Je viens d'écouter un nouveau texte d'Oxmo. Avec ce poète, la poésie française rimant joliment revient par l'Afrique, sinon, côté dit "souche", je n'ai pas connaissance que nous sachions encore rimer aussi bien. Les textes d'Oxmo chantent tellement d'eux mêmes que la musique rap l'accompagne juste en tant qu'amie de vieille date.
Mais j'étais venue ce jour parler du rêve singulier que j'ai fait et qui pourrait intéresser quelque scientifique de passage car j'y ai fait l'expérience involontaire (c'était très désagréable !), du physiologique lié au mental, les deux se confondant à un moment donné.
Patrick connaissait dans mon rêve la gloire avec ses livres auprès des gens du coin. Tant et si bien qu'il en avait la grosse tête, "le melon" pour être plus explicite. Tous les deux nous étions rendus dans le centre-ville de Béthune, il est soudain appelé par la patronne du "bistrot du coin" qui l'invite à entrer, admirative ; je l'interpelle pour lui faire remarquer ma présence mais cela n'interrompt que brièvement les exclamations tendrement admiratives de la dame envers mon compagnon, du coup je n'entre pas dans le café où mon ami devise en m'ignorant lui aussi, très et trop sensible à l'admiration qu'il suscite. J'arrête ici le rêve pour préciser que dans la vie réelle mon ami n'est pas atteint du syndrome "melon", après coup au réveil j'ai compris que c'est moins l'attitude de mon ami que celle de la béthunoise de souche qui m' a choquée. Je reviens au rêve : L'ami Pat ne sort pas du bistrot, lasse d'attendre et ne me rendant pas compte tout de suite du choc reçu, je veux repartir à la maison seule et là surprise, je ne reconnais plus les lieux, les lieux se télescopent en mille visions de maisons typiquement du Nord des années soixante, en briques rouges et toits en escalier sans que je ne reconnaisse pour autant la topographie des lieux où je me trouve ou plutôt où je suis soudainement perdue, si bien que j'erre dans un dédale de rues qu'il ne m'est plus possible d'identifier et ne me retrouve que par hasard dans ma maison que je peine à reconnaître elle aussi, cependant que Yoko le chat m'y aide quelque peu. Je ressors, intriguée par mon état et aussi celui dans lequel la ville m'apparaît : "inreconnaissable", dans ce désarroi me reste la curiosité de ce qui m'arrive qui fait ressort. Après quelques pas, je me rends compte que Yoko m'accompagne, je sens sa petite patte dans la mienne et soudain un scrupule, quelque chose comme le sens de la responsabilité dû à la présence du chat que je vois marcher sur les deux pattes arrière à mes côtés. Je me dis que les chats n'ont pas un sens de l'orientation bien développé, sachant qu'ils ne sont jamais très loin quand ils s'égarent. Je fais demi tour pour lui, mais toujours dans le même état, je ne reconnais plus rien de ce qui m'entoure et ne peut ramener Yoko, qui a toujours sa petite patte dans la mienne. Le fait de ne plus rien reconnaître faisait sensation dans mon rêve au point que, quand l'angoisse a culminé je me suis réveillée, satisfaite de repérer immédiatement l'endroit où je me trouvais. J'étais passée en une seconde à un état de non reconnaissance à celui de reconnaissance des lieux et cela m'a bien soulagée. Je me suis rendue compte que cette sorte de perte d'intelligence dans le domaine de la topographie était lié à un choc, donc, un état mental. Une découverte éprouvée physiologiquement et mentalement en quelque sorte par ce rêve et non par un scanner qui voit moins loin pour le coup en cette situation. Et en y réfléchissant j'ai compris que c'était un choc d'enfance que j'avais revécu à travers Patrick à qui j'ai raconté le cauchemar et qui m'a dit "Bien sûr que non, je ne suis pas comme ça !" Et de fait, il est gentil mon compagnon. Je trouve le rêve intéressant du point de vue des mécanismes où le mental et le physiologique finissent par se confondre, c'est pourquoi je le mets en partage ici.