"On ne peut contester que, dans l'édifice du roman, la signification de la nouvelle joue un rôle décisif. Ses détails singuliers ne s'éclairent eux-mêmes sans doute que par référence au récit principal, mais les traits qu'on a rappelés montrent suffisamment qu'en face des thèmes mythiques du roman les motifs correspondants de la nouvelle doivent être considérés comme des thèmes rédempteurs. Dans le roman, le mythe a la fonction d'une thèse ; dans la nouvelle on peut lui attribuer le rôle d'une antithèse. Le titre même est significatif. "Etonnants", oui certes, ces "jeunes voisins" le sont, surtout pour les personnages du roman qui suivent une tout autre voie, si profondément blessés soient-ils dans leurs sentiments. Cette blessure — conformément au mystère contenu dans la nouvelle et dont peut-être l'auteur lui-même n'avait pas pleine conscience —, Gœthe l'a située expressément au cœur même de son récit, sans rien lui enlever pourtant de sa signification intérieure. Tandis que, sur un mode plus faible et plus sourd, mais avec toute la grandeur qui convient à des personnages vivants, les héros du roman demeurent continûment sous le regard du lecteur, les jeunes gens qui se rejoignent à la fin de la nouvelle disparaissent, comme dans une perspective infiniment lointaine, sous l'arche d'une dernière question qui est une figure de rhétorique. Cette tendance à l'éloignement, à la disparition, ne renverrait-elle pas allusivement, sous une forme réduite, à cette béatitude dont Gœthe, plus tard, fera le thème unique de sa Nouvelle Mélusine ?"
Walter Benjamin
À propos de Mélusine, j'ai fait un tour chez Wikipédia, pour en savoir plus à son sujet ( j'avais oublié qui était au juste Mélusine en fait) :
Mélusine est une femme légendaire du Poitou, d'Alsace, de Lorraine, de Champagne, du Luxembourg et d'Allemagne souvent vue comme fée, et issue des contes populaires et chevaleresques du Moyen Âge. Très ancienne, elle est pour les mythologues la « mater lucina » romaine qui présidait aux naissances, ou une divinité celte, protectrice de la Font-de-Sé (fontaine de la soif). Il pourrait également s’agir de la Lyké des Grecs, de la Mélugina des Ligures ou de la Milouziena des Scythes, dont le peuple serait issu d’Héraclès et d’Échidna, elle-même a une queue de serpent et des ailes de chauve-souris. Les Scythes dits « Taïfales » auraient en effet pris pied avec l’armée romaine dans le Poitou où ils auraient fondé la ville de Tiffauges. Pour les Gaulois, elle serait plutôt une sorte de Parque du nom de Mélicine (la tisseuse), d’où le thème de la destinée, très présent dans le mythe de Mélusine.
L'une des évocations les plus anciennes de la figure de Mélusine nous vient de Walter Map (né aux alentours de 1140; † entre 1208 et 1210). Dans son livre De nugis curialium, on trouve aux côtés de contes d'origine celtique un dit nommé Henno cum dentibus (Henno à la dent)[1] qui rapporte la rencontre d'Henno avec Mélusine qui devient son épouse. La mère de Henno surprend le secret de Mélusine qui se transforme en dragon quand elle se baigne.
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