mercredi 27 avril 2016

Le futur existe-t-il déjà dans l'avenir ?


La réponse proposée du philosophe Étienne Klein est "Oui, mais seulement un peu."

Il reste alors une marge de manœuvre pour un projet de société. 

Quelle bonne idée de mettre ces cours en ligne (quand quelque chose vous échappe, vous pouvez reculer le curseur et ré-entendre : voilà du progrès positif !) Merci à vous monsieur Klein.

Ces cours sont très riches.

J'ai écouté et je ré-écouterai.

Je mets ici un extrait de Bachelard, à propos du vaste monde et des vastes pensées, pour illustrer le cours d'Étienne Klein qui aime Bachelard je pense, l'ayant plusieurs fois  cité. Étienne Klein aime aussi Baudelaire (longuement cité dans le cours, vers la fin) ; dans cet extrait Bachelard  parle de Baudelaire à travers le mot Vaste, employé le plus souvent de façon qu'on pourrait dire non objective.

L'extrait :

"Dans l'âme détendue qui médite et qui rêve, une immensité semble attendre les images de l'immensité. L'esprit voit et revoit les objets. L'âme dans un objet trouve le nid d'une immensité. Nous en aurons des preuves variées si nous suivons les rêveries qui s'ouvrent, dans l'âme de Baudelaire, sous le seul signe du mot vaste. Vaste est un des mots les plus Baudelairiens, le mot qui, pour le poète, marque le plus naturellement l'infinité de l'espace intime.

Sans doute, on trouverait des pages où le mot vaste n'a que sa pauvre signification de géométrie objective : "Autour d'une vaste table ovale..." est-il dit dans une description des Curiosités esthétiques (p. 390). Mais quand on se sera rendu hypersensible au mot, on verra qu'il est une adhésion à une heureuse ampleur. Au surplus, si l'on faisait une statistique des divers emplois du mot vaste chez Baudelaire, on serait frappé que l'emploi du mot dans sa signification objective positive est rare en comparaison des cas où le mot a des résonances intimes.


[...] Ce n'est pas trop dire que le mot vaste est, chez Baudelaire, un véritable argument métaphysique par lequel sont unis le vaste monde et les vastes pensées. Mais n'est-ce point du côté de l'espace intime que la grandeur est le plus active ? Cette grandeur ne vient pas du spectacle, mais de la profondeur insondable des vastes pensées. Dans les Journaux intimes (p.29), Baudelaire écrit en effet : " Dans certains états de l'âme presque surnaturels, la profondeur de la vie se révèle tout entière dans le spectacle, si ordinaire qu'il soit, qu'on a sous les yeux. Il en devient le symbole." C'est bien là un texte qui désigne la direction phénoménologique que nous nous efforçons de suivre. Le spectacle extérieur vient aider à déplier une grandeur intime."

Gaston Bachelard La poétique de l'espace p.174-175

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