samedi 28 février 2015

Le livre à rendre

Je dois rendre L'Education sentimentale à la bibliothèque municipale incessamment sous peu, d'où qu'il a une priorité de lecture. J'ai aimé la préface, un lecteur averti en vaut deux quand l'homme ou la femme de lettres qui l'ont écrite connaissent à fond leur sujet comme c'est le cas ici. Après lecture de celle-ci j'étais en effet avertie de la veulerie du personnage du roman, Frédéric Moreau. Le jeune homme commence par tomber amoureux dès le début du livre, dans l'exaltation des pensées que sa belle lui inspire  lui vient l'idée de  prendre la place du cocher, serviteur de la maison familiale, et de fouetter énergiquement les chevaux,  moins pour les faire courir plus vite que pour évacuer une sorte de trop plein d'inspiration amoureuse. Flaubert décrit ensuite des chevaux exténués et boitant. Le préfacier avertit  que Flaubert, volontairement,  ne prend pas forcément de distance suffisante avec Frédéric Moreau, son  personnage, pour que la distinction entre les deux puisse être clairement faite parfois par un lecteur non averti. Dès le début le personnage m'inspira cette pensée que snobisme et  lourdeur d'esprit sont tout un, la veulerie  ou ploucardise de Frédéric Moreau se confondant avec son snobisme. Du coup ce serait trop bête de le confondre avec l'auteur  ! 
 
Voilà qui commence bien, j'entends déjà les connaisseurs se récrier à la lecture de mes humbles lignes sur le début du roman L'Education sentimentale : "Tout de suite des jugements de valeur !" Je ne dirais pas cela quant à moi. Pour commencer "jugement de valeur"  que cela signifie-t-il  au fond ? Sinon pour ma part de parler d'une perception, en l'occurrence,  de lourdeur d'esprit, chez un personnage, perception que je ne peux m'empêcher d'avoir ou sentiment dans l'acception "impression". Par contre j'ai aussi reconnu la grande plume de l'écrivain. Dès lecture de ces premières lignes, j'ai vu le  poète averti dans la  traduction des perceptions qu'il a de son environnement paysager. Ces perceptions seraient d'après le préfacier le reflet des états d'âmes de Frédéric Moreau. Probablement par la suite. Mais dans les premières pages c'est bien Flaubert qui traduit sa propre vision de paysages, il ne s'est pas encore mis dans la peau de Frédéric Moreau... du beau texte c'est quoi ? Une mise en mots juste, sensible des choses si bien que le lecteur puisse les sentir à son tour, voir un espace  s'ouvrir et y respirer. Cela un écrivain comme Flaubert sait  faire. Enfin, si Frédéric Moreau continue comme cela,  je sens aussi qu'il pourrait bien plomber le paysage. Courage lecteurs et lectrices ! Il faut souffrir pour apprendre jusqu'où ne peut pas aller la tolérance !


Autre lecture après détour par ma  boite mails :

People take different roads seeking fulfillment and happiness. Just because they're not on your road doesn't mean they've gotten lost.
Les gens prennent différentes routes à la recherche de l'épanouissement et du bonheur. Cela ne signifie pas qu'ils se soient perdus juste parce qu'ils ne sont pas sur votre route.

Citation du Dalaï Lama le quatorzième.

Ma critique (constructive) à propose de cette citation est que l'idée de bonheur change à mesure que notre maturité d'esprit  rend plus clairvoyant. Ne pas considérer d'autres comme perdus parce que leur quête de bonheur n'est pas la même, ne prend pas grand sens pour moi du fait que le bonheur de l'un peut-être éventuellement  vu à juste titre comme une calamité par quelqu'un d'autre. Si quelqu'un s'estime heureux durant huit heures à jouer à des  jeux vidéos par exemple... vous voyez ce que je veux dire ?  Je crois en effet que parfois l'on peut se croire heureux et être en réalité dans une sorte d'enfer....  par besoin d'échapper à une réalité trop dure. 
 
Autre lecture, un petit passage de Hemann Hesse lu dans Jubilate Deo. Philosophique et mystique à la fois. Je suis sensible à la prose de cet écrivain.  Voici ces lignes :
 
"Aux gens heureux nous n'avons rien à dire, nous autres. Pour qu'un homme éprouve le besoin de la rédemption et de la foi rédemptrice, pour qu'il ne trouve plus de joie dans la sagesse et l'harmonie de ses pensées et pour qu'il assume le grand risque de croire au miracle de la rédemption, il faut d'abord qu'il connaisse le malheur, un très grand malheur, il lui faut l'expérience de la douleur et de la déception, de l'amertume et du désespoir, il faut que l'eau lui soit montée jusqu'à la gorge."
Hermann Hesse, Le jeu des perles de verre (coll. Livre de Poche/LGF, 2002)


 


 
 
  

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