vendredi 14 août 2015

Après le sourire du petit matin, la grimace fugitive



Toujours sur ma boîte mail, j'ai consulté le site du livre audio auquel je suis abonnée, et ai choisi parmi les lectures proposées, de lire Dorgeville, une nouvelle du marquis de Sade assez singulière car il n'est pas question directement du sexe, même si c'est sous-jacent, il ne revient à la surface qu'à la fin, inceste, carrément, à la clé. De meurtres et d'égoïsme, Sade en parle dans cette nouvelle, ainsi que de la "bonté" de Dorgeville, homme généreux inadapté au monde qui l'entoure et inapte à vivre parmi les hommes, il mourra d'amour pour sa sœur qui ne rêvait que de le supprimer comme elle supprima ses parents, par "amour" pour son amant.

Je suis allée ensuite consulter un site spécialisé sur le bonhomme Sade. Extrait :

"Egoïsme sensoriel : le mal causé n’est pas senti par celui qui le cause 

On objectera que cette égalité n’est que théorique dès lors que les caprices de uns peuvent avoir des effets irréversibles sur la vie et donc les possibilités des autres. Le monde de Sade est divisé entre dominés et dominants et les victimes du moment sont insignifiantes aux yeux des vainqueurs. L’indifférence et le mépris sadiques trouvent leurs fondements dans la dissymétrie de la sensibilité : le mal que ressent la victime n’est pas ressenti comme un  mal par celui qui la martyrise ; il se peut même qu’il en éprouve un vif plaisir. L’égoïsme est inscrit comme destin dans la sensibilité qui nous rend affectables de plaisir et de peine de façon à assurer notre conservation alors qu’elle ne nous fait pas sentir avec autant de force le mal de nos semblables.
« Il ne faut jamais calculer les choses que par la relation qu’elles ont avec notre intérêt ». Page 57 de Justine ou les malheurs de la vertu.
« […] Il n’y a aucune proportion raisonnable entre ce qui nous touche et ce qui touche les autres ; nous sentons l’un physiquement, l’autre n’est qu’une impression morale distante[….] Tout individu rempli de force et de vigueur, doué d’une âme énergiquement organisée saura préférer son plaisir à l’intérêt des autres : car sa jouissance est en lui, elle le flatte ; l’effet du crime ne l’affecte pas, il est hors de lui ; or je demande quel est l’homme raisonnable qui ne préférera pas ce qui le délecte à ce qui lui est étranger. » Page 58 Justine ou les malheurs de la vertu.
Il est dans l’ordre de la nature que chacun se préfère lui-même ( Dans le Traité de la nature humaine, Hume remarquait qu’il n’est pas contraire à l’égoïsme humain de préférer l’anéantissement de l’univers à l’écorchure de son petit doigt !) Puisque chacun est responsable de soi. ( C’est du moins cette conception de la nature qui domine chez Sade ; Konrad Lorenz a montré que dans les comportements animaux les plus sophistiqués il y a place pour le sacrifice individuel

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