samedi 30 mai 2015
vendredi 29 mai 2015
jeudi 28 mai 2015
Astuce semences barricadées contre l'urine de chats sans gêne (les miens et ceux des alentours)
Cet innocent aux mains pleines par exemple, Yoko, n'aura pas loisir d'arroser les semences de son urine intempestive. Profitant de mon regain d'énergie après avoir connu un état un tantinet raplapla, j'ai "dressé" cette barricade anti-chats. Chats qui sont mes amis, mais tout le monde a le droit d'exister, les fleurs aussi ; encore faut-il qu'elles daignent pousser maintenant, pour me remercier de mes efforts.
mercredi 27 mai 2015
mardi 26 mai 2015
La BD : alliance de Cedric Villani et Edmond Baudoin
D'après ce que j'ai entendu à la radio, la question de l'éthique est traitée dans cet album. Les rêveurs lunaires sont des scientifiques dont les découvertes ont changé le cours de l'Histoire. Un mathématicien et un auteur de BD, célèbres tous deux, ont abordé ce thème :
http://www.bodoi.info/bd-a-bastia-2015-lexpo-baudoin-et-cedric-villani/
http://www.bodoi.info/bd-a-bastia-2015-lexpo-baudoin-et-cedric-villani/
Mardi : en principe dernier jour d'attente
Je suis en mesure d'attendre demain pour la consultation chez le dentiste, le rendez-vous est à 13 heures 30 ; demain à cette heure-là je ne serai pas loin de la délivrance. Fraiseuse pour me délivrer de l'amalgame qui fait pression sur le nerf, et pansement.
Récapitulation : deux jours de calvaire : samedi et dimanche avec prise médicamenteuse forcément massive au niveau des antalgiques. Le lundi, j'ai pu les prendre normalement : soit, toutes les six heures. Cette nuit ai dû me lever pour reprendre deux aspirines et me suis rendormie cinq minutes après environ.
Il est sept heures 37, je me sens le foie embarbouillé mais je n'ai pas mal. J'ai juste pris l'antibiotique en me levant.
Pour me détoxifier le foie après un tel épisode, j'ai intérêt à manger de l'avocat, soit un demi chaque jour. L'avocat reconstituerait le foie.
Récapitulation : deux jours de calvaire : samedi et dimanche avec prise médicamenteuse forcément massive au niveau des antalgiques. Le lundi, j'ai pu les prendre normalement : soit, toutes les six heures. Cette nuit ai dû me lever pour reprendre deux aspirines et me suis rendormie cinq minutes après environ.
Il est sept heures 37, je me sens le foie embarbouillé mais je n'ai pas mal. J'ai juste pris l'antibiotique en me levant.
Pour me détoxifier le foie après un tel épisode, j'ai intérêt à manger de l'avocat, soit un demi chaque jour. L'avocat reconstituerait le foie.
lundi 25 mai 2015
Lundi : suite de l'épisode dentaire
Troisième post concernant la rage de dents... et autre chose.
La décoction de clous de girofles avait fait son petit effet, mais elle était associée une heure avant à la prise d'un antalgique. Au bout d'un répit de quelques heures, une crise de douleur est revenue, et la simple décoction, avec la goutte d'huile essentielle dedans n'en est pas venue à bout, il a fallu reprendre un antalgique pharmaceutique, j'aurais bien essayé le cannabis dont on dit qu'il calme de grandes douleurs physiques, mais je n'ai pas plus l'idée de où on peut en trouver que de où on peut dénicher un dentiste de garde dans les environs. Un petit abcès s'est formé tout en bas de la gencive mais ne se voit pas de l'extérieur. L'antibiotique a commencé à faire de l'effet car avec la prise de deux aspirines seulement, j'ai dormi d'une traite de minuit à six heures du matin. Là je n'ai pas mal, je n'avais qu'une petite douleur en me réveillant, qui s'est calmée toute seule (je signale quand même avoir pris deux gélules de reine des prés), car j'attends avant de me "précipiter" sur les médicaments dont j'ai eu tendance à rapprocher les prises quand la douleur, beaucoup plus intense que celle du réveil de ce matin, revenait à un rythme plus soutenu. L'espoir est à nouveau là de pouvoir attendre jusque mercredi. Hier dans la matinée, j'avais fini par appeler la police, comme il m'avait été dit, afin d'avoir l'adresse d'un dentiste de garde. Le policier m'a renvoyée aux urgences de l'hôpital du coin. Sachant que là, il n'y avait pas de dentiste, mais un simple médecin qui m'aurait délivré une ordonnance que j'avais déjà, je ne me suis pas déplacée. L'ami Patrick a ensuite fait des recherches sur Internet, j'ai fait le numéro qu'il ma dit, s'en est suivi, après une attente pas trop longue en musique, la délivrance du renseignement par, toujours, l'impassible robot (ce n'est pas une insulte, c'était un vrai robot) :
"62 400 - ville de Béthune."
Musique, musique, musique
"Il n'y a pas de dentiste de garde dans votre ville."
C'était à peu près formulé comme cela. Robot programmé de façon tendancieuse cela dit, comme si le citoyen d'une ville ne pouvait pas aller se faire soigner dans une autre ville des environs. On revient à l'esprit de clocher sous l'ère des robots ! J'ai soixante ans bientôt, j'ai connu le temps des médecins à l'esprit chevaleresque et j'ai un peu de mal à accepter la situation étant donné la douleur qui peut mener je le pense à des actes dangereux pour soi-même. Ce matin c'est quand même un relatif soulagement. Il est bientôt huit heures et la douleur ne s'est toujours pas réveillée de façon hard .... depuis minuit hier. Un record de répit. Je pense que je dois cela aux antibiotiques qui combattent bien l'inflammation ou l'infection. Toujours une pensée pour les autistes non verbaux. Pourquoi justement les autistes ? Parce que ce sont des personnes qui ont du mal à communiquer, et qu'en cas de rage de dents... Il vaut mieux pouvoir se faire prescrire, à défaut d'une intervention sur le champ, de puissants antalgiques et des antibiotiques. Pour les sans voix, quand "l'occasion" se présente, il est bon de rappeler à leur entourage cette situation qu'on n'a pas forcément en tête le jour où la personne atteinte d'autisme sévère souffre physiquement.
Dix minutes plus tard :
Je reviens de ma boîte mail et trouve un mail à propos de la souffrance animale. Les animaux non plus de peuvent pas facilement communiquer leur ressenti, du moins à des êtres inattentifs, comme nous le sommes trop souvent. C'est ici :
http://corridabasta.hautetfort.com/archive/2015/05/24/le-23-mai-2015.html
La décoction de clous de girofles avait fait son petit effet, mais elle était associée une heure avant à la prise d'un antalgique. Au bout d'un répit de quelques heures, une crise de douleur est revenue, et la simple décoction, avec la goutte d'huile essentielle dedans n'en est pas venue à bout, il a fallu reprendre un antalgique pharmaceutique, j'aurais bien essayé le cannabis dont on dit qu'il calme de grandes douleurs physiques, mais je n'ai pas plus l'idée de où on peut en trouver que de où on peut dénicher un dentiste de garde dans les environs. Un petit abcès s'est formé tout en bas de la gencive mais ne se voit pas de l'extérieur. L'antibiotique a commencé à faire de l'effet car avec la prise de deux aspirines seulement, j'ai dormi d'une traite de minuit à six heures du matin. Là je n'ai pas mal, je n'avais qu'une petite douleur en me réveillant, qui s'est calmée toute seule (je signale quand même avoir pris deux gélules de reine des prés), car j'attends avant de me "précipiter" sur les médicaments dont j'ai eu tendance à rapprocher les prises quand la douleur, beaucoup plus intense que celle du réveil de ce matin, revenait à un rythme plus soutenu. L'espoir est à nouveau là de pouvoir attendre jusque mercredi. Hier dans la matinée, j'avais fini par appeler la police, comme il m'avait été dit, afin d'avoir l'adresse d'un dentiste de garde. Le policier m'a renvoyée aux urgences de l'hôpital du coin. Sachant que là, il n'y avait pas de dentiste, mais un simple médecin qui m'aurait délivré une ordonnance que j'avais déjà, je ne me suis pas déplacée. L'ami Patrick a ensuite fait des recherches sur Internet, j'ai fait le numéro qu'il ma dit, s'en est suivi, après une attente pas trop longue en musique, la délivrance du renseignement par, toujours, l'impassible robot (ce n'est pas une insulte, c'était un vrai robot) :
"62 400 - ville de Béthune."
Musique, musique, musique
"Il n'y a pas de dentiste de garde dans votre ville."
C'était à peu près formulé comme cela. Robot programmé de façon tendancieuse cela dit, comme si le citoyen d'une ville ne pouvait pas aller se faire soigner dans une autre ville des environs. On revient à l'esprit de clocher sous l'ère des robots ! J'ai soixante ans bientôt, j'ai connu le temps des médecins à l'esprit chevaleresque et j'ai un peu de mal à accepter la situation étant donné la douleur qui peut mener je le pense à des actes dangereux pour soi-même. Ce matin c'est quand même un relatif soulagement. Il est bientôt huit heures et la douleur ne s'est toujours pas réveillée de façon hard .... depuis minuit hier. Un record de répit. Je pense que je dois cela aux antibiotiques qui combattent bien l'inflammation ou l'infection. Toujours une pensée pour les autistes non verbaux. Pourquoi justement les autistes ? Parce que ce sont des personnes qui ont du mal à communiquer, et qu'en cas de rage de dents... Il vaut mieux pouvoir se faire prescrire, à défaut d'une intervention sur le champ, de puissants antalgiques et des antibiotiques. Pour les sans voix, quand "l'occasion" se présente, il est bon de rappeler à leur entourage cette situation qu'on n'a pas forcément en tête le jour où la personne atteinte d'autisme sévère souffre physiquement.
Dix minutes plus tard :
Je reviens de ma boîte mail et trouve un mail à propos de la souffrance animale. Les animaux non plus de peuvent pas facilement communiquer leur ressenti, du moins à des êtres inattentifs, comme nous le sommes trop souvent. C'est ici :
http://corridabasta.hautetfort.com/archive/2015/05/24/le-23-mai-2015.html
dimanche 24 mai 2015
Douleur physique suite
Les antalgiques faisant de moins en moins effet, je me suis appliqué une goutte d'essence de giroflier sur la gencive. Nada en terme d'amoindrissement de la douleur. Par contre j'ai repris un antalgique (j'en abuse forcément) et cette fois je connais un répit. Tout à l'heure, dans l'abrutissement de la douleur, j'ai avalé une décoction de clous de girofles que je m'étais faite comme rince bouche. J'ignore si c'est recommandé d'avaler une décoction de clous de girofles ; je l'ai bue à grandes lampées, croyant prendre la tisane de reine des prés (qui est un antalgique léger, trop léger pour mon cas). Après l'ingurgitation du rince bouche fait maison, je ne sens plus les pulsations dans les dents, que même les antalgiques pharmaceutiques n'endiguaient plus. Tant mieux, mais est-ce bien raisonnable ? Je ne voudrais pas me suicider par inadvertance. Il faudra que j'aille vérifier dans un moteur de recherches si l'on peut effectivement boire cette mixture.
