vendredi 16 janvier 2015

L'humour en question

Trop d'espièglerie tue l'espièglerie. Par exemple j'entendais raconter ces jours-ci par un homme de télé, à la télé, qu'un acteur jouant une pièce de théâtre avait balancé du caca (ou faux caca) sur une représentation de Jésus crucifié. Il racontait cela pour illustrer combien lui, chrétien,  savait faire preuve d'une certaine tolérance en n'étant que vaguement attristé devant la chose. Attristé et non pas navré, et non pas dégoûté.
 
 
 
 L'acte du caca balancé  était  censé faire rire les gens de goût à l'humour rabelaisien. Les gens de goût à la française, au vu de quoi les  intellectuels  devraient   se   targuer, du  moins en France  de cet humour   bidasse, marqué du   sceau de l'intelligence à la française.
 
Pourtant à la base l'humour doit alléger et non pas alourdir.
 
 Les comédiens qui jouent les soudards  sur les planches, c'est plus navrant qu'autre chose, mais cela avons-nous encore le droit de le dire en France ?  En avons-nous  encore   le droit ?
 
Mais j'étais rassurée cependant  quand  Luz   (ou  un autre de Charlie)    m'a  fait rire lors de son passage à la télé où l'on voyait une cérémonie solennelle de Fançois Hollande embrassant longuement et paternellement le docteur urgentiste de Charlie Hebdo,   Luz   témoigna    qu'un   pigeon     insolent passant par là avait déposé une fiente sur l'épaule de François Hollande et qu' ensuite   le médecin    urgentiste lors de la longue étreinte avait incidemment ou volontairement posé sa  main gauche sur le caca de pigeon. Et Luz ajouta qu'il était temps que le pigeon le fasse rire parce que la chappe  de symboles commençait à l'étouffer. Rire pour ne pas étouffer et non pas s'étouffer de rire jaune. Luz avait été libéré par ce rire comme dans les cérémonies d'enterrement où la tristesse  est tellement lourde à supporter que certaines personnes qui aimaient le défunt rient malgré tout pour ne pas devenir fou peut-être. Cela je le comprends. Ainsi comme le général de Gaulle, je peux dire à Luz solennellement (pour le faire rire si jamais un jour il prenait connaissance de cette note) "Je vous ai compris" en ajoutant  toutefois "à ce moment-là". Ce qui donnerait en fait si j'avais pu lui parler de vive voix ; "je t'ai compris, Luz, à ce moment-là."
 
Liberté d'expression conclurai-je, mais sans formatage, sans se sentir obligé de transgresser à l'état puéril, et avec son propre frein d'amour, celui de ne pas blesser l'autre, car on peut blesser à mort dans le sens où quelque chose en soi peut s'éteindre, qui est l'amour, et alors tout devient sec. L'humour ne doit pas servir à assécher les cœurs.








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