mardi 29 mars 2016

Les coins, sentis ou vécus, analysés par Bachelard ♣♣ Aujourd'hui, je chante avec Françoise "Mon amie la Rose" ♣♣ Lu ce matin sur Jubilate



"Voici le point de départ de nos réflexions : tout coin dans une maison, toute encoignure dans une chambre, tout espace réduit où l'on aime à se blottir, à se ramasser sur soi-même, est, pour l'imagination une solitude, c'est-à-dire le germe d'une chambre, le germe d'une maison.

Les documents qu'on peut réunir en lisant sont peu nombreux parce que ce resserrement tout physique sur soi-même a déjà la marque d'un négativisme. Par bien des côtés, le coin "vécu" refuse la vie, restreint la vie, cache la vie (NP : il précise "par bien des côtés", vu de l'extérieur on peut avoir l'impression que "par bien des côtés" etc.). Dans le coin, on ne parle pas à soi-même. Si l'on se souvient des heures du coin, on se souvient d'un silence, d'un silence des pensées. Pourquoi alors décrirait-on la géométrie d'une si pauvre solitude ? Le psychologue, et surtout le métaphysicien, trouveront ces circuits de topo-analyse bien inutiles. Ils savent observer directement les caractères "renfermés". Ils n'ont pas besoin qu'on leur décrive l'être renfrogné comme un être rencogné. Mais nous n'effaçons pas si facilement les conditions de lieu. Et toute retraite de l'âme a, croyons-nous, des figures de refuges. Le plus sordide des refuges, le coin, mérite un examen. Se retirer en son coin est sans doute une pauvre expression. Si elle est pauvre, c'est qu'elle a de nombreuses images, des images d'une grande ancienneté, peut-être même des images psychologiquement primitives. Parfois, plus simple est l'image, plus grands sont les rêves."

Mon commentaire : Bachelard ne va plus tarder à parler de Sartre écrivant sur Baudelaire à propos de l'être qui se révèle à lui-même "au moment même où il sort de son coin."
Le coin est vécu par Sartre comme un retrait dans un coin de soi, où la personne en son coin, repliée qu'elle est sur elle-même, ne peut être elle-même. Pour être elle-même il lui a fallu le déploiement, déploiement qui s'est produit, chez la jeune Emily dont parle Sartre, sur le mode physico-spatial. Bachelard comprend, pourtant, il reviendra sur le côté "productif" des coins, lorsque les poètes en parlent après les avoir "vécus" entre autre comme une alternative. Mais c'est tellement riche que je ne saurais faire une synthèse de ce que Bachelard dit à propos des coins, demain je mettrai donc la suite de cet extrait de La poétique de l'espace, page 132 

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Mon amie la Rose, chanté par la jolie Françoise (toutes les Françoise que je connais sont hyper jolies... un prénom porte-bonheur... mais bon, on est bien peu de chose en tous les cas) : https://www.youtube.com/watch?v=2ICFtXx546A

Tigret ce matin a profité du sommeil de Peter Pan le chat pour venir me faire un discret et presque fugitif calinou :




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René Char ! Je ne me refuse rien en somme, mais je partage :

"Redonnez-leur ce qui n'est plus présent en eux, ils reverront le grain de la moisson s'enfermer dans l'épi et s'agiter sur l'herbe. Apprenez-leur, de la chute à l'essor, les douze mois de leur visage, ils chériront le vide de leur coeur jusqu'au désir suivant; car rien ne fait naufrage ou ne se plaît aux cendres; et qui sait voir la terre aboutir à des fruits, point ne l'émeut l'échec quoiqu'il ait tout perdu."
René Char, Les Loyaux Adversaires, dans: Oeuvres complètes (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1983)




    

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