Le texte original, écrit par Eliott Murphy se trouve sous ma traduction via le lien :
"En 1972 j'avais un ami qui avait un ami qui connaissait quelqu'un à Mercury Records quand je faisais des voyages hebdomadaires à New-York à partir de Long Island, à la recherche d'un contrat d'enregistrement. Mon ami m'a dit que je pouvais aller voir Paul Nelson qui était chef de A&R à Mercury Records et donc je l'ai fait.
Je lui ai joué une démo approximative de trois chansons — Last of the rock stars, How's the family et White middle class blues et bien qu'il soit difficile de jamais évaluer l'enthousiasme de Paul (sauf quand il écrivait des critiques de disques), je détectai quelque chose de positif derrière ses sempiternelles lunettes noires, sa moustache et ses cigares Sherman.
Quoiqu'il en soit, il m'invita à l'accompagner pour le déjeuner, ce qui était bon signe et il fut d'accord pour venir me voir lorsque je passais au Mercer Arts Center. Je découvris qu'il était du Minnesota, était allé à l'école avec Bob Dylan, et était en train d'essayer d'engager les New York Dolls sous le label Mercury Record.
Il est venu me voir jouer avec Bud Scoppa qui travaillait aussi à Mercury, et Bud aima le spectacle et écrivit une critique sur moi et les New York Dolls dans le magazine Penthouse.
J'ai encore la photocopie. Paul voulut m'engager moi et les Dolls mais je ne pense pas qu'il y avait suffisamment d'argent pour nous deux. Quoiqu'il en soit, il m'a offert un contrat mais l'article est sorti dans le magazine Penthouse et Polydor m'a offert deux fois plus d'argent en plus d'un meilleur contrat. Je demandai à Paul ce que je devais faire et il me dit de faire affaire avec Polydor car il n'avait pas tellement confiance dans le directeur de Mercury à l'époque. Donc je signai le contrat d'enregistrement chez Polydor ; Aquashow, mon premier album sortit l'année suivante et Paul en fut le critique pour Rolling Stone, où on le paraphrasa en m'appelant Le prochain Bob Dylan. Ce que Paul a réellement dit était qu'Aquashow était (ironiquement) le meilleur Dylan depuis 1968. Peu importe. Tous les critiques reprirent cela en gros titre et furent dans la course.
Paul a aussi fait la critique de Lost generation, mon second album, pour Rolling Stone et (je pense) Night Lights, mon troisième.
Pendant un certain temps il a été le directeur de la critique de Rolling Stone et je le voyais fréquemment dans les bureaux de la RS où je travaillais sur mon roman Cold and Electric chez Rolling Stone Books.
Il est aussi souvent venu à beaucoup de mes spectacles à Tramps dans les années 80. Il fut un temps où Bruce Springsteen explosait quand je traversais une période difficile. Une nuit alors qu'il quittait Tramps, il se tourna vers moi et dit : "Il aurait pu en être autrement."
Je ne sais pas s'il avait raison, mais son sentiment était toujours sincère et le sérieux avec lequel il a traité mon travail m'a servi de boussole artistique jusqu'à ce jour. Nous avions l'habitude de manger des burgers ensemble au Jakson Hole à New York et j'ai acheté sa collection des premières éditions de F. Scott Fitzgerald quand il a eu besoin de cash.
Je lui ai parlé au téléphone il y a quelques années et il m'a dit qu'il travaillait sur un scénario pour un film policier. J'ai toujours voulu le revoir un de ces jours..."
Le texte d'Eliott Murphy :
http://www.elliottmurphy.com/writings/nelson.html
Mon commentaire : les écrivains américains sont doués pour le sous texte c'est-à-dire ce qu'ils sont capables de mettre entre les lignes, sous-jacent, comme par exemple la forte amitié entre les deux hommes, presque taiseux dans le domaine du sentiment. Cette amitié est dite par chemin détourné et pareil pour le brin de nostalgie qui flotte, idem encore pour la déception juste à peine évoquée quant au fait que ça aurait dû mieux marcher. Mais il n'est pas trop tard... d'ailleurs en France Elliot Murphy est très apprécié, j'ai pu m'en rendre compte au concert de l'autre soir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire