dimanche 30 août 2015

Il y a des moments dans la vie...

Les deux derniers livres que j'ai lus parlaient de labradors, beaucoup dans celui de Nora Roberts, et quelques lignes seulement, mais remarquables, du moins pour moi qui suis attentive à la présence des animaux, dans le roman de Modiano. J'imagine de quelle bonne compagnie doivent être ces chiens pour peu qu'on leur soit soi-même de bonne compagnie. Je veux dire, dans la mesure où il y a respect mutuel. Un cadeau du ciel le labrador, j'en suis convaincue ! Sam enfant à Toulouse, courait après les chiens à la prairie des filtres et leur tirait la queue. Je m'imagine à cette époque,  avoir eu suffisamment d'argent pour offrir assez d'espace à trois Labradors, compagnons de Sam et de nous, ses parents. Notre destin eût été tout autre grâce à eux, s'ils avaient été là. Je vois ces chiens comme des guides infaillibles, des envoyés du ciel, jappant joyeusement autour de nous.

Les animaux ont évolué depuis les dinosaures. Certains ont beaucoup d'esprit et une générosité du cœur qui confine à quelque chose qui a à voir avec le ciel je pense.

Je me propose maintenant, et à vous si le cœur vous en dit, la lecture d'un auteur que je ne connais pas du tout. Premier sur la liste que "Livre audio" m'a envoyée. Les premières lignes m'ont bien plu.

Ici :

"Il y a des moments dans la vie où une heureuse réunion de circonstances semble fixer sur nous le bonheur. Le calme des passions, l’absence d’inquiétude nous prédisposent à jouir ; et, si au contentement d’esprit vient s’unir une situation matériellement douce, embellie par d’agréables sensations, les heures coulent alors délicieusement, et le sentiment de l’existence se pare de ses plus riantes couleurs.
C’est précisément le cas où se trouvaient les trois personnages que j’avais sous les yeux. Rien au monde dans leur physionomie qui trahît le moindre souci, le plus petit trouble, le plus faible remords ; au contraire, on devinait, au léger rengorgement de leur cou, ce légitime orgueil qui procède du contentement d’esprit : la gravité de leur démarche annonçait le calme de leur cœur, la moralité de leurs pensées ; et, dans ce moment même où, cédant aux molles influences d’un doux soleil, ils venaient de s’endormir, encore semblait-il que de leur sommeil s’exhalât un suave parfum d’innocence et de paix.
Pour moi (l’homme est sujet aux mauvaises pensées), depuis un moment je maniais une pierre. À la fin, fortement sollicité par un malin désir, je la lançai dans la mare tout à côté… Aussitôt les trois têtes sortirent en sursaut de dessous l’aile.



C’étaient trois canards, j’oubliais de le dire. Ils faisaient là leur sieste, tandis qu’assis au bord de la flaque je songeais, presque aussi heureux que mes paisibles compagnons.
Aux champs, l’heure de midi est celle du silence, du repos, de la rêverie. Pendant que le soleil darde à plomb ses rayons sur la plaine, hommes et animaux suspendent leur labeur ; le vent se tait, l’herbe se penche ; les insectes seuls, animés par la chaleur, bourdonnent à l’envi dans les airs, formant une lointaine musique qui semble augmenter le silence même.
À quoi je songeais ? à toutes sortes de choses, petites, grandes, indifférentes ou charmantes à mon cœur. J’écoutais le bruissement des grillons ; ou bien, étendu sur le dos, je regardais au firmament les métamorphoses d’un nuage ; d’autres fois, me couchant contre terre, je considérais, sur le pied d’un saule creux, une mousse humide, toute parsemée d’imperceptibles fleurs ; je découvrais bientôt dans ce petit monde, des montagnes, des vallées, d’ombreux sentiers, fréquentés par quelque insecte d’or, par une fourmi diligente. À tous ces objets s’attachait dans mon esprit une idée dé mystère et de puissance qui m’élevait insensiblement de la terre au ciel, et alors, la présence du Créateur se faisant fortement sentir, mon cœur se nourrissait de grandes pensées.
Quelquefois, les yeux fixés sur les montagnes, je songeais à ce qui est derrière, au lointain pays, aux côtes sablonneuses, aux vastes mers ; et si, au milieu de ma course, je venais à heurter quelque autre idée, je la suivais où elle voulait me conduire, si bien que du bout de l’Océan je rebroussais subitement jusque sur le pré voisin, ou sur la manche de mon habit."

Ici : https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Presbyt%C3%A8re

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