J'ai pensé aussi au cannabis qui paraît-il serait un puissant antalgique, abondant moins en effets secondaire je pense, pris à dose raisonnable, que certains produits pharmaceutiques. Si le cannabis était en vente libre, j'irais m'en procurer en pareille période.
Aujourd'hui, je pense aux autistes non verbaux, qui ne peuvent pas exprimer de telles douleurs. Leur seul recours ce sont les cris face à cela. De vrais Jean Moulin en somme face à qui ne les comprend pas en pareil cas.
Je songe sérieusement à me faire virer tous mes plombages puisque ça finit mal avec eux, en général Je ne garderais que les dents de devant et ferais ainsi partie du grand groupe qui augmente de plus en plus en France à mon avis, des "sans dents".... Quoique je garderais quand même, celles de devant qui me plaisent bien. Bienheureuses babouchkas qui se fichent de leur look pourvu qu'elles ne souffrent pas."Il faut souffrir pour être belle" ne fait pas partie de leur philosophie. Question de caractère, de force de caractère : se débarrasser ou pas de ses dents.
Quelques minutes plus tard :
Après vérification, le clou de girofle peut se boire en infusion, si j'ajoute une goutte de son huile essentielle dedans quand la rage de dent sévit, c'est recommandé par l'aromathérapeute du site :
http://www.mr-plantes.com/2014/03/clous-de-girofle/
J'ai pensé aussi au cannabis qui paraît-il serait un puissant antalgique, abondant moins en effets secondaire je pense, pris à dose raisonnable, que certains produits pharmaceutiques. Si le cannabis était en vente libre, j'irais m'en procurer en pareille période.
Aujourd'hui, je pense aux autistes non verbaux, qui ne peuvent pas exprimer de telles douleurs. Leur seul recours ce sont les cris face à cela. De vrais Jean Moulin en somme face à qui ne les comprend pas en pareil cas.
Je songe sérieusement à me faire virer tous mes plombages puisque ça finit mal avec eux, en général Je ne garderais que les dents de devant et ferais ainsi partie du grand groupe qui augmente de plus en plus en France à mon avis, des "sans dents".... Quoique je garderais quand même, celles de devant qui me plaisent bien. Bienheureuses babouchkas qui se fichent de leur look pourvu qu'elles ne souffrent pas."Il faut souffrir pour être belle" ne fait pas partie de leur philosophie. Question de caractère, de force de caractère : se débarrasser ou pas de ses dents.
Quelques minutes plus tard :
Après vérification, le clou de girofle peut se boire en infusion, si j'ajoute une goutte de son huile essentielle dedans quand la rage de dent sévit, c'est recommandé par l'aromathérapeute du site :
http://www.mr-plantes.com/2014/03/clous-de-girofle/
La douleur physique
Deux prémolaires me font beaucoup souffrir, c'est à peine tenable. Du coup j'imagine l'horreur pour un autiste non verbal qui ne pourrait pas signaler cette souffrance, intenable sans antalgiques. J'en ai pris tout à l'heure, et je sens encore les pulsations dans les dents, j'ai mal également à l'oreille gauche, et à la gorge côté gauche. La douleur "rayonne" à partir de ces deux prémolaires. Je suis sous antibiotiques aussi, étant passée voir un dentiste sans rendez-vous. Il a pris le temps de me délivrer une ordonnance. J'aurais voulu qu'il m'enlève le plus vite possible le plombage qui me fait mal comme une épine dans le pied, mais trop de monde attendait. Je suis donc sous antalgiques et antibiotiques. Mercredi en début d'après-midi, j'aurai l'intervention. Si la souffrance malgré tout perdurait d'ici là en s'accentuant de façon intolérable il m'a informé que le citoyen français peut en ces cas-là téléphoner à la police pour que lui soit communiqué l'adresse du dentiste de garde. On est parfois très content de les voir les dentistes. Une personne à qui je faisais part de ma souffrance dentaire ce matin m'a raconté qu'après la pose d'un plombage, le lendemain, elle souffrait à "s'en claquer la tête contre les murs", selon sa propre expression. Elle téléphone au dentiste qui avait coffré la dent, il refuse de la faire venir immédiatement à son cabinet, elle se rend en catastrophe chez un autre, peut-être aux urgences, je ne lui ai pas demandé de préciser. Le médecin lui fit un trou dans le plombage pour libérer les gaz dessous qui excitaient le nerf de la dent. La personne m'a déclaré que sous l'effet du soulagement elle avait tourné de l'œil une seconde. Vous imaginez la souffrance, pour des individus autistes ? J'ai d'ailleurs écrit cette note à leur intention en priorité, et à celle de leur entourage et soignants.
samedi 23 mai 2015
J'ai bien aimé
J'ai bien aimé lire les commentaires de Walter Benjamin sur les Affinités. Le concept de rédemption y prend tout son sens. Où l'on comprend que "regarder avec les yeux du cœur" sonne creux au vu du pouvoir de l'apparence à tromper ou à stimuler, à voiler en tout cas, si bien que les sentiments s'en trouvent fortement influencés. La rédemption suppose quelque chose de l'ordre du dévoilement et du bouleversement, ce qui n'est pas donné. Elle reste une espérance pour ceux qui s'aiment à l'encontre de ceux qui sont perdus. C'est très beau, si j'ose dire. Merci Walter Benjamin.
Un extrait maintenant de Histoire d'un ruisseau d'Élisée Reclus
Un extrait maintenant de Histoire d'un ruisseau d'Élisée Reclus
1
L'histoire d'un ruisseau, même de celui qui naît et se perd dans la mousse, est l'histoire de l'infini. Ces gouttelettes qui scintillent ont traversé le granit, le calcaire et l'argile ; elles ont été neige sur la froide montagne, molécule de vapeur dans la nuée, blanche écume sur la crête des flots ; le soleil, dans sa course journalière, les a fait resplendir des reflets les plus éclatants ; la pâle lumière de la lune les a vaguement irisées ; la foudre en a fait de l'hydrogène et de l' oxygène, puis d'un nouveau choc a fait ruisseler en eau ces éléments primitifs.
vendredi 22 mai 2015
L'ère des ténèbres par Michel Terestchenko
Nous sommes dans l'actualité la plus terrible, Michel Terestchenko remet en question les réponses apportées par exemple à l'attentat de Charlie Hebdo, ainsi que celles, en politique toujours, de Bush et Obama aux crimes de Ben Laden. Podcast, ici :
http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=5036159
http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=5036159
Dernier extrait des commentaires de Walter Benjamin sur les Affinités électives
La lecture des commentaires de Walter Benjamin, exige beaucoup d'attention. J'ai relu le passage où il m'a semblé, qu'à un moment donné Walter Benjamin oppose "Beauté" à "Bienheureux". En fait c'est plus subtil que cela. Voici l'extrait, qui est aussi la fin des commentaires analytiques de Walter Benjamin sur les Affinités électives de Gœthe :
"Car si quelque chose en tout cela est clair, c'est que la figure d'Ottilie, disons même son nom, est ce qui attacha Gœthe à ce monde pour y sauver en vérité une créature en train de se perdre, pour racheter en elle une bien-aimée. Il l'a confessé à Sulpice Boisserée et, parce qu'elles procèdent de la plus intime intuition concernant le poète lui-même, les paroles que rapporte Boisserée indiquent le secret des Affinités avec bien plus de profondeur qu'il ne pouvait le pressentir : " Chemin faisant, nous vînmes à parler des Affinités. Il insista sur le fait qu'il avait précipité la catastrophe, l'avait rendue irrésistible. Les étoiles avaient paru au ciel ; il parla de ses rapports avec Ottilie, dit combien il l'avait aimée, comme elle l'avait fait souffrir. Finalement ses propos prirent un ton mystérieux et presque énigmatique. — Cependant il dit ensuite un vers serein. Ainsi nous gagnâmes Heidelberg sous le plus beau des clairs de lune, las et stimulés, pleins de pressentiments et de sommeil."
Boisserée a bien vu le rôle des étoiles et que leur apparition avait orienté la pensée de Gœthe vers son roman ; mais — son langage en est témoin — il n'a guère su combien l'instant avait ici plus d'importance que les dispositions intérieures, et comme était claire l'admonition des astres. En elle vivait toujours, sous forme d'expérience, ce souvenir qui, comme vécu, s'était évaporé depuis longtemps. Ayant à décrire une fois l'espérance des amants, c'est sous le signe symbolique de l'étoile qu'elle lui était apparue. Voici la phrase qui, pour parler comme Hölderlin, contient la césure de l'œuvre, celle qui suspend toute l'action, à l'instant où Eduard et Ottilie, se tenant enlacés, mettent le dernier sceau à leur perte : " L'espoir passa sur leur tête comme une étoile qui tombe du ciel ". Evidemment, ils ne la voient pas tomber et Gœthe ne pouvait indiquer plus clairement que l'ultime espoir n'est tel que pour les êtres en faveur de qui l'on espère, non pour ceux qui espèrent eux-mêmes. Voilà qui justifie le plus profondément l' "attitude du narrateur". Il est le seul qui dans le sentiment de l'espoir peut donner sens à l'événement, tout comme Dante en personne assume le désespoir des amants lorsque, ayant entendu les paroles de Francesca di Rimini, il tombe "ainsi que tombe un cadavre".* [ Cf. Infermo, V, 142 : " E caddi, come corpo morte cade." ] Cette espérance, la plus paradoxale, la plus fugitive, émerge finalement de la fausse réconciliation comme se lève, au crépuscule, à mesure que le soleil éteint ses feux, l'étoile vespérale qui annonce la nuit. — Cette lueur vacillante est bien celle de Vénus. Sur elle, si fragile, repose tout espoir, et le plus riche même ne vient que d'elle. Ainsi l'espoir justifie, en fin de compte, l'apparence de la réconciliation, et c'est le seul cas où l'on ne puisse dire, avec Platon, qu'il soit absurde de vouloir l'apparence du Bien. Car l'apparence de la rédemption peut être, et même doit être voulue ; elle seule est la demeure de l'espoir à son plus haut degré. De la sorte finalement il s'arrache à elle de vive force, et le "si belle", à la fin du livre, ne résonne que comme une tremblante question aux morts qui, s'ils ne se réveillent jamais, se réveilleront, c'est notre espoir, non dans un monde beau, mais dans un monde bienheureux. Elpis reste l'ultime des Paroles originaires ; la certitude de bénédiction que, dans la nouvelle, portent secrètement en eux ceux qui s'aiment répond à notre espérance de rédemption pour tous les morts. Elle est le seul droit de cette foi en l'immortalité dont la flamme jamais ne saurait naître au contact de notre propre existence. [...] L'expression adéquate du mystère proprement dit qui habite le roman n'est donc point cette essence nazaréenne, mais le symbole de l'étoile tombant sur ceux qui s'aiment. Le mystère est, dans le dramatique, cet élément qui l'élève au-dessus du domaine de son langage propre, jusqu'à un domaine plus haut et que ce langage ne peut atteindre. Il ne peut donc jamais s'exprimer en paroles, mais seulement dans la représentation. Il est le "dramatique" entendu dans sa plus grande rigueur. Un élément analogue de représentation est, dans les Affinités électives, l'étoile qui tombe. Le soubassement épique de la représentation dans le mythe, sa dimension lyrique dans la passion et le penchant trouvent leur couronnement dramatique dans le mystère de l'espérance. Si la musique recèle de vrais mystères, cela reste assurément un monde muet d'où ne s'élèvera jamais sa résonnance. Et cependant à quel monde est-elle appropriée sinon à celui auquel elle promet plus qu'un apaisement : la rédemption ? C'est ce qui est désigné dans la Table que George plaça sur la maison natale de Beethoven, à Bonn* :
Jusqu'à ce que vous soyez assez affermis pour combattre sur votre astre,
Je vous chante combat et victoire d'astres plus hauts,
Jusqu'à ce que vous preniez corps sur cet astre-ci,
Je vous invente le rêve en des astres éternels.
D'une ironie sublime paraît ce "Jusqu'à ce que vous preniez corps". Dans le roman de Goethe ceux qui s'aiment ne prennent jamais corps — qu'importe si jamais ils ne s'affermissent pour combattre ? Pour les désespérés seulement nous fut donné l'espoir.
Walter Benjamin
* Il ne s'agit pas d'une inscription qu'on pourrait voir sur la maison du musicien, mais d'un quatrain intitulé Maison à Bonn, dans la série des Tables que contient le recueil Septième Cercle.
"Car si quelque chose en tout cela est clair, c'est que la figure d'Ottilie, disons même son nom, est ce qui attacha Gœthe à ce monde pour y sauver en vérité une créature en train de se perdre, pour racheter en elle une bien-aimée. Il l'a confessé à Sulpice Boisserée et, parce qu'elles procèdent de la plus intime intuition concernant le poète lui-même, les paroles que rapporte Boisserée indiquent le secret des Affinités avec bien plus de profondeur qu'il ne pouvait le pressentir : " Chemin faisant, nous vînmes à parler des Affinités. Il insista sur le fait qu'il avait précipité la catastrophe, l'avait rendue irrésistible. Les étoiles avaient paru au ciel ; il parla de ses rapports avec Ottilie, dit combien il l'avait aimée, comme elle l'avait fait souffrir. Finalement ses propos prirent un ton mystérieux et presque énigmatique. — Cependant il dit ensuite un vers serein. Ainsi nous gagnâmes Heidelberg sous le plus beau des clairs de lune, las et stimulés, pleins de pressentiments et de sommeil."
Boisserée a bien vu le rôle des étoiles et que leur apparition avait orienté la pensée de Gœthe vers son roman ; mais — son langage en est témoin — il n'a guère su combien l'instant avait ici plus d'importance que les dispositions intérieures, et comme était claire l'admonition des astres. En elle vivait toujours, sous forme d'expérience, ce souvenir qui, comme vécu, s'était évaporé depuis longtemps. Ayant à décrire une fois l'espérance des amants, c'est sous le signe symbolique de l'étoile qu'elle lui était apparue. Voici la phrase qui, pour parler comme Hölderlin, contient la césure de l'œuvre, celle qui suspend toute l'action, à l'instant où Eduard et Ottilie, se tenant enlacés, mettent le dernier sceau à leur perte : " L'espoir passa sur leur tête comme une étoile qui tombe du ciel ". Evidemment, ils ne la voient pas tomber et Gœthe ne pouvait indiquer plus clairement que l'ultime espoir n'est tel que pour les êtres en faveur de qui l'on espère, non pour ceux qui espèrent eux-mêmes. Voilà qui justifie le plus profondément l' "attitude du narrateur". Il est le seul qui dans le sentiment de l'espoir peut donner sens à l'événement, tout comme Dante en personne assume le désespoir des amants lorsque, ayant entendu les paroles de Francesca di Rimini, il tombe "ainsi que tombe un cadavre".* [ Cf. Infermo, V, 142 : " E caddi, come corpo morte cade." ] Cette espérance, la plus paradoxale, la plus fugitive, émerge finalement de la fausse réconciliation comme se lève, au crépuscule, à mesure que le soleil éteint ses feux, l'étoile vespérale qui annonce la nuit. — Cette lueur vacillante est bien celle de Vénus. Sur elle, si fragile, repose tout espoir, et le plus riche même ne vient que d'elle. Ainsi l'espoir justifie, en fin de compte, l'apparence de la réconciliation, et c'est le seul cas où l'on ne puisse dire, avec Platon, qu'il soit absurde de vouloir l'apparence du Bien. Car l'apparence de la rédemption peut être, et même doit être voulue ; elle seule est la demeure de l'espoir à son plus haut degré. De la sorte finalement il s'arrache à elle de vive force, et le "si belle", à la fin du livre, ne résonne que comme une tremblante question aux morts qui, s'ils ne se réveillent jamais, se réveilleront, c'est notre espoir, non dans un monde beau, mais dans un monde bienheureux. Elpis reste l'ultime des Paroles originaires ; la certitude de bénédiction que, dans la nouvelle, portent secrètement en eux ceux qui s'aiment répond à notre espérance de rédemption pour tous les morts. Elle est le seul droit de cette foi en l'immortalité dont la flamme jamais ne saurait naître au contact de notre propre existence. [...] L'expression adéquate du mystère proprement dit qui habite le roman n'est donc point cette essence nazaréenne, mais le symbole de l'étoile tombant sur ceux qui s'aiment. Le mystère est, dans le dramatique, cet élément qui l'élève au-dessus du domaine de son langage propre, jusqu'à un domaine plus haut et que ce langage ne peut atteindre. Il ne peut donc jamais s'exprimer en paroles, mais seulement dans la représentation. Il est le "dramatique" entendu dans sa plus grande rigueur. Un élément analogue de représentation est, dans les Affinités électives, l'étoile qui tombe. Le soubassement épique de la représentation dans le mythe, sa dimension lyrique dans la passion et le penchant trouvent leur couronnement dramatique dans le mystère de l'espérance. Si la musique recèle de vrais mystères, cela reste assurément un monde muet d'où ne s'élèvera jamais sa résonnance. Et cependant à quel monde est-elle appropriée sinon à celui auquel elle promet plus qu'un apaisement : la rédemption ? C'est ce qui est désigné dans la Table que George plaça sur la maison natale de Beethoven, à Bonn* :
Jusqu'à ce que vous soyez assez affermis pour combattre sur votre astre,
Je vous chante combat et victoire d'astres plus hauts,
Jusqu'à ce que vous preniez corps sur cet astre-ci,
Je vous invente le rêve en des astres éternels.
D'une ironie sublime paraît ce "Jusqu'à ce que vous preniez corps". Dans le roman de Goethe ceux qui s'aiment ne prennent jamais corps — qu'importe si jamais ils ne s'affermissent pour combattre ? Pour les désespérés seulement nous fut donné l'espoir.
Walter Benjamin
* Il ne s'agit pas d'une inscription qu'on pourrait voir sur la maison du musicien, mais d'un quatrain intitulé Maison à Bonn, dans la série des Tables que contient le recueil Septième Cercle.
jeudi 21 mai 2015
Ottilie et Eduard
Encore lu quelques lignes de Walter Benjamin ce matin, à propos des Affinités électives : Eduard est marié à Charlotte, avec laquelle il a un fils, mais est fortement épris d'Ottilie dotée d'une beauté fatale, Benjamin Walter écrit à ce sujet qu'il faut admettre la beauté immense d'Ottilie selon Gœthe, en tant que loi, pour entrer dans le roman. Perte, rédemption, espoir émergeant d'une fausse réconciliation. Etoile qui tombe dès lors que l'amoureux enlace Ottilie...
Un monde beau ou un monde bienheureux ? opposition que fait Walter Benjamin à un moment donné.
Si nous revenons à l'enfant en nous, nous pouvons nous souvenir que le beau surgit du bienheureux. Pour l'enfant, impossible de voir la beauté selon l'œil de quelqu'un d'autre, fût-il un génie comme Gœthe si je me réfère à l'enfant que j'étais où, la subjectivité dans le cas du "beau-bienheureux" l'emporte sur l'objectivité. Une libellule vivante, c'est de la grâce, inouïe comme toujours elle est ; une libellule assassinée renvoie à son bourreau la laideur de son geste. Une libellule est-elle objectivement belle ? L'important est qu'elle le soit subjectivement, au fond. Et si l'enfant perçoit la laideur de son geste lorsqu'il la voit morte, là encore... si beau soit le tueur ou la tueuse selon je ne sais quel canon ou critère qu'on assimile à l'objectivité, il se trouve moche à l'intérieur en plus d'éprouver l'inutilité de sa toute puissance d'enfant face à un être mort, qui prend soudain du pouvoir sur lui. Je parle d'une expérience d'enfant que j'ai vécue.
L'adulte a plus de chance, au vu de ses expériences, d'être devenu plus fort que l'enfant en présence de la laideur. La bonté du bossu de Notre Dame dans Victor Hugo, le laisse toujours objectivement laid, mais par la prise de conscience de sa bonté, selon la même subjectivité que l'enfant lorsqu'il perçoit le bienheureux-beau, l'adulte dépasse l'apparence du bossu, sa laideur n'est plus qu'un masque. Des enfants peuvent parvenir à transcender la laideur probablement, mais c'est plus difficile si je m'en réfère à moi il y a longtemps.
Un monde beau ou un monde bienheureux ? opposition que fait Walter Benjamin à un moment donné.
Si nous revenons à l'enfant en nous, nous pouvons nous souvenir que le beau surgit du bienheureux. Pour l'enfant, impossible de voir la beauté selon l'œil de quelqu'un d'autre, fût-il un génie comme Gœthe si je me réfère à l'enfant que j'étais où, la subjectivité dans le cas du "beau-bienheureux" l'emporte sur l'objectivité. Une libellule vivante, c'est de la grâce, inouïe comme toujours elle est ; une libellule assassinée renvoie à son bourreau la laideur de son geste. Une libellule est-elle objectivement belle ? L'important est qu'elle le soit subjectivement, au fond. Et si l'enfant perçoit la laideur de son geste lorsqu'il la voit morte, là encore... si beau soit le tueur ou la tueuse selon je ne sais quel canon ou critère qu'on assimile à l'objectivité, il se trouve moche à l'intérieur en plus d'éprouver l'inutilité de sa toute puissance d'enfant face à un être mort, qui prend soudain du pouvoir sur lui. Je parle d'une expérience d'enfant que j'ai vécue.
L'adulte a plus de chance, au vu de ses expériences, d'être devenu plus fort que l'enfant en présence de la laideur. La bonté du bossu de Notre Dame dans Victor Hugo, le laisse toujours objectivement laid, mais par la prise de conscience de sa bonté, selon la même subjectivité que l'enfant lorsqu'il perçoit le bienheureux-beau, l'adulte dépasse l'apparence du bossu, sa laideur n'est plus qu'un masque. Des enfants peuvent parvenir à transcender la laideur probablement, mais c'est plus difficile si je m'en réfère à moi il y a longtemps.
mardi 19 mai 2015
Le documentaire sur Louis XVI
Où l'on s'aperçoit que la haute noblesse, et le haut clergé "se refusant d'être traités comme le commun" en payant les impôts que Louis XVI a tenté de leur faire assumer, ont précipité leur roi dans les bras d'un peuple que la famine enrageait. Si Louis XVI avait insisté pour ponctionner les intouchables, la famine résorbée, plus de révolution, très probablement, du moins d'une telle barbarie. On voit bien dans ce documentaire, visionné ce soir sur la deux, que Louis XVI était finalement prêt à évoluer. Cette violence à l'encontre de cet homme et de ses proches est de celle qu'on fait subir aux boucs émissaires. Le fiasco financier que n'avait pas créé Louis XVI, mais plutôt le vieux système, notamment de non paiement d'impôts concernant les prélats, et les gens de haute noblesse, tout restant à la charge du tiers-état, a été le catalyseur et les responsables mêmes de ce grave disfonctionnement l'ont désigné indirectement, lui et sa famille, comme victime expiatoire. Pour ma part, je ne trouve pas glorieuse cette révolution au vu des faits exposés. Mais les famines conduisent immanquablement aux boucheries.
Observatoire biodiversité en Nord - Pas-de-Calais
De jolies photos de la nature dans le Nord - Pas-de-Calais, ici :
http://www.observatoire-biodiversite-npdc.fr/emotions.html
http://www.observatoire-biodiversite-npdc.fr/emotions.html
De la condition humaine à la condition animale
Le gardien à force de garder ce pauvre lion qui imagine des libérateurs partout se sent prisonnier comme lui. Des enfants, pas encore très sensibles, veulent entrer pour le plaisir de voir un lion, si prisonnier soit-il. Voilà ce que dit le dessin :
Bernard
Tiens, voilà un Bernard qui "me" parle. Je n'ai aucune idée de l'apparence qu'il eut durant sa vie sur terre, mais je trouve beau ce qu'il dit :
"La mémoire est purifiée par la confession, l'esprit par la lecture, l'élan affectif ou la volonté par la prière."
Il s'agit de Bernard de Clairveaux, dans l'extrait du jour du site Jubilate Deo.
L'idée du "beau" m'est venue à la lecture que j'ai faite ce matin de quelques lignes de Walter Benjamin qui aborde ce thème. Il pense que nombre de philosophes réduisent le beau à une apparence, or la belle apparence est pour Walter Benjamin, une sorte de signal du beau, lequel ne peut-être que voilé par la belle apparence. C'est d'une "complexitude" dont j'entrevois quelque chose, grâce à un récit de l'évangile où le Christ apparaît à quelques apôtres aux côtés des premiers prophètes sur un Mont célèbre dont le nom m'échappe. La beauté de Jésus se révèle. Mais elle doit retrouver son voile bien vite. C'est vrai que les saints sont souvent d'apparence gracieuse, tel un signal du beau qui est voilé.
Jai gardé un lien avec l'enfant que je fus, (comme beaucoup j'espère), et peut me souvenir de mon regard d'enfant qui perçoit "le beau". On n'est pas alors dans la séduction que peut avoir un parent sur son enfant. C'est autre chose. Le beau a une fore qui "soulève l'enfant" de telle sorte qu'il semble que la force du beau puisse faire des miracles sur un enfant troublé psychologiquement. Mais on dirait que ce "beau" agissant ne peut percer le voile que par moments, des moments de grâce mais qui peuvent renforcer durablement le mental. Ensuite il y a ce que nous appelons les "miracles", et là, il s'agit d'une métamorphose de l'être, d'un bouleversement. Signe fort plus qu'une élection à mon sens. Si l'on n'y voit qu'une élection, le signe perd de sa force. Je pense que Walter Benjamin est d'accord avec moi sur ce point.
"La mémoire est purifiée par la confession, l'esprit par la lecture, l'élan affectif ou la volonté par la prière."
Il s'agit de Bernard de Clairveaux, dans l'extrait du jour du site Jubilate Deo.
L'idée du "beau" m'est venue à la lecture que j'ai faite ce matin de quelques lignes de Walter Benjamin qui aborde ce thème. Il pense que nombre de philosophes réduisent le beau à une apparence, or la belle apparence est pour Walter Benjamin, une sorte de signal du beau, lequel ne peut-être que voilé par la belle apparence. C'est d'une "complexitude" dont j'entrevois quelque chose, grâce à un récit de l'évangile où le Christ apparaît à quelques apôtres aux côtés des premiers prophètes sur un Mont célèbre dont le nom m'échappe. La beauté de Jésus se révèle. Mais elle doit retrouver son voile bien vite. C'est vrai que les saints sont souvent d'apparence gracieuse, tel un signal du beau qui est voilé.
Jai gardé un lien avec l'enfant que je fus, (comme beaucoup j'espère), et peut me souvenir de mon regard d'enfant qui perçoit "le beau". On n'est pas alors dans la séduction que peut avoir un parent sur son enfant. C'est autre chose. Le beau a une fore qui "soulève l'enfant" de telle sorte qu'il semble que la force du beau puisse faire des miracles sur un enfant troublé psychologiquement. Mais on dirait que ce "beau" agissant ne peut percer le voile que par moments, des moments de grâce mais qui peuvent renforcer durablement le mental. Ensuite il y a ce que nous appelons les "miracles", et là, il s'agit d'une métamorphose de l'être, d'un bouleversement. Signe fort plus qu'une élection à mon sens. Si l'on n'y voit qu'une élection, le signe perd de sa force. Je pense que Walter Benjamin est d'accord avec moi sur ce point.
lundi 18 mai 2015
La fierté - la honte
La fierté, la honte, ce sont des sentiments qui découlent d'une culture ? Les animaux peuvent-ils les éprouver ? Ces deux sentiments faisaient fortement partie de mon enfance. Par le passé, j'étais fière de choses assez insignifiantes, de mon point de vue aujourd'hui, et j'avais honte de choses qui n'auraient pas dû me faire éprouver de honte. Excepté une fois, où j'ai emprisonné dans un bocal une libellule, afin d'épater ma prof de sciences, qui nous avait réclamé des insectes. J'avais une douzaine d'années. Je vois encore les yeux de l'insecte, étouffé dans le bocal de verre. Le sentiment de honte mélangé de consternation que j'ai éprouvé, à la vue de ma prisonnière était salvateur. Je n'ai jamais recommencé. Mais en général, je réagissais par ces sentiments honte/fierté en connexion avec le regard de mes proches dont je dépendais, dont ma vie dépendait, cette interconnexion configurait cet univers moral un peu exigu au regard surtout des choses plus importantes ignorées du même coup ; comptait avant tout le sentiment d'exister à leurs yeux. J'ai passé le cap depuis longtemps des ressentis, en général primaires, "honte-fierté". Une phase par laquelle il a fallu passer pour accéder à une autre forme de conscience. Ce qui compte à mes yeux est le respect de soi, le respect de l'autre passant par le respect de soi. L'amour pour moi, est une énergie qu'on à encore, et c'est un luxe ! ou plus... par épuisement ou autre. Le respect n'a pas à voir avec l'énergie, c'est un état de conscience qui s'affine et qu'on est libre d'approfondir jusqu'à la transcendance de sentiments primaires comme la honte à mauvais escient, éprouvée par crainte du rejet de l'autre, égoïsme infantile de survie lorsqu'on est encore dépendant de ses parents.
samedi 16 mai 2015
Le pot d'aromatiques
Un pot plutôt grand, sur roulettes, j'y ai mis du terreau horticole, ajouté une terre noire "or brun" pour l'enrichir, et y ai placé un plant de basilic très odorant, un autre de thym, et enfin un plant de mélisse. Le tout, bio. Il y a un réceptacle à eau au fond du pot, pas besoin de soucoupe. Je le fais rouler : pas de problème. Il n'y avait plus qu'à l'amener au service hospitalier où se trouve Samuel. J'ai été accueillie par l'infirmière qui est toujours d'égale gentillesse. Au top. "C'est le mini jardin de Samuel. Lui ai-je dit, — Je sens le parfum. Ça sent bon. Merci pour lui." m'a-t-elle répondu. Elle avait l'air content.
vendredi 15 mai 2015
jeudi 14 mai 2015
Paroles
"Encore des mots, toujours des mots, rien que des mots..." chantait Dalida. Mais contrairement à ce qu'affirme la chanson, les mots ne comptent pas pour rien. Ils peuvent blesser à mort pour peu que l'on soit fragile comme un enfant, ne jamais s'oublier malheureusement. Par contre, arrivé au stade adulte, ne pas prendre de la distance avec les mots trahit peu ou prou à mon sens un manque de caractère dès lors qu'ils n'impliquent pas de conséquences politiques graves sur le destin des êtres. Catherine Deneuve aurait dit des choses sur Dunkerque, pas à la gloire des habitants : qui s'adonneraient à la boisson pour bon nombre d'entre eux, à force de s'ennuyer a-t-elle déclaré. Et le ciel de Dunkerque dégagerait une lumière terne. Ensuite elle est revenue sur ces propos afin de calmer les esprits qu'elle avait ainsi échaudés en affirmant "que ce sont de toutes petites choses". De toutes petites choses peuvent-elles en cacher de plus grandes ? Si c'est le cas, relativiser est toujours le meilleur parti à prendre car rien ne sert de basculer dans des problèmes existentiels à l'image peut-être de ceux qui profèrent certaines paroles.
J'ai entendu à la radio hier vers onze heures midi que l'on voyait des spectacles de croisette ignobles à Cannes. Des fans, par exemple, jouant les chiens fous en courant, appareil photo à portée d'œil, après des taxis qui circulent à vitesse accessibles pour leurs cannes fébriles, sans connaître les personnes se trouvant à l'intérieur du véhicule, "juste au cas où ce serait une personne célèbre." Ils ne sont pas même paparazzi, rien à gagner point de vue argent, c'est au cas où la personne serait célèbre... rien à gagner en effet mais tout à perdre au point de vue de la dignité.
Donc il n'y a pas qu'à Dunkerque que l'on voit des choses reloues bien évidemment. Relativisons.
Et moi je profite de la liberté que me laisse ma non-célébrité pour accomplir autant que faire se peut mon travail de citoyenne de la démocratie participative. Non-célébrité jouissive, qui s'ouvre sur une plus grande respiration. Car, preuve en est avec Deneuve, c'est dur à assumer le statut de star : dès qu'elle s'exprime on veut étouffer sa parole, la couler, cette dame, dans un moule à approuver ce qui doit officiellement l'être. Prison dorée en somme. Mais bon, là encore, relativisons, il vaut mieux cela que vivre le calvaire du SDF. C'est bien là que réside le vrai scandale : le calvaire du SDF, parmi d'autres calvaires que je ne tiens pas à passer en revue.
