J'étais très rassurée en lisant le scientifique Bachelard, parce qu'il pouvait se plonger dans le domaine de la littérature avec délice, et avoir des lectures "créatrices" dans le sens où il fait émerger des sens auxquels on n'aurait pas forcément pensé, du moins à la première lecture. Et puis voilà qu'en suivant attentivement le discours de Klein, je suis de nouveau sur mes gardes à l'égard de la science : pas à cause de Klein, mais du fait que l'orateur, ne quittant pas le domaine de la science, à un moment donné, je n'ai pas pu suivre, un moment qui ne fut pas long, mais un moment qui avait son importance avant que ça ne devienne à nouveau abordable pour mon intellect.
Au niveau des équations etc. J'ai la très nette impression que même sans paresse intellectuelle de ma part, je décrocherais pour la simple raison non pas que je suis cruche, mais que mon esprit n'est pas prêt à se saisir des données en question, ou mes neurones. Neurones pas assez nombreux, ou chimie du cerveau altérée, ou je ne sais quoi d'autre qui empêche à certains humains d'appréhender les sciences dures.
Pour autant, lorsque Einstein par exemple est devenu vieillard, avait-il encore la force de s'occuper de hard équations ?
Autre question : où mènent leurs détenteurs ces intelligences qui découlent de cerveaux au plein de leur forme ?
Ces hommes et femmes aux super capacités intellectuelles, n'ont-ils pas la tentation de considérer les autres comme des "pas grand-chose", et par là, de dériver vers la déshumanisation ? À leur insu, ou pas.
Si cela peut les conduire à un certain narcissisme (car il y a de quoi s'épater soi-même d'être en mesure d'intégrer des notions abstraites pour tous les autres), la question n'est pas : peuvent-ils se permettre ce narcissisme en quelque sorte parce qu'il y aurait de quoi l'être, mais où mène le narcissisme.
Si la science, beaucoup s'en détourneraient aujourd'hui parmi les jeunes, c'est parce que ses retombées dans le quotidien sont ressenties depuis quelque années comme non plus dispensatrices de mieux être, mais au contraire, dispensatrices d'un malaise. On redoute de ne plus faire que la subir si les technologies continuent de s'emballer au train où elles vont. On redoute aussi je pense la déshumanisation de scientifiques narcissiques.
D'autre part, j'ai relevé dans le discours de Klein, un léger déni quant à la science qui a remplacé les religions. Je pense qu'elles sont revenues au devant de la scène, justement parce que le monde tel qu'il tourne, asséché par les technologies invasives, font retourner les gens soit, par exemple vers le spirituel de musiques inspirées par la religion, comme celle de Bach, parfois celle de Mozart, et autres musiciens, notamment du Moyen-Age, soit vers la religion tout court, comme pour trouver un refuge. Les fameux refuges où se blottir dont parle Bachelard, mais là, ce ne sont plus des maisons, des nids ou des coins... ce sont d'autres univers où s'envelopper.
J'ai une pensée pour l'amoureux de la science qu'était Bachelard, mais qui trouvait refuge souvent dans un tout autre domaine : la poésie, disant qu'il avait en lui deux registres.
Par exemple, la science "dure", ne fait-elle qu'utiliser des animaux pour ses expériences ou peut-elle faire preuve d'humanité, tout narcissisme vaincu, envers les animaux ?
Sinon, cet forme d'esprit super éveillé grâce à l'assimilation de phénomènes dans le domaine de la physique, dont parle Klein, vaudrait-elle la peine ?
dimanche 24 avril 2016
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