samedi 2 avril 2016

La question du "Qui es-tu ?"


La question du "qui es-tu ?" Les gens y répondent par leur nom, leur  nom d'appartenance à un pays, et leur métier s'ils en ont un.  Je prends un exemple :

 — Qui es-tu ?

— Je m'appelle Gustave Flaubert, je suis boulanger. 

— Es-tu français ?

— Oui 

Voilà par exemple comment on se définit en général, quoique maintenant, avec la régionalisation très prononcée, on peut aussi entendre le nom d'une région comme faisant office quasiment de pays : "Je suis des Hauts de France". Cela semble important pour les gens. Pour se sentir bien dit-on il faut avoir des racines, et l'on s'enracine par son habitat, le nom porté et le métier exercé.

Celui qui vient au monde sans nom, sans pays, et qui plus tard n'aura peut-être pas de formation aboutissant à un métier deviendra-t-il obligatoirement fou ?

Même s'il est certain que, "mal né", la route est plus difficile.

La chose du dénuement identitaire peut arriver à un amnésique... le but de l'identité à retrouver coûte que coûte est celui au final, d'avoir des ailes ou de se sentir bien.  N'est-ce pas ?

Toutefois, l'amnésique ne retrouvant pas la mémoire et n'ayant pas de proches,  comment peut-on faire pour qu'il parvienne à cet état recherché, celui qui compte vraiment : se sentir être. Exister.

Pour exister pleinement ne faut-il pas être bien dans sa peau ? peut-on exister pleinement dans l'affliction ?

Par ailleurs, ceux qui tuent, ces temps-ci, avant d'avoir d'éventuels problèmes d'identité n'ont-ils pas, au-delà de cela, et malgré la connaissance de leur identité,  des problèmes pour être, se sentir être ? Des problèmes d'acceptation d'une histoire peut-être, plus que celui d'asseoir une identité, qui est connue et même qu'ils choisissent d'une certaine façon.

 — Comment te sens-tu ? 

N'est-ce pas là la question primordiale, passant avant les précisions un peu futiles, au regard de la question d'être,  d'appartenance à tel corps de métier ou autre appartenance, d'acquisition de tel ou tel statut ou encore religieux.

Se soucier de savoir avant tout comment les gens se sentent, s'ils se sentent tout simplement bien dans leur peau, avant de leur faire décliner une identité sociale, cela ne leur enverrait-il pas ce coup de chaleur humaine dont ils ont  besoin, comme tout un chacun ?

Cette question "Comment te sens-tu ?" est bien plus altruiste que la froide question "Qui es-tu ?", non ?

À moins que d'y répondre comme dans la chanson que chante Françoise Hardy :

— Je suis moi, j'entends, je sens et je vois. J'ai le ciel au bout des doigts etc.

Mais une personne en Amérique qui fut une intellectuelle reconnue et dont le nom m'échappe en ce moment, eut à faire observer qu'elle était elle, sans voir et sans entendre.... ce qui est fort de café. La question d'être est complexe. Celle des déclinaisons d'identité, à savoir si on ne se prendrait pas pour quelqu'un d'autre est moins intéressante à mes yeux et surtout, plus froide.
 

 

Aucun commentaire: