Wikipédia nous dit que dans la Nef des fous, se trouvaient représentés des hommes du clergé notamment, surtout peut-être, car à l'époque ils avaient beaucoup plus de pouvoir à travers toute l'Europe qu'aujourd'hui ; Bosch les stigmatise dans son tableau en tant qu'êtres ayant failli à leur mission, n'ayant pas respecté les codes, fait ce qu'on attendait d'eux, ils ne faisaient pas ce qu'ils disaient, selon la même observation que Jankélévitch qui en déduit : regarde ce qu'ils font, n'écoute pas ce qu'ils disent. Les gens dits fous de la période Bosch, sont ceux qui ont eu la faiblesse de trahir les attentes, prêcher la vertu mais n'être pas vertueux, la morale sans être eux-mêmes moraux... accusés d'aller dans des excès de toutes sortes, ce qui n'est pas sans rappeler le problème aujourd'hui, soulevé fort à propos, du consumérisme et du mercantilisme. Les carnavaleux de l'époque riaient du rire qui raille les vices et non les êtres affirmaient-ils peut-être un peu en présumant de leurs forces mentales d'ailleurs ? C'est une question qui me vient. On brûle symboliquement le mal mais parfois du symbole à la personne il n'y a qu'un petit pas, qu'ils ne franchissaient pas sans doute, la nef symbolique suffisant certainement à la catharsis ; le clergé de l'époque par contre carbonisait à l'occasion la ou les sorcière(s) du coin. Le peuple de cette période, moins cruel que son clergé vis-vis de celui-ci, ne le fait que symboliquement avec les curés et les religieuses qui deviennent pour le coup, et malgré tout, le mal à la limite extrême de l'incarné, ce qui ne devait pas plaire à Diderot, qui lui, éprouverait plutôt — de façon plus mâture ou plus indulgente ? car la compréhension et donc la compassion a ses limites quand les victimes souffrent trop — une sorte d'empathie finalement pour la religieuse qu'il perçoit comme honteusement incarcérée. Quand il suppute que certaines d'entre elles s'adonnent au sexe, il trouve juste malheureux que le sexe soit vécu comme un vice (mais bon, les partouzes à tout crin, n'est-ce pas un peu dissolu aussi ?) Les sentiments ne sont pas les mêmes, du moyen-âge au dix-huitième. Le besoin de repères clairs est plus fort au moyen-âge, du moins dans la région flamande mais je crois un peu au-delà, où apparemment il fallait dire ce qu'on était sans biaiser, la religieuse se devant donc de tenir parole. Pour autant le peuple reste mesuré puisqu'il s'en tient aux symboles sans dresser aucun bûcher, une façon somme toute sophistiquée de distinguer le mal qui habite l'être, de l'être lui-même, nuance de taille, les curés et les religieuses ne sont par là pas loin d'être potentiellement considérés comme des victimes par ce peuple, des victimes trop faibles pour résister au mal qui les font agir de façon absurde, que l'on fait semblant de prendre pour des fous, en guise de rappel à l'ordre de la part du peuple, le fou étant le repoussoir. De leur Moyen-âge, les aïeux s'ils nous voyaient considèreraient par le même ordre d'idées comme fous plutôt, désormais, les politiques qui se montrent les marionnettes des banquiers sans tenir leur parole vis-à-vis du peuple. Comme eux, ne les faisons pas brûler pour de vrai sur les bûchers, mais raillons leur manque de vertu quand ils trahissent. L'absurde pointé comme tel par les gens du moyen-âge est totalement négatif, ceux qui le pointent dénoncent quelque chose de répréhensible... nous sommes revenus à une période où le besoin de repères se fait cruellement sentir comme à cette époque -là, ne trouvez-vous pas ?
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