J'ai entendu à la radio hier vers onze heures midi que l'on voyait des spectacles de croisette ignobles à Cannes. Des fans, par exemple, jouant les chiens fous en courant, appareil photo à portée d'œil, après des taxis qui circulent à vitesse accessibles pour leurs cannes fébriles, sans connaître les personnes se trouvant à l'intérieur du véhicule, "juste au cas où ce serait une personne célèbre." Ils ne sont pas même paparazzi, rien à gagner point de vue argent, c'est au cas où la personne serait célèbre... rien à gagner en effet mais tout à perdre au point de vue de la dignité.
Donc il n'y a pas qu'à Dunkerque que l'on voit des choses reloues bien évidemment. Relativisons.
Et moi je profite de la liberté que me laisse ma non-célébrité pour accomplir autant que faire se peut mon travail de citoyenne de la démocratie participative. Non-célébrité jouissive, qui s'ouvre sur une plus grande respiration. Car, preuve en est avec Deneuve, c'est dur à assumer le statut de star : dès qu'elle s'exprime on veut étouffer sa parole, la couler, cette dame, dans un moule à approuver ce qui doit officiellement l'être. Prison dorée en somme. Mais bon, là encore, relativisons, il vaut mieux cela que vivre le calvaire du SDF. C'est bien là que réside le vrai scandale : le calvaire du SDF, parmi d'autres calvaires que je ne tiens pas à passer en revue.
mercredi 13 mai 2015
Francophonissime
Dans ce vieux jeu pas du tout vieux jeu, on apprend de la bouche d'un célèbre linguiste que le mot "mine" est d'origine celte. En breton "mine" signifie bec ou museau, ensuite cela s'élargit à l'apparence du visage. Je vois le rapport avec "grise mine" mais pas avec "descendre à la mine" ou faire sauter une mine. Peut-être y-a-t-il différentes origines à ce mot, selon le sens qu'il a ? À vérifier.
À propos de mine. J'ai vu la série qui s'est terminée hier sur le bassin minier du Pas-de-Calais, que j'ai trouvée réussie, bien jouée aussi. Du bon cinéma. Témoignage discret à la fin, selon lequel le mineur tire de la fierté à travailler à la mine. De mon point de vue, le travail est si difficile et dangereux pour la santé que d'aucuns parmi les dirigeants poussaient à héroïser des hommes afin qu'ils sacrifient plus facilement leur santé au profit de la société qui avait besoin de charbon. Les sacrifices me heurtent personnellement et en même temps, chapeau bas : le sacrifice des poilus, le sacrifice du Christ selon les chrétiens, le sacrifice des mineurs... le sacrifice de ceux qui vont nettoyer une zone radioactive.
J'allais presque oublier le vieux jeu pas vieux jeu que j'étais venue vous présenter. Ici :
https://www.youtube.com/watch?v=0LFGRcFjlL8
À propos de mine. J'ai vu la série qui s'est terminée hier sur le bassin minier du Pas-de-Calais, que j'ai trouvée réussie, bien jouée aussi. Du bon cinéma. Témoignage discret à la fin, selon lequel le mineur tire de la fierté à travailler à la mine. De mon point de vue, le travail est si difficile et dangereux pour la santé que d'aucuns parmi les dirigeants poussaient à héroïser des hommes afin qu'ils sacrifient plus facilement leur santé au profit de la société qui avait besoin de charbon. Les sacrifices me heurtent personnellement et en même temps, chapeau bas : le sacrifice des poilus, le sacrifice du Christ selon les chrétiens, le sacrifice des mineurs... le sacrifice de ceux qui vont nettoyer une zone radioactive.
J'allais presque oublier le vieux jeu pas vieux jeu que j'étais venue vous présenter. Ici :
https://www.youtube.com/watch?v=0LFGRcFjlL8
mardi 12 mai 2015
Un film très court pour exhorter les gens à aller travailler en vélo
lundi 11 mai 2015
Godin : une utopie réalisée. Cela s'est passé en Picardie, à quelques km de Saint Quentin. Etonnant !
C'est ici : https://www.youtube.com/watch?v=U1sGGtG0PeQ
Une acrobate et des joueurs de tambour tournoyant dans les airs, ce spectacle arrive un peu après la moitié du film : https://www.youtube.com/watch?v=Oq7zkb91RGs
Une acrobate et des joueurs de tambour tournoyant dans les airs, ce spectacle arrive un peu après la moitié du film : https://www.youtube.com/watch?v=Oq7zkb91RGs
L'extrait ESSAI 1 Walter Benjamin 1922-1934
Mais, plus signifiant que ces formules qui cherchent en vain, dans le royaume d'une "sereine liberté rationnelle", ce royaume de Dieu où vivent ceux qui aiment, en elle-même et pour elle-même "affinité" est bien le meilleur terme imaginable pour définir exactement, dans sa valeur comme dans ses fondements, le lien le plus intime qui puisse unir des hommes. Et, dans le mariage il devient assez fort pour rendre littéral le métaphorique. Le choix ne peut en rien le renforcer et surtout l'élément spirituel d'une telle affinité ne saurait se fonder sur le choix. Mais cette prétention, qui ressemble à une révolte, dénonce irréfutablement l'ambiguïté d'un terme qui, en même temps que la réalité saisie dans l'acte, ne laisse pas de désigner aussi l'acte d'élire. Chaque fois que l'affinité devient l'objet d'une décision, elle transcende le niveau de l'élection. (NP : transcender ici dans son sens ordinaire : dépasser, être d'un ordre supérieur. De mon point de vue cela signifie que si l'affinité conduit à une décision, le choix, c'est-à-dire l'élection, n'est plus de mise.) Pour fonder la fidélité, la décision annihile l'élection ; celle-là (NP : la décision), non celle-ci (NP : l'élection) est inscrite au grand livre de la vie. Car l'élection est naturelle et peut appartenir aussi aux éléments : la décision est transcendante. — Ajoutons que, si le mariage, dans le livre de Gœthe, est plus fort que l'amour, c'est que cet amour n'a pas encore le plus haut droit. Jamais cependant à ce mariage déclinant l'auteur n'a voulu accorder une particulière légitimité. En aucun sens le mariage ne constitue le centre du roman. Comme d'innombrables critiques, Hebbel se trompe du tout au tout lorsqu'il écrit : "Dans les Affinités électives, Gœthe a laissé de côté tout un aspect du mariage. Certes, il indique, sur le plan du raisonnement, l'importance du mariage pour l'Etat et pour l'humanité, mais le récit est bien loin de la mettre en lumière de façon évidente, ce qui eût été possible cependant et aurait de beaucoup renforcé l'impression produite par l'ensemble du livre."
Walter Benjamin
Walter Benjamin
dimanche 10 mai 2015
Une sacrée baignoire
L'histoire du 10 mai du livre paru en 2014 sous le titre 365 histoires avant de s'endormir, s'intitule La baignoire aux cochons. Elle est très courte, mais là encore une revendication écologique qui n'est pas pour me déplaire s'y love, par amour de la vie :
"Comme chaque année, toute la famille part en vacances à la campagne. Mais pas n'importe où ! Dans un endroit bien caché, avec des bois, des prés, des étangs, et surtout des animaux en liberté ! C'est ce qui plaît le plus à Julien et Lucie. Et pour rien au monde, ils n'iraient en vacances ailleurs que chez pépé Jean. Il faut dire que c'est un grand-père génial. Il est toujours de bonne humeur ; on peut lui demander n'importe quoi, comme de fabriquer des flèches, une cabane ou une carriole : il dit toujours oui, même si c'est l'heure de la sieste. Mais ce que Julien et Lucie aiment par dessus tout, c'est garder les cochons avec lui. Oui, les cochons ! Parce que pépé dit que les animaux ont comme nous, qu'ils n'aiment pas être enfermés, surtout à trois mille dans un bâtiment sinistre, et qu'ils ont besoin de Soleil et d'air pur. "Mais ils vont se sauver, tes cochons, si tu ouvres la porte ! s'est inquiété Julien, la première fois qu'ils sont venus chez lui.
— Pour aller où, mon petit ? Il n'y a pas un endroit où ils seraient aussi heureux que chez moi, et ils le savent bien."
Alors, tous les après-midi, Julien, Lucie, pépé Jean et les deux cochons s'en vont par les prés et les bois, grappillant ici des mûres, là des fraises sauvages. Ces derniers fouillent la terre pour trouver des vers, leur régal ! Et dès qu'ils arrivent en vue de l'étang, ils partent comme des fusées vers la rive. Et plouf ! Dans l'eau ! Et que je me roule, et que je grogne de plaisir, et que je m'éclabousse ! Quel spectacle !"
C'est trognon non ?
"Comme chaque année, toute la famille part en vacances à la campagne. Mais pas n'importe où ! Dans un endroit bien caché, avec des bois, des prés, des étangs, et surtout des animaux en liberté ! C'est ce qui plaît le plus à Julien et Lucie. Et pour rien au monde, ils n'iraient en vacances ailleurs que chez pépé Jean. Il faut dire que c'est un grand-père génial. Il est toujours de bonne humeur ; on peut lui demander n'importe quoi, comme de fabriquer des flèches, une cabane ou une carriole : il dit toujours oui, même si c'est l'heure de la sieste. Mais ce que Julien et Lucie aiment par dessus tout, c'est garder les cochons avec lui. Oui, les cochons ! Parce que pépé dit que les animaux ont comme nous, qu'ils n'aiment pas être enfermés, surtout à trois mille dans un bâtiment sinistre, et qu'ils ont besoin de Soleil et d'air pur. "Mais ils vont se sauver, tes cochons, si tu ouvres la porte ! s'est inquiété Julien, la première fois qu'ils sont venus chez lui.
— Pour aller où, mon petit ? Il n'y a pas un endroit où ils seraient aussi heureux que chez moi, et ils le savent bien."
Alors, tous les après-midi, Julien, Lucie, pépé Jean et les deux cochons s'en vont par les prés et les bois, grappillant ici des mûres, là des fraises sauvages. Ces derniers fouillent la terre pour trouver des vers, leur régal ! Et dès qu'ils arrivent en vue de l'étang, ils partent comme des fusées vers la rive. Et plouf ! Dans l'eau ! Et que je me roule, et que je grogne de plaisir, et que je m'éclabousse ! Quel spectacle !"
C'est trognon non ?
Le créateur
Walter Benjamin parle d'un critique littéraire qui affirme "qu'un écrivain crée des âmes", ce qui pose problème à ce philosophe et à d'autres. Pour lui, dans les Affinités électives, Gœthe se livre à une évocation magique, mais ne crée pas d'âmes. Si je me souviens de ma lecture de Bernanos, ses deux Mouchettes sont des personnages qui ont pris figure sous l'inspiration d'êtres existants.
La Mouchette un, finit par tuer un homme qui voulait abuser d'elle si mes souvenirs sont bons, et le curé du village, que Bernanos représente comme un saint veut sauver son âme de l'esprit criminel qui s'est emparé d'elle.
