lundi 2 février 2015

Étrange

Hier j'ai regardé une émission où l'étrange le dispute à plus étrange encore. C'est le monde de la mode. Les couturières travaillent, "quand c'est le coup de feu", c'est-à-dire peu de temps avant les défilés, jusqu'à des heures indues, la nuit ; elles ne partent parfois de l'atelier que vers une heure du matin. Le corps de certaines est en surpoids assez conséquent, les femmes étant trop longtemps repliées derrière les machines. Elles ont la passion de leur métier et c'est ce qui les fait tenir. J'ai fait de la couture durant deux ans à trois ans après l'obtention d'un CAP tardif de couture, un an après mon arrivée à Béthune (j'ai alors confectionné quelques  chemises et  pantalons, chez moi. Magique ! mais le tout revenait plus cher et avec des tissus moins bons), j'ai pu comprendre cette passion. Quand le travail manuel fait travailler la cervelle, comme c'est le cas dans la couture si l'on confectionne soi-même entièrement un vêtement, ce travail est effectivement passionnant. J'avais eu l'occasion de constater lors d'un passage, durant quinze jours lors du stage AFPA,  dans un atelier qui avait été de haute couture, (aujourd'hui délocalisé) que les couturières de métier ne conçoivent pas de jalousie à l'encontre des mannequins ; tant la passion de leur métier les tient, elles admirent leur travail sur le mannequin qui le  met en valeur complètement, reconnaissance des deux côtés. J'ai vu cela à l'accueil que les couturières ont réservé à une ancienne femme mannequin leur rendant visite, qui avait aussi pris part à l'entreprise,  c'était convaincant de sympathie réciproque. Mais les couturières béthunoises avaient des horaires normaux, l'atelier ne travaillant plus pour des couturiers "de haute couture" depuis un certain temps. Le documentaire montrait une  kiné  passant d'une couturière à l'autre pour effectuer sur elles  durant quelques minutes un massage des épaules et de la nuque. Et puis la course contre la montre reprenait. J'ai regardé les robes et cela m'a fait penser au conte de Cendrillon où le prince n'aimera que la personne qui pourra entrer dans le soulier, (que dis-je ? dont le pied pourra entrer dans le soulier, à moins que d'exiger une métamorphose en souris)  sauf qu'ici c'est la robe en plus du pied. Les princesses sont-elles aussi  exigeantes que les princes question minceur ?  Des pays où les gens ont faim, on pourrait ramener par milliers de ces mannequins, princes et princesses,  qui en Occident ne se trouvent pas aussi facilement, quoique, dans la rue par grand froid il y en ait quelques-uns de très minces, qu'on nomme SDF. Et si l'on se souciait de rassasier  le monde, non pas engraisser,  mais rassasier, en oubliant un peu Cendrillon et son comparse, ce ne serait pas mieux ?

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