrait on voit d'abord Arnie tenter de se débarrasser du monstre qui le parasite de plus en plus, pour communiquer avec Dennis et échouer, laissant la place à LeBay :

"Plus rien pendant quelques secondes, rien à part son corps qui se trémoussait comme si un panier de serpents avait été vidé à l'intérieur de ses vêtements, et ce lent et atroce roulement de son menton contre sa poitrine. Je crus un instant qu'il allait l'emporter sur l'autre vieux salaud, mais quand il releva la tête ce n'était plus Arnie. LeBay était devant moi.

"Ça va se passer comme il a dit. Laisse tomber, petit gars. Il se peut que je ne te passe pas dessus.

— Viens ce soir chez Darnell. Nous jouerons. J'amène Leigh ; amène Christine.

— C'est moi qui choisis le moment et le lieu, répondit LeBay avec la bouche d'Arnie, avec ses dents jeunes et encore bonnes. Tu ne sauras pas quand ça se passera et où. Mais tu sauras quand le moment viendra.

— Réfléchis-y, répliquai-je sur le ton de la conversation. Viens chez Darnell ce soir ; sinon, Leigh ou moi raconterons tout demain."

Il éclata d'un rire hideux et méprisant. "Et où cela vous amènera-t-il ?  À L'asile !

— Certes, au début, on ne nous prendra pas au sérieux. Je te l'accorde.  Mais croire qu'on flanque les gens dans un asile dès qu'ils parlent de fantômes ou de démons, c'était bon de ton temps, LeBay. Aujourd'hui on a L'Exorciste, Amityville et tout ça. Beaucoup de gens croient à cela."

Il ricanait toujours, mais ses yeux trahirent quelque chose, peut-être la première trace de peur. J'ajoutai : "Et ce dont tu ne sembles pas te rendre compte, c'est du nombre de gens qui savent qu'il y a quelque chose de bizarre dans cette histoire."

Son rictus disparut enfin. Il devait certainement avoir pensé à ce que je venais de lui dire. Mais peut-être que tuer finit par devenir une habitude, et qu'au bout d'un moment, on n'est plus capable de s'arrêter et de faire le bilan.

Il poussa une sorte de grognement et se détourna pour s'éloigner.

[...]

"Oui les gens nous riront au nez continuai-je ; je n'en doute pas. Mais j'ai en ma possession deux morceaux de plâtre portant chacun une signature d'Arnie. Sauf que l'une des deux n'est pas la sienne. C'est la tienne, LeBay. Je les montrerai aux flics et je les ferai chier jusqu'à ce qu'ils les fassent examiner par un graphologue spécialisé qui ne manquera pas de confirmer. Alors, les gens se mettront à surveiller Arnie. Et à surveiller Christine aussi. Tu me suis ?

— Petit gars, tu me fais aussi peur qu'une mouche."

Mais ses yeux disaient autre chose. J'avais réussi à l'atteindre."

 Christine, page 368 369 de Stephen King Le Livre de Poche

Je viens de lire une analyse de l'aimable bouddhiste qui m'honore en me comptant parmi ses lectrices  puisqu'elle m'envoie fidèlement ses méditations, ici au sujet de ces événements terrifiants survenus à Paris : http://lejourou130113.hautetfort.com/archive/2015/11/17/j-ai-baisse-les-armes-5717882.html

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