La Mouchette deux, maltraitée par les habitants du village qui sont sournois et nuisibles à son égard, se suicide.
En fait Bernanos, non seulement ne crée pas d'âmes mais "se contente" de témoigner, donc part de tragédies qu'il ne crée pas et sur lesquelles il médite à mon sens à travers une fiction.
Le mythe du créateur parlant d'art et de littérature, effectivement, à mes yeux également... c'est assez relou.
La Mouchette un, finit par tuer un homme qui voulait abuser d'elle si mes souvenirs sont bons, et le curé du village, que Bernanos représente comme un saint veut sauver son âme de l'esprit criminel qui s'est emparé d'elle.
La Mouchette deux, maltraitée par les habitants du village qui sont sournois et nuisibles à son égard, se suicide.
En fait Bernanos, non seulement ne crée pas d'âmes mais "se contente" de témoigner, donc part de tragédies qu'il ne crée pas et sur lesquelles il médite à mon sens à travers une fiction.
Le mythe du créateur parlant d'art et de littérature, effectivement, à mes yeux également... c'est assez relou.
samedi 9 mai 2015
Relativiser
Il faut savoir relativiser, ne pas se laisser contrarier par des futilités. Les courses me stressent, et ça ne s'arrange pas avec le temps. Aujourd'hui particulièrement. Et alors ? Un paquet de semences perdu, dix de etc. Le paquet de semences de fleurs en question n'a pas été retrouvé lorsque, rentrée à la maison, j'ai rangé les provisions de la semaine. Sous l'effet de la contrariété j'ai revu le minois de la caissière à qui j'avais eu affaire. Je l'avais choisie parce qu'il n'y avait pas de file d'attente à sa caisse, la voyant je me suis souvenue du client qui lui avait déclaré haut et fort à une période de carnaval "j'admire votre beauté", à quoi la jeune femme avait répondu un simple "merci"*, humble et sérieux. Que je n'avais pas interprété à l'époque, mais qui avait suscité une certaine considération de ma part car j'avais pu constater que la fille, arborant une moustache de chat dessinée d'un trait noir, recourbé en boucle de chaque côté, ne se la jouait pas mégalo, ce qui est reposant pour les autres à mon sens. Maintenant que je lui reproche d'être allée trop vite, de m'être fait me dépêcher au point que je ne me rappelle plus d'avoir eu en main, une fois à la caisse, le petit paquet de graines, à peine plus grand et épais qu'une carte d'identité, elle m'agace. Pas que je sois grippe-sous mais c'est râlant de perdre bêtement quatre euros soixante et surtout j'avais envie de voir pousser ces fleurs. Je projette de boire un déca à une terrasse avec mon précieux livre du moment en guise de consolation. Mais d'abord, je suis retournée à la grande surface espérant que l'hôtesse m'en proposerait un autre en voyant mon ticket de caisse, gage que j'avais bien payé l'article. Elle pouvait toujours s'imaginer que j'en voulais deux pour le prix d'un, ou autre chose. Elle me dit " "Il sera passé par les interstices du caddy." Je lui réponds "Non, je ne pense pas. Il faudrait surtout que les caissières arrêtent le tapis quand il est plein. Bonne journée quand même." Je suis allée en acheter un autre, et enfin me suis dirigée vers le lieu où il aurait dû y avoir une terrasse. À cause des gros nuages, une seule table à laquelle étaient installés deux hommes discutant ferme, était sortie. Je m'attable à l'intérieur, relativement contrariée encore une fois et m'aperçois que parmi les babioles emportées dans mon sac, il n'y a pas le livre que je voulais lire. Même pas de gros soupir. De la résignation puis de l'inquiétude. Je l'aurais égaré comme le paquet de semences, ce livre ? Je rentre en appuyant énergiquement, sur les pédales. Perdre un livre qu'il faut rendre à la bibliothèque, bonjour les ennuis ! C'est bien plus ennuyeux que la perte d'un paquet de semences. De plus, en recopient des pages et des pages de propos philosophiques de l'auteur du livre en question, que je trouvais trop abstrait pour moi au début, j'ai fini par comprendre. Le ralenti de l'écriture fut propice à l'ouverture de mon esprit à des propos qui avaient l'air si abscons quand je les lisais de façon ordinaire. J'attendais la suite et je l'aurais perdu.... Je l'aurais perdu en retournant à la grande surface pour tenter de récupérer les graines, probablement au moment où j'étais à la machine distributrice de sachets transparents, en train d'envelopper ce que j'avais dans mon sac dans le but d'entrer dans leur antre et de m'en procurer d'autres. Le livre sera tombé. Adieu veaux, vaches.... Arrivée à la maison, je plante mon vélo, sans antivol, dans ce quartier "du Bronx" (paraît-il) contre le mur de la façade, je trouve mes clés sans peine, ouvre la porte, traverse le petit couloir, avance dans la salle, et vois sur le canapé la couverture du livre que je croyais égaré dans la poche du surveillant de la grande surface, en mal de lecture. Sourire serein de Walter Benjamin sur la photo. Quatre euros soixante de perdus mais le livre, non, et il y a la photo, toujours là. Donc, finalement, c'est une bonne journée... mais j'ai besoin d'un peu de repos et cela me relaxe beaucoup, tout en favorisant ma concentration, le ralenti de la lecture par l'écriture.
* après relecture de ce texte je me souviens qu'elle avait dit exactement "merci, c'est gentil."
* après relecture de ce texte je me souviens qu'elle avait dit exactement "merci, c'est gentil."
La poésie
La poésie pour moi, avant le texte, c'est une attitude. C'est probablement mon passage chez les catholiques, en raison de certaines déclarations de saints (nombreuses), qui y est pour quelque chose. Au-delà de la vérité, qui consiste à savoir s'ils sont dans le vrai avec cette espérance, ce qui me touche est l'intention de celui ou celle qui dit ces paroles qui vont au cœur comme un baume, qui sentent bon comme un bouquet de plantes aromatiques. Par exemple celles-ci, de Bernard de Clairvaux :
http://jubilatedeo.hautetfort.com/archive/2014/11/27/la-citation-du-jour-271-bernard-de-clairvaux-5498667.html
http://jubilatedeo.hautetfort.com/archive/2014/11/27/la-citation-du-jour-271-bernard-de-clairvaux-5498667.html
jeudi 7 mai 2015
Un livre paru en 2014 aux Editions Piccolia et imprimé en Italie
J'extrais une histoire fort plaisante de ce livre pour la jeunesse présenté comme un calendrier : à chaque jour, son histoire. J'ai aimé celle du 7 mai qui est discrètement subversive, engagée sans prise de tête contre le consumérisme. La voici, courte et belle à la fois. Elle s'intitule, Petit Pierre et la nouvelle voiture :
"Le papa de Petit Pierre a acheté une nouvelle voiture. L'ancienne marchait encore très bien, pourtant. Bien sûr, elle n'avait pas un moteur superpuissant, des lumières partout sur le tableau de bord et de la peinture métallisée, mais Petit Pierre aimait bien s'étendre sur le siège arrière en rentrant de la plage. Et puis, son chien Bimbo avait le droit d'être assis à côté de lui quand ils partaient en balade. Maintenant, tout devient plus compliqué.
Le papa de Petit Pierre n'arrête pas de crier :
"Fais attention, voyons, tu vas mettre des miettes avec ton goûter ! Et puis, essuie tes pieds avant de monter, tu vas salir la moquette !"
En plus, on ne peut pas descendre les vitres soi-même, comme dans la vieille camionnette, et on ne peut plus stationner juste devant l'école, parce que les vélos des grands risqueraient de rayer la carrosserie. Et ce pauvre Bimbo est obligé de rester à la maison maintenant ! Non, vraiment, c'est plus rigolo du tout de partir en voiture ! Avant, il n'y avait pas la radio, alors on chantait des chansons quand on partait en vacances, on faisait des paris sur la couleur de la prochaine auto qu'on allait croiser, ou bien on faisait des charades. Le pire, c'est qu'à cause d'elle, Petit Pierre n'aura pas de vélo neuf à Noël. Il paraît que l'ancien est encore tout à fait convenable ! Petit Pierre a protesté : "La vieille voiture était encore très bien, elle aussi, et elle est allée à la casse !
— Ce n'est pas pareil", a répondu papa. Ça, c'était bien une réponse de papa ! Non, vraiment, il la déteste, cette voiture, Petit Pierre !"
Fin de la courte histoire.
Le livre a ce titre pragmatique : 365 histoires avant de s'endormir
Mon commentaire : s'endormir pour faire des rêves sur l'écologie si toutes les histoires sont aussi toniques. Des rêves à ouvrir l'intelligence du cœur !
"Le papa de Petit Pierre a acheté une nouvelle voiture. L'ancienne marchait encore très bien, pourtant. Bien sûr, elle n'avait pas un moteur superpuissant, des lumières partout sur le tableau de bord et de la peinture métallisée, mais Petit Pierre aimait bien s'étendre sur le siège arrière en rentrant de la plage. Et puis, son chien Bimbo avait le droit d'être assis à côté de lui quand ils partaient en balade. Maintenant, tout devient plus compliqué.
Le papa de Petit Pierre n'arrête pas de crier :
"Fais attention, voyons, tu vas mettre des miettes avec ton goûter ! Et puis, essuie tes pieds avant de monter, tu vas salir la moquette !"
En plus, on ne peut pas descendre les vitres soi-même, comme dans la vieille camionnette, et on ne peut plus stationner juste devant l'école, parce que les vélos des grands risqueraient de rayer la carrosserie. Et ce pauvre Bimbo est obligé de rester à la maison maintenant ! Non, vraiment, c'est plus rigolo du tout de partir en voiture ! Avant, il n'y avait pas la radio, alors on chantait des chansons quand on partait en vacances, on faisait des paris sur la couleur de la prochaine auto qu'on allait croiser, ou bien on faisait des charades. Le pire, c'est qu'à cause d'elle, Petit Pierre n'aura pas de vélo neuf à Noël. Il paraît que l'ancien est encore tout à fait convenable ! Petit Pierre a protesté : "La vieille voiture était encore très bien, elle aussi, et elle est allée à la casse !
— Ce n'est pas pareil", a répondu papa. Ça, c'était bien une réponse de papa ! Non, vraiment, il la déteste, cette voiture, Petit Pierre !"
Fin de la courte histoire.
Le livre a ce titre pragmatique : 365 histoires avant de s'endormir
Mon commentaire : s'endormir pour faire des rêves sur l'écologie si toutes les histoires sont aussi toniques. Des rêves à ouvrir l'intelligence du cœur !
mercredi 6 mai 2015
Une nouvelle, incluse dans un roman.
