mardi 1 mars 2016

Les rêveurs de nids ♣ La douleur du loup


Page 102 Bachelard fait ce constat : "Il y a peu de rêveurs de nids qui aiment les nids d'hirondelle, faits, disent-ils, de salive et de boue. On s'est demandé où pouvaient bien habiter les hirondelles avant qu'il y ait des maisons et des villes ? L'hirondelle n'est donc pas un oiseau "régulier" (NP : ici c'est le mathématicien qui prend le dessus) ; Charbonneaux-Lassay écrit "J'ai entendu dire aux paysans de Vendée qu'un nid d'hirondelle fait peur, même en hiver, aux diables de la nuit.""

Page 103, Bachelard a trouvé un rêveur de nid qui aime les nids d'hirondelle  : " ... voici que je lis dans les Cahiers G. L. M., automne 1954, une page qui m'aide à soutenir l'axiome qui "mondifie" le nid, qui fait du nid le centre d'un monde. Boris Pasternak parle de "l'instinct", à l'aide duquel, comme l'hirondelle, nous construisons le monde — un énorme nid, agglomérat de terre et de ciel, de mort et de vie, et de deux temps, celui qui est disponible et celui qui fait défaut." Oui, deux temps, car quelle durée, en effet, il nous faudrait pour que puisse se propager, à partir du centre de notre intimité, des ondes de tranquillité qui iraient jusqu'aux limites du monde.

  Mais quelle concentration d'images il y a dans le monde-nid-d'hirondelle de Boris Pasternak. Oui, pourquoi nous arrêterions-nous de maçonner, d'agglomérer la pâte du monde autour de notre abri ?  Le nid de l'homme, le monde de l'homme n'est jamais fini. Et l'imagination nous aide à le continuer. Le poète ne peut pas quitter une si grande image, ou plus exactement, une telle image ne peut quitter son poète. Boris Pasternak a justement écrit : "L'homme est muet, c'est l'image qui parle. Car il est évident que l'image seule peut se maintenir au pas de la nature.""

Bachelard La Poétique de L'espace

 Mon commentaire : Tout ce que contient de rêves aux bonnes ondes l'image du nid peut se perpétuer en tant que phénomène qui rejoint  la nature auprès des hommes du futur  ? Pour Bachelard, Boris Pasternak, et bien d'autres poètes, le langage ne vaut dans le domaine poétique que par les images qu'il libère, qui elles, parlent aux hommes, leur envoyant des ondes de tranquillité, d'apaisement, de confiance. Voilà ce que j'ai compris du beau message de Bachelard et de ses amis poètes dans l'absolu.

♣♣♣

Trouvée sur le blog de Jean Paul, la photo d'une louve. Il y est question d'une louve tuée (je n'ai pas encore lu l'article complètement). Observant une bonne minute la photo de la louve, j'ai fini par la dessiner. J'ai dû m'y reprendre en trois fois, mais ce fut vite dessiné tout de même. En passant un peu de couleur autour, en crayonnant à l'intérieur du dessin.... je pensais à un loup, non plus une louve... et le loup se plaignait. J'ai écrit ce texte autour du dessin en état de rêverie, donc en état d'écrire quelque chose d'approchant à la poésie. À l'état normal, rencontrer un loup me ferait peur. La rêverie  rend aussi plus réceptif quant  à la condition de l'autre, du tout autre. Le dessin avec son texte : 

    Je suis las de pleurer la perte de mes petits.
Comme vous ils avaient l'instinct d'amour, de vie, et celui de manger.
J'aimais mes louveteaux plus que vous les vôtres.
Les vôtres qui, une fois grands, dans leur malheur, nous harcèlent sans fin.
Un peu plus d'espace et nous ne rôderons plus autour de vos enclos.
Un peu plus de lumière dans votre imaginaire, autant moins de sang répandu.
Ne pas manger, luxe des morts et des esprits, nous ne le pouvons pas encore.
mais nous savons jeûner bien plus longtemps que vous.
Qui sait d'ailleurs si nous ne mangerons  principalement des baies
si la nature inspirée le décide un jour ?
Lasse qu'elle sera, d'entendre la douleur des loups.

L'article maintenant :

http://sans-voixinfos.hautetfort.com/archive/2016/03/01/43-loups-morts-en-france-depuis-juillet-2015-5767355.html

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