samedi 28 février 2015

La lecture



Photo trouvée sur mon facebook, laissée par Salem. Il a beaucoup de dignité ce petit singe n'est-ce pas ?
 
J'en suis arrivée à la page soixante de L'Education sentimentale. Je ne suis pas loin d'éprouver de la compassion pour Frédéric Moreau. Car pourquoi est-il si creux au fond ? Parce qu'il est livré à lui même sans y être préparé. Un de ses anciens camarades de lycée par contre a organisé sa vie comme du papier à musique, le soir il prend "sa demi tasse" au café machin, il a une bonne amie ouvrière (précise effectivement Flaubert) qui l'aime de tout son cœur (d'après les observations de Victor Hugo, en certains cas que l'on peut supputer nombreux, à la fin des études la petite ouvrière est vertement abandonnée et le futur notaire ou avocat s'en retourne prendre femme de même milieu que le sien dans sa province natale, prêt à servir la République.) Frédéric Moreau s'abstient, seul l'amour d'une élégante est à même de le combler (ouvriers presque aussi maltraités que l'étaient les Noirs à cette époque.) Mais tout cela n'est-il pas illusion, est-ce si profond, concernant le sentiment amoureux de Frédéric ? C'est vrai que ce qui paraît plus solide chez Frédéric, c'est sa capacité à l'amitié profonde, généreuse. Cela néanmoins ne lui fournit toujours pas de cause à servir, en laquelle il aurait foi, de ce fait il est essentiellement préoccupé de paraître dans le monde pour y trouver une éventuelle assise,  de même il a des "apparitions" d'êtres ayant indiscutablement  leur place dans la société, soit, concernant les femmes parce qu'elles sont dans le confort d'une vie où peut s'épanouir leur beauté et leur élégance  ou concernant les hommes parce qu'ils ont leurs aises eux aussi et sont pleinement reconnus par le biais d'un statut enviable qui leur vaut moult relations "flatteuses". Frédéric flotte, désœuvré, tel un petit bouchon sur des eaux mouvementées... d'où la compassion.
 
Flaubert peint une société, des scènes de la vie courante d'alors s'insérant  dans les événements politiques,  d'où surgissent des ambiances. L'état d'esprit des gens de  l'époque était différent. Concernant les Noirs par exemple, on ne sent pas une grande prise de conscience de la condition qu'ils subissaient alors,  non plus une sensibilité à l'esthétique noire. Le temps a fini par agir en faveur d'une certaine prise de conscience. Quelle patience il faut ! n'est-ce pas ?

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