"Les étonnants jeunes voisins", c'est le titre de la nouvelle incluse dans le roman des Affinités électives. Procédé qu'a utilisé Cervantès dans Don Quichotte. Un extrait des commentaires-analyses de Walter Benjamin à ce sujet :
"On ne peut contester que, dans l'édifice du roman, la signification de la nouvelle joue un rôle décisif. Ses détails singuliers ne s'éclairent eux-mêmes sans doute que par référence au récit principal, mais les traits qu'on a rappelés montrent suffisamment qu'en face des thèmes mythiques du roman les motifs correspondants de la nouvelle doivent être considérés comme des thèmes rédempteurs. Dans le roman, le mythe a la fonction d'une thèse ; dans la nouvelle on peut lui attribuer le rôle d'une antithèse. Le titre même est significatif. "Etonnants", oui certes, ces "jeunes voisins" le sont, surtout pour les personnages du roman qui suivent une tout autre voie, si profondément blessés soient-ils dans leurs sentiments. Cette blessure — conformément au mystère contenu dans la nouvelle et dont peut-être l'auteur lui-même n'avait pas pleine conscience —, Gœthe l'a située expressément au cœur même de son récit, sans rien lui enlever pourtant de sa signification intérieure. Tandis que, sur un mode plus faible et plus sourd, mais avec toute la grandeur qui convient à des personnages vivants, les héros du roman demeurent continûment sous le regard du lecteur, les jeunes gens qui se rejoignent à la fin de la nouvelle disparaissent, comme dans une perspective infiniment lointaine, sous l'arche d'une dernière question qui est une figure de rhétorique. Cette tendance à l'éloignement, à la disparition, ne renverrait-elle pas allusivement, sous une forme réduite, à cette béatitude dont Gœthe, plus tard, fera le thème unique de sa Nouvelle Mélusine ?"
Walter Benjamin
À propos de Mélusine, j'ai fait un tour chez Wikipédia, pour en savoir plus à son sujet ( j'avais oublié qui était au juste Mélusine en fait) :
"On ne peut contester que, dans l'édifice du roman, la signification de la nouvelle joue un rôle décisif. Ses détails singuliers ne s'éclairent eux-mêmes sans doute que par référence au récit principal, mais les traits qu'on a rappelés montrent suffisamment qu'en face des thèmes mythiques du roman les motifs correspondants de la nouvelle doivent être considérés comme des thèmes rédempteurs. Dans le roman, le mythe a la fonction d'une thèse ; dans la nouvelle on peut lui attribuer le rôle d'une antithèse. Le titre même est significatif. "Etonnants", oui certes, ces "jeunes voisins" le sont, surtout pour les personnages du roman qui suivent une tout autre voie, si profondément blessés soient-ils dans leurs sentiments. Cette blessure — conformément au mystère contenu dans la nouvelle et dont peut-être l'auteur lui-même n'avait pas pleine conscience —, Gœthe l'a située expressément au cœur même de son récit, sans rien lui enlever pourtant de sa signification intérieure. Tandis que, sur un mode plus faible et plus sourd, mais avec toute la grandeur qui convient à des personnages vivants, les héros du roman demeurent continûment sous le regard du lecteur, les jeunes gens qui se rejoignent à la fin de la nouvelle disparaissent, comme dans une perspective infiniment lointaine, sous l'arche d'une dernière question qui est une figure de rhétorique. Cette tendance à l'éloignement, à la disparition, ne renverrait-elle pas allusivement, sous une forme réduite, à cette béatitude dont Gœthe, plus tard, fera le thème unique de sa Nouvelle Mélusine ?"
Walter Benjamin
À propos de Mélusine, j'ai fait un tour chez Wikipédia, pour en savoir plus à son sujet ( j'avais oublié qui était au juste Mélusine en fait) :
Mélusine est une femme légendaire du Poitou, d'Alsace, de Lorraine, de Champagne, du Luxembourg et d'Allemagne souvent vue comme fée, et issue des contes populaires et chevaleresques du Moyen Âge. Très ancienne, elle est pour les mythologues la « mater lucina » romaine qui présidait aux naissances, ou une divinité celte, protectrice de la Font-de-Sé (fontaine de la soif). Il pourrait également s’agir de la Lyké des Grecs, de la Mélugina des Ligures ou de la Milouziena des Scythes, dont le peuple serait issu d’Héraclès et d’Échidna, elle-même a une queue de serpent et des ailes de chauve-souris. Les Scythes dits « Taïfales » auraient en effet pris pied avec l’armée romaine dans le Poitou où ils auraient fondé la ville de Tiffauges. Pour les Gaulois, elle serait plutôt une sorte de Parque du nom de Mélicine (la tisseuse), d’où le thème de la destinée, très présent dans le mythe de Mélusine.
L'une des évocations les plus anciennes de la figure de Mélusine nous vient de Walter Map (né aux alentours de 1140; † entre 1208 et 1210). Dans son livre De nugis curialium, on trouve aux côtés de contes d'origine celtique un dit nommé Henno cum dentibus (Henno à la dent)[1] qui rapporte la rencontre d'Henno avec Mélusine qui devient son épouse. La mère de Henno surprend le secret de Mélusine qui se transforme en dragon quand elle se baigne.
mardi 5 mai 2015
Carré
Nous regardons la série sur la trois, d'une histoire qui se passe dans le pays minier du Pas-de-Calais dans les années 70. C'est un cinéma plus valorisant pour les gens du pays minier que celui de Dany Boon. Les gens peuvent s'exprimer sans s'exclamer "biloute" à tout bout de champ. Se sont pour les ados, des intellectuels qui même sans le bac retombent sur leurs pattes comme des chats car ils sont très doués. La gauche et la droite dans le pays minier sont clairement délimitées, tout le monde à l'air de camper sur ses positions : d'un côté les porions flirtant avec les gens du pouvoir, ingénieurs etc., de l'autre, les prolétaires qui risquent le coup de grisou. Seul un syndicaliste semble un peu vaseux au début. Dans le pays du nord hors mines, agricole, les choses étaient plus floues. Des enfants de prolétaires allaient à l'école privée en primaire, et étaient briefés sur la bonté humaine au catéchisme. Moins conscients de la réalité des fossés entre classes sociales que ceux du pays minier, nous étions sans doute plus confiants en raison de cette relative ignorance, naïfs, et par là même, vulnérables pour ceux dont les parents faisaient l'impasse sur certains sujets, qui dans le pays minier étaient brûlants.
Une jolie histoire philosophique
Il m'arrive de consulter un vieux calendrier de Disney comme une éphéméride sauf que je ne fais s'envoler aucune page. Aujourd'hui j'ai consulté l'histoire répertoriée au 5 mai comme il se doit. Et j'ai trouvé une courte histoire pleine d'intelligence à mes yeux. De plus les éléphants sont des animaux que j'adore. Ici les éléphantes sont représentées comme des mégères. Mais nous savons comme pour La Fontaine que sous ce masque se cachent quelques humaines pas très humaines pour le coup. L'histoire s'intitule :
"Une berceuse pour Dumbo
Madame Jumbo était très triste. Plus que tout autre chose au monde, elle voulait avoir un petit rien qu'à elle. Beaucoup d'autres animaux du cirque avaient eu des bébés. Et quand elle les regardait, cela la rendait plus triste encore. Mais un jour, une cigogne lui déposa un bébé.
Ce petit éléphant était la plus adorable créature qu'elle ait jamais vue. Elle était la plus heureuse du cirque. Mais voici ce qui arriva : le bébé éternua et ses oreilles enroulées se déplièrent. Elles étaient extrêmement larges et les éléphantes n'hésitèrent pas à se moquer bien cruellement de cette infirmité.
— Au lieu de le baptiser Jumbo Junior, pourquoi ne pas l'appeler Dumbo ? dit l'une d'entre elles.
Les autres rirent de bon cœur.
Madame Jumbo ignora ces railleries et enlaça son bébé de sa trompe.
L'amour de Madame Jumbo pour son petit grandissait de jour en jour. Elle jouait à cache-cache avec lui, faisant semblant de ne pas le voir se cacher entre ses pattes. Elle lui chantait des berceuses pour l'endormir et dansait la farandole quand il se réveillait.
Un soir, Madame Jumbo trouva son petit au bord du désespoir. Elle devina que ses congénères s'en étaient encore prises à lui.
Elle le mit tendrement au lit, l'enveloppant dans ses grandes oreilles pour qu'il n' attrape pas froid.
— Ne t'occupe pas de ce que les autres disent, lui murmura-t-elle doucement. Tu vas grandir et devenir le plus beau des éléphants. Veux-tu une berceuse mon chéri ?
Dumbo hocha la tête et madame Jumbo entendit les autres éléphantes parler à voix basse dans les box voisins.
— Honnêtement, disait l'une d'elle, on croirait qu'il est le seul éléphant sur terre. Regardez comme elle le dorlote. Elle le gâte trop, beaucoup trop !
Mais Madame Jumbo s'en moquait et se mit à chanter :
Mon petit bébé, ne pleure pas,
Maman te chante une chanson,
Je sécherai tes larmes
Si quelqu'un rit de toi
Et si tu n'es pas consolé
Sache que je trouve tes grandes oreilles
On ne peut plus distinguées.
Puis elle continua à fredonner et à bercer son fils jusqu'à ce qu'il s'endorme.
Quel silence tout à coup ! Des box des éléphantes montait un léger ronflement. La berceuse de Madame Jumbo avait réussi à les endormir, elles aussi. Bon débarras et bonne nuit !"
La citation du Daily Ray ce jour, autre "éphéméride", est d'un proche de Tolkien, il enseigna la littérature anglaise à la même université que lui. Il s'agit de C.S Lewis :
Friendship is unnecessary, like philosophy, like art... It has no survival value; rather it is one of those things which give value to survival.
"Une berceuse pour Dumbo
Madame Jumbo était très triste. Plus que tout autre chose au monde, elle voulait avoir un petit rien qu'à elle. Beaucoup d'autres animaux du cirque avaient eu des bébés. Et quand elle les regardait, cela la rendait plus triste encore. Mais un jour, une cigogne lui déposa un bébé.
Ce petit éléphant était la plus adorable créature qu'elle ait jamais vue. Elle était la plus heureuse du cirque. Mais voici ce qui arriva : le bébé éternua et ses oreilles enroulées se déplièrent. Elles étaient extrêmement larges et les éléphantes n'hésitèrent pas à se moquer bien cruellement de cette infirmité.
— Au lieu de le baptiser Jumbo Junior, pourquoi ne pas l'appeler Dumbo ? dit l'une d'entre elles.
Les autres rirent de bon cœur.
Madame Jumbo ignora ces railleries et enlaça son bébé de sa trompe.
L'amour de Madame Jumbo pour son petit grandissait de jour en jour. Elle jouait à cache-cache avec lui, faisant semblant de ne pas le voir se cacher entre ses pattes. Elle lui chantait des berceuses pour l'endormir et dansait la farandole quand il se réveillait.
Un soir, Madame Jumbo trouva son petit au bord du désespoir. Elle devina que ses congénères s'en étaient encore prises à lui.
Elle le mit tendrement au lit, l'enveloppant dans ses grandes oreilles pour qu'il n' attrape pas froid.
— Ne t'occupe pas de ce que les autres disent, lui murmura-t-elle doucement. Tu vas grandir et devenir le plus beau des éléphants. Veux-tu une berceuse mon chéri ?
Dumbo hocha la tête et madame Jumbo entendit les autres éléphantes parler à voix basse dans les box voisins.
— Honnêtement, disait l'une d'elle, on croirait qu'il est le seul éléphant sur terre. Regardez comme elle le dorlote. Elle le gâte trop, beaucoup trop !
Mais Madame Jumbo s'en moquait et se mit à chanter :
Mon petit bébé, ne pleure pas,
Maman te chante une chanson,
Je sécherai tes larmes
Si quelqu'un rit de toi
Et si tu n'es pas consolé
Sache que je trouve tes grandes oreilles
On ne peut plus distinguées.
Puis elle continua à fredonner et à bercer son fils jusqu'à ce qu'il s'endorme.
Quel silence tout à coup ! Des box des éléphantes montait un léger ronflement. La berceuse de Madame Jumbo avait réussi à les endormir, elles aussi. Bon débarras et bonne nuit !"
La citation du Daily Ray ce jour, autre "éphéméride", est d'un proche de Tolkien, il enseigna la littérature anglaise à la même université que lui. Il s'agit de C.S Lewis :
Friendship is unnecessary, like philosophy, like art... It has no survival value; rather it is one of those things which give value to survival.
~ C.S. Lewis |
lundi 4 mai 2015
Le poème du jour
Les gens ne rient pas
et pourtant, chaque fois qu'ils le voient
il maintient à deux mains l'élastique de son pantalon
qui sinon, lui tomberait aux pieds,
dans le hall, dimanche après dimanche.
Ils s'imaginent à sa place,
moins mauvais que ne le pensait
la mère de ce Christ, aux manières
de femen malgré lui d'un coup effarouchée.
Les gens pensent-ils à ces paroles,
qui n'avaient rien de vague :
"Chaque fois que vous verrez un homme humilié,
je serai en lui."
Homme ou femme,
Juif ou noir. Noir et Juif.
et pourtant, chaque fois qu'ils le voient
il maintient à deux mains l'élastique de son pantalon
qui sinon, lui tomberait aux pieds,
dans le hall, dimanche après dimanche.
Ils s'imaginent à sa place,
moins mauvais que ne le pensait
la mère de ce Christ, aux manières
de femen malgré lui d'un coup effarouchée.
Les gens pensent-ils à ces paroles,
qui n'avaient rien de vague :
"Chaque fois que vous verrez un homme humilié,
je serai en lui."
Homme ou femme,
Juif ou noir. Noir et Juif.
La cymbalaire des murailles
Des scientifiques font des recherches au sujet de la délicate cymbalaire des murailles. J'en ai vu à Berck-sur-mer. Un Berckois ou une Berckoise entendra peut-être l'appel des scientifiques qui demandent que leurs graines leur soient envoyées.
Pour plus de renseignements, ici :
http://fleursetidees.blogspot.fr/
Pour plus de renseignements, ici :
http://fleursetidees.blogspot.fr/
dimanche 3 mai 2015
Promenade à Berck-sur-Mer
J'aime la fenêtre du haut à droite qui à l'intérieur laisse entrevoir le ciel. À gauche, la rue mène à la plage, bientôt la Manche. La maison est dans le centre-ville de Berck-sur-Mer qui se rapproche de la mer, à une centaine de mètres. Elle est située dans le prolongement de la rue Carnot.
Des amoureux passent, comme les anges.
J'ai fait une pause à la terrasse d'un café fermé, en face de la maison photographiée, ci-dessus. Et j'ai lu à cet endroit Walter Benjamin pendant une belle heure.
Patrick, va bientôt se rendre à la librairie, dans l'espoir de vendre beaucoup de Requiescant. Pour l'instant méditation à propos du capot de la voiture qu'on n'a pas pu soulever pour vérifier le niveau d'huile. (il voudra bien se soulever après le retour à Béthune. Sans doute le déclenchement de la manette pour ouvrir le capot ne se produisait pas parce quelle avait l'avant plongeant, stationnée en pente... malencontreux effet de pesanteur. Face à l'adversité nous gardâmes le sourire.
vendredi 1 mai 2015
Le rapport de Brodeck par Manu Larcenet d'après le roman de Philippe Claudel
Lu ce matin la BD que j'avais repérée il y a une semaine et que Patrick a ramenée à la maison hier, (il l'a achetée au Furet). Et maintenant j'attends le tome 2. Les dessins naissent d'un jeu d'ombres et de lumière. Tout est en noir et blanc, et cela fait ressortir la noirceur des âmes dont il est question dans la BD. Elle parle du traitement enduré par un homme vécu comme un étranger par les gens du village. D'emblée le massacre à eu lieu quand on entre dans la lecture. Un extrait qui a la valeur de deux bulles, il s'agit d'un bout de la déclaration du curé devenu athée à cause des camps de concentration et des gens du village qui viennent lui confesser leurs turpitudes :
"La guerre, c'est le triomphe du médiocre... le criminel reçoit l'auréole du saint et on se prosterne, on acclame... faut-il que la vie paraisse si monotone aux hommes qu'ils lui préfèrent la ruine ! Je les ai vus, tous, cheminer avec entrain sur la crête qui les sépare du gouffre... Leur yeux Brodeck... ils étaient fascinés par le vide dans lequel s'agitaient les plus viles passions... si tu les avais vus..."
De quoi méditer sur la violence.
"La guerre, c'est le triomphe du médiocre... le criminel reçoit l'auréole du saint et on se prosterne, on acclame... faut-il que la vie paraisse si monotone aux hommes qu'ils lui préfèrent la ruine ! Je les ai vus, tous, cheminer avec entrain sur la crête qui les sépare du gouffre... Leur yeux Brodeck... ils étaient fascinés par le vide dans lequel s'agitaient les plus viles passions... si tu les avais vus..."
De quoi méditer sur la violence.
Une façon différente de vivre dans un certain présent
You must live in the present, launch yourself on every wave, find your eternity in each moment.
~ Henry David Thoreau
Voilà une philosophie pas en accord de prime abord avec celle de James Ellroy qui lui, remonte le temps.... pour travailler à ses romans. Et comme il travaille presque constamment dit-il, et avec ferveur et inspiration... le présent à priori il ne s'y intéresse pas beaucoup. Se sentir en présence dans un passé bien déterminé, a à voir également avec l'instant. James Ellroy déclare ne se sentir vraiment bien que dans des constructions qu'habite l'histoire. Thoreau par contre se sent dans son élément en pleine nature où tout n'est qu'instant souvent car l'attention y est sans cesse éveillée .... exhalaison d'un parfum, et le contraire parfois : puanteur soudaine de quelque chose en putréfaction... ce qui est rare dans la nature qui sent bon le plus souvent... Respiration... oreille titillée aussi, par des trilles d'oiseaux... des feulements... des mugissements... des glapissements... ou le simple souffle du silence, rassurant ou inquiétant.... Se promener dans la forêt par exemple, de jour, oblige à prendre des précautions qui vous attachent au présent comme une ceinture de sécurité. Il s'agit d'éviter les piqûres d'insectes, d'éventuelles morsures et quelques autres désagréments comme la chute dans le piège tendu que peut représenter un serpent à l'affût. De nuit, le présent c'est encore de l'instant T à part lorsqu'on s'est enfin endormi, sinon peut se concrétiser un cauchemar propre à fabriquer du souvenir mauvais long à digérer et à s'estomper... comme celui que laisse l'attaque d'un animal sauvage. Dans la nature le présent sollicite la présence d'esprit de façon plus ou moins forte selon les conditions où l'on s'y trouve plongé(e), de l'attention à soi et à l'autre... la nature suscite le plus souvent de l'émerveillement, c'est du présent-cadeau et elle distille du savoir aussi, et là, c'est du présent à long terme. Le retour dans le passé à la James Ellroy, est-ce "du présent à long terme" qui l'habite ? ou cela tient-il de la démarche ayant pour finalité de se sentir "en présence", en ce cas c'est en fait moins une démarche que du lâcher prise, lequel requiert moins de présence à soi-même et plus d'attention à une présence d'un ordre spirituel en quelque sorte. Deux états d'esprit différents qui font appréhender le temps différemment, chez Thoreau et James Ellroy, mais ces deux états d'esprit cohabitent chez l'être humain je pense, de sorte qu'il doit y avoir du Thoreau dans Ellroy et inversement... peu ou prou mais une tendance précise prime chez l'un et l'autre. Tout est question d'équilibre.
~ Henry David Thoreau
Voilà une philosophie pas en accord de prime abord avec celle de James Ellroy qui lui, remonte le temps.... pour travailler à ses romans. Et comme il travaille presque constamment dit-il, et avec ferveur et inspiration... le présent à priori il ne s'y intéresse pas beaucoup. Se sentir en présence dans un passé bien déterminé, a à voir également avec l'instant. James Ellroy déclare ne se sentir vraiment bien que dans des constructions qu'habite l'histoire. Thoreau par contre se sent dans son élément en pleine nature où tout n'est qu'instant souvent car l'attention y est sans cesse éveillée .... exhalaison d'un parfum, et le contraire parfois : puanteur soudaine de quelque chose en putréfaction... ce qui est rare dans la nature qui sent bon le plus souvent... Respiration... oreille titillée aussi, par des trilles d'oiseaux... des feulements... des mugissements... des glapissements... ou le simple souffle du silence, rassurant ou inquiétant.... Se promener dans la forêt par exemple, de jour, oblige à prendre des précautions qui vous attachent au présent comme une ceinture de sécurité. Il s'agit d'éviter les piqûres d'insectes, d'éventuelles morsures et quelques autres désagréments comme la chute dans le piège tendu que peut représenter un serpent à l'affût. De nuit, le présent c'est encore de l'instant T à part lorsqu'on s'est enfin endormi, sinon peut se concrétiser un cauchemar propre à fabriquer du souvenir mauvais long à digérer et à s'estomper... comme celui que laisse l'attaque d'un animal sauvage. Dans la nature le présent sollicite la présence d'esprit de façon plus ou moins forte selon les conditions où l'on s'y trouve plongé(e), de l'attention à soi et à l'autre... la nature suscite le plus souvent de l'émerveillement, c'est du présent-cadeau et elle distille du savoir aussi, et là, c'est du présent à long terme. Le retour dans le passé à la James Ellroy, est-ce "du présent à long terme" qui l'habite ? ou cela tient-il de la démarche ayant pour finalité de se sentir "en présence", en ce cas c'est en fait moins une démarche que du lâcher prise, lequel requiert moins de présence à soi-même et plus d'attention à une présence d'un ordre spirituel en quelque sorte. Deux états d'esprit différents qui font appréhender le temps différemment, chez Thoreau et James Ellroy, mais ces deux états d'esprit cohabitent chez l'être humain je pense, de sorte qu'il doit y avoir du Thoreau dans Ellroy et inversement... peu ou prou mais une tendance précise prime chez l'un et l'autre. Tout est question d'équilibre.
Inscription à :
Articles (